Les méthodes souvent chaotiques de GYM, le groupe de promotion d'Yvon Michel, viennent peut-être de lui coûter très cher. Mon collègue Richard Labbé rapportait hier qu'une mésentente entre Jean Pascal et son gérant Michel à propos de la bourse du champion a permis au promoteur américain Golden Boy de remporter l'enchère et de dicter les conditions entourant le combat revanche entre Pascal et Bernard Hopkins.

Mauvaise nouvelle pour le champion québécois qui avait conservé son titre à la suite d'un combat nul à Québec en décembre dernier. Deux juges avaient déclaré le combat nul alors que le troisième donnait la victoire... à Hopkins.

Un champion qui obtient une nulle chez lui, devant ses partisans, ses amis et sa famille, soulève toujours de sérieux doutes dans ce milieu particulier qu'est la boxe. Les promoteurs américains ont déjà précisé qu'ils embaucheraient des juges neutres, ce qui signifie aucun Canadien.

Mais bon. Acceptons le fait que Pascal soit toujours champion. Il faut maintenant qu'il reparte à zéro. Peut-être à Los Angeles ou à Las Vegas. Mais peut-être aussi à Montréal.

Peu importe. Dans la guerre qu'on appelle psychologique, Pascal est grand perdant. Il l'était déjà à Québec, ce jeune champion musclé devant un bonhomme de 45 ans.

J'étais dans la ville de Régis Labeaume pendant les jours qui ont précédé le combat. À chaque fois que les deux hommes se croisaient, Hopkins se faisait un plaisir malin à faire perdre les pédales à son adversaire. En volant sa ceinture et en la cachant derrière son dos, par exemple, alors que Pascal faisait un fou de lui à tenter de la récupérer.

Pendant que Hopkins souriait et souriait, Pascal devenait de plus en plus nerveux devant cette légende.

Dans un sport aussi intense que la boxe, ce n'est pas rien. Hopkins avait déjà remporté le premier round. Au point où le clan de Pascal poussait ce dernier à démontrer qu'il n'était pas intimidé, en confrontant Hopkins en pleine conférence de presse au point de provoquer des bousculades idiotes.

Ce n'était pas beau à voir.

Quant au combat lui-même, autant Jean Pascal est un puissant et rapide boxeur - on l'a vu pendant les cinq premiers rounds -, autant il manquait de confiance, d'expérience et d'intelligence dans l'arène - on l'a vu pendant les sept rounds suivants. Il était tombé dans le piège du vieux loup.

Hopkins aura beau avoir 46 ans, je ne parierais pas contre lui. Pascal aura beau être musclé au maximum, il demeure très fragile entre les oreilles.

His way...

Ils appellent ça la descente vers le ring. C'est lorsque le boxeur quitte son vestiaire et se rend vers l'arène à travers la foule. Lucian Bute le fait toujours au son de U2 et toujours de la même chanson, Where the Streets Have No Name. Ça ne rate jamais. La foule est déjà dans le coup.

Lors de cette soirée à Québec, Bernard Hopkins nous avait préparé quelque chose de très simple et de rigolo. Il avançait avec une cagoule qui lui cachait le visage, précédé d'un vieux crooner à la Sinatra qui chantait My Way. Sauf qu'il avait changé les paroles. Je me souviens de And here we go/A TKO/He does it his way-ay-ay...

J'avais moins rigolé après le match alors que Hopkins et son clan avaient failli en venir aux coups avec la parenté et les amis de Pascal lors de la conférence de presse. Le public avait été invité... Mauvaise idée.

Pas fous, les rares agents de sécurité du vieux Colisée avaient préféré regarder ailleurs.

Les Américains qui organiseront le prochain combat ne sont pas des cadeaux. Arrogants au possible. Hautains, chiants.

Mais on peut s'attendre à une soirée beaucoup moins chaotique.

Louis, Louis...

Louis Leblanc, premier choix du Canadien et grand espoir tricolore, connaît un creux de vague avec le Junior de Montréal. Normal, il revient de bien performer au Championnat du monde et doit s'adapter à une nouvelle ligue et à un nouveau style de jeu, celui, bien spécial, de la LHJMQ.

Cela n'empêche pas certains de nos collègues de faire des gros titres et des gorges chaudes à la radio. Le p'tit gars n'a pas marqué à ses huit derniers matchs! Est-ce qu'il est aussi bon qu'on le dit? Va-t-il nous décevoir lui aussi?

Ainsi de suite.

J'ai toujours envie de leur dire de lacer les patins eux-mêmes pour qu'on rigole un peu. Tout est facile derrière un ordinateur ou un micro.

J'entendais un collègue nous expliquer que le CH ne gagnait plus parce qu'il n'avait pas assez de Québécois et que ces derniers ne voulaient pas jouer à Montréal parce qu'ils n'y étaient pas bien traités.

Foutaise, Michel.

On peut reprocher beaucoup de choses à l'organisation du Canadien, mais ses joueurs, TOUS, sont traités comme des princes. Toute la LNH les envie.

Les joueurs québécois hésitent à venir à Montréal à cause des médias exaltés qui les suivent 24 heures sur 24, sept jours sur sept, et qui se tournent contre eux au moindre creux de vague.

Il y a une nuance et elle est grande.