Chaque fois que je vois un de ces matchs de hockey professionnel en plein air, je me rappelle le commentaire de Saku Koivu après la fameuse rencontre à Edmonton, qui avait permis au Canadien de vendre un millier de tuques José Théodore...

«C'était une belle expérience, avait dit le capitaine du Canadien, et j'espère qu'on ne la vivra qu'une fois.»

Si l'on tenait un vote secret auprès des joueurs du CH et des Flames, qui se sont entraînés dans des froids cruels au cours des derniers jours, je crois que le résultat irait dans le sens du verdict de Saku Koivu. Une fois suffit...

Mais ils ne le diront pas, ils répéteront ce que leur apprend leur directeur du marketing, que ça leur rappelle leur jeunesse heureuse sur le lac Ontario ou sur le rond que leur brave papa faisait geler chaque hiver dans la cour arrière, à l'aube et au risque de sa santé, et du chocolat chaud et de la bonne tarte aux pommes qui les attendaient à leur retour...

On dirait une mauvaise télésérie. Le monde du hockey, comme celui des téléromans, est avant tout celui des clichés.

Tandis que les Américains aiment les happenings et les grands événements, je soupçonne que les Canadiens qui se les gèlent pendant trois heures le font pour l'amour du hockey. Après, ils peuvent se vanter d'avoir été là, pour ce moment historique, même si, personnellement, je ne m'en vanterais pas.

Le moment historique, je laisserais plutôt ça aux très braves gens qui ont campé sur la place Tahrir, encaissé les coups de matraque et le gaz lacrymogène et provoqué le renversement d'une dictature.

Avoir vu le but gagnant de Benoît Pouliot n'est pas un exploit.

Lectures

Nous sommes quotidiennement submergés d'analyses sportives mais, si certaines sont tout à fait nulles et inutiles, d'autres sont tout à fait originales.

Une nouvelle publication traite des pressions psychologiques et sociales qui influencent athlètes, officiels, entraîneurs et partisans. Le livre est de Tobias J. Moskowitz, professeur de finance à l'Université de Chicago, et L. Jon Wertheim, du magazine Sports Illustrated (éditions Crown Archetype).

À titre d'exemple et à propos des officiels, les deux chercheurs nous disent que ceux du baseball sont plus susceptibles de commettre des erreurs lorsqu'ils sont sous pression parce que leur but est de passer inaperçus, bref, de ne pas attirer l'attention sur eux. Le collègue Max Harris, de la station Team 990, qui a fait une critique du livre, donne l'exemple de Jim Joyce, arbitre du premier but dont l'énorme gaffe a privé le lanceur Armando Galarraga, des Tigers de Detroit, d'un match parfait. Il s'agit là, en effet, du cauchemar de tout officiel.

Dans la même veine et avec statistiques à l'appui, les arbitres du marbre agrandissent involontairement leur zone de prises lorsque le frappeur a un compte de trois balles et aucune prise et la réduisent lors d'un compte de deux prises et aucune balle. Le but est de laisser le lanceur et le frappeur déterminer leur sort, d'éviter de choisir à leur place et de s'exposer à la critique.

Les auteurs comparent d'autre part un entraîneur de football, qui choisit toujours de botter dans une situation de quatrième essai et trois verges à franchir, à un courtier qui ne prend aucun risque avec ses placements. En cas d'échec, personne ne pourra lui reprocher de ne pas avoir pris la décision conventionnelle.

Et ainsi de suite.

Pour maniaques seulement.

Littérature

Vous devinez facilement qu'une chronique comme celle-ci attire toutes sortes de vendeurs, de gens qui fouetteraient leur mère pour voir leur produit mentionné gratuitement dans La Presse. On appelle ça des «plogues» et la rumeur veut que certains collègues demandent des faveurs en retour, comme un week-end de ski gratuit.

Gratte-moi le dos...

Je précise que ce ne sont que de méchantes rumeurs.

Alors, voici une telle plogue et sachez que je n'ai jamais fait de ski alpin de ma vie et que je n'ai pas l'intention de commencer.

Mais j'aime la littérature, surtout quand il y a du suspense, du mystère, des surprises et une rédemption à la fin...

Ce texte est de Morgan Robitaille, agent de publicité d'un centre de ski.

«Hier, le déluge tombait sur le Québec et les skieurs ne voyaient pas le jour où ils skieraient la poudreuse de nouveau (suspense...). La station touristique Massif du Sud, fidèle à sa réputation de paradis de la poudreuse, aura surpris les skieurs ce matin avec plus de 15 centimètres de nouvelle neige (surprise au paradis!).

«La station a donc pu offrir 100% de son domaine skiable dans des conditions impeccables qui ne laissaient percevoir aucune trace des soubresauts de Dame Nature (la magie et le mystère de Dame Nature...).

«Si je n'avais pas vu la pluie hier, je ne me serais jamais douté de ce qui était tombé tant les conditions et la poudreuse d'aujourd'hui étaient belles», a déclaré Junior Lemieux, planchiste (surprise et rédemption!).

Si vous n'avez pas de frissons, vous n'êtes pas normal.

Photo: AP

L'énorme gaffe de l'arbitre Jim Joyce, le 2 juin dernier, a privé le lanceur Armando Galarraga, des Tigers de Detroit, d'un rarissime exploit: un match parfait.