Flashback à RDS la semaine dernière: notre station sportive nous a offert une entrevue avec Pierre Sévigny. Dans les années 90, Sévigny a fait une brève apparition chez le Canadien. Il a disputé une quarantaine de matchs en 1993-94.

Mais tous les journalistes affectés à la couverture du club s'en souviennent très bien. Il était un peu le Guy Émond des hockeyeurs, une machine à paroles qui s'exprimait par moments dans une langue que lui seul comprenait. Un très agréable monsieur aussi (en passant, Guy Émond a subi un quintuple pontage coronarien et il devra changer ses habitudes de vie), autour duquel il faisait bon se regrouper pendant les longues attentes dans les aéroports et les lobbys d'hôtel.

Une nuit, alors que le Canadien revenait d'un match à New York après un long séjour à l'étranger, le douanier canadien lui a demandé s'il avait quelque chose à déclarer. «Deux passes», a répondu Sévigny. Même le douanier était tombé sous le charme de ce joyeux drille.

Originaire de Trois-Rivières, il avait connu une glorieuse carrière chez les juniors. Championnat du monde, équipes d'étoiles, on disait à l'époque qu'il était le deuxième plus bel espoir de sa génération après Eric Lindros. Le Canadien l'a repêché en troisième ronde, 51e au total en 1989.

Mais, comme il arrive souvent, surtout chez le Canadien, Sévigny n'a jamais pu grimper la marche qui sépare la LNH du reste du hockey. Sa carrière professionnelle fut une déception. Après Montréal, il a joué brièvement avec les Rangers, puis en Allemagne (j'aurais payé pour le voir discuter avec les Allemands), dans une ligue séniore provinciale... Il a été entraîneur au niveau midget AAA.

Pendant l'entrevue à RDS, on lui a demandé s'il préférait le métier de restaurateur à celui de hockeyeur. Il a répondu qu'on ne se levait pas à la même heure. (Sévigny est propriétaire du Tim Hortons de la rue Bouvier, à Québec.)

Tout ça pour vous dire que je verrais très bien Pierre Sévigny sur les ondes de RDS plus souvent. Ça nous changerait des clichés et des lieux communs.

Qui aurait cru que Pat Burns serait un très divertissant analyste quand la SRC l'a embauché? Pourtant, il l'a été.

Mauvais karma

Ils étaient beaux, les hommes en costume qui se chamaillaient devant les caméras de télévision lundi. On aurait dit le parlement japonais ou ukrainien.

Entre Jean Pascal et Bernard Hopkins, nous n'en sommes plus à des pitreries pour vendre plus de billets. Il y a un air malsain qui entoure les deux hommes.

Nous en étions en fait à la suite de ce qui s'était passé à Québec lors du match nul. Hopkins terrorisait Pascal chaque fois que les deux se croisaient dans des rencontres de promotion. Dans le clan de GYM, on s'inquiétait et on poussait Pascal à se montrer brave et sûr de lui. Même provocant, ce qui avait causé une bousculade semblable à celle de lundi dernier. Dans l'arène, Pascal était toujours intimidé et confus, au point où il a failli perdre devant ses partisans contre un homme de 45 ans. Certains vous diront qu'il a perdu ce soir-là.

Et voilà que ça recommence. Pascal provoque et cherche à montrer qu'il n'a pas peur. Les Anglos ont une belle expression: Whistling in the dark. On siffle dans la noirceur pour se convaincre qu'on n'a pas peur. Or, Pascal était toujours nerveux en présence de Hopkins. On a bien vu, lundi, lequel des deux hommes était bien dans sa peau et dans sa tête et lequel ne l'était pas.

Pour Pascal, le jeu n'a pas fonctionné à Québec et pas plus à Montréal. Le champion a perdu toute dignité, il a fait un fou de lui et Hopkins devait rire en rentrant à son hôtel. Il avait remporté le premier round.

Le groupe GYM a beau parler de «guerre psychologique» et «d'entrer dans la tête de Hopkins», le résultat est contre-productif. Tous les muscles du monde n'y changeront rien. Le sport, ça se passe avant tout entre les deux oreilles et là, Hopkins domine largement.

Je vous recommande de ne pas parier sur Jean Pascal le 21 mai prochain.