Notre petite équipe est au sixième rang aujourd'hui, elle sera peut-être au huitième rang la semaine prochaine et c'est ainsi depuis 1993, année de la dernière grande envolée.

Est-ce que tout ça est sur le point de changer? Allons-nous redevenir glorieux un jour?

Mettons notre chapeau d'analyste et essayons de prévoir ce que l'avenir nous réserve.

Pas celui d'expert, parce que les experts ont souvent mauvaise réputation. En météorologie et en économie, par exemple. Ils ne voient rien venir. En géopolitique? Tous les experts avouent ne pas avoir prévu la chute de Ben Ali et les problèmes d'Hosni Moubarak. Ni savoir ce qui va se produire maintenant. Vous êtes experts en quoi, alors?

Revenons au merveilleux monde du sport où les experts qui ne voient rien ne risquent pas de causer mort d'homme.

L'avenir du Canadien repose sur les jeunes épaules de quelques joueurs. Carey Price et P.K. Subban sûrement. Max Pacioretty laisse voir de très belles capacités d'ailier de puissance.

Et puis après?

J'ai un faible pour Lars Eller, qui montre de belles choses de temps en temps, mais je suis un peu déçu par Yannick Weber. On va attendre un peu dans son cas, le métier de défenseur étant plus difficile à apprendre. Mais il est loin, très loin derrière P.K. Subban.

On ne parle pas ici du fameux alliage de vétérans aguerris et de jeunes loups. Les jeunes sont en inquiétante minorité.

Andrei Kostitsyn, qui n'est déjà plus jeune, semble un cas désespéré. Tout dans les bras et les jambes, rien entre les oreilles.

Il faut ensuite regarder ceux qui vont progresser et je n'en vois pas beaucoup. Le meilleur, Tomas Plekanec, est au sommet de sa forme. Même lui ne deviendra pas meilleur. Mike Cammalleri, Brian Gionta, Scott Gomez et Hal Gill sont déjà sur la pente descendante. Andrei Markov et Josh Gorges, lorsqu'ils vont revenir, ne seront pas meilleurs qu'ils étaient.

Roman Hamrlik et Jaroslav Spacek, des presque vieillards, sont héroïques dans leurs derniers coups de patin. Ils nous évitent un désastre. On leur doit des remerciements.

James Wisniewski est plutôt bon, mais il ne progressera pas lui non plus. On ne peut pas dire que Benoît Pouliot, s'il a un lancer de plomb, a des couilles en acier.

Mathieu Darche mérite des éloges pour son courage, son leadership et ses habitudes de travail, mais ce n'est pas lui qui va nous mener à la Coupe Stanley. Ni David Desharnais, qui donne tout ce qu'il a, mais ne tiendra pas le coup très longtemps dans une rude série éliminatoire.

Et puis il y a les Jeff Halpern, Tom Pyatt, Travis Moen... interchangeables et facilement remplaçables.

Qui donc va nous amener vers les sommets?

Il faut espérer qu'il y a des trésors cachés à Hamilton, mais je ne compterais pas là-dessus. Il faut aussi espérer que Louis Leblanc soit une sorte de Guy Lafleur, ce qu'il n'est pas.

Nous pourrions aussi obtenir un premier choix au repêchage qui changerait tout, un super et gros joueur de centre, un défenseur à la Raymond Bourque, mais nous savons très bien que cela non plus ne se produira pas.

Ramener Serge Savard comme directeur général? Il a toujours bâti des équipes compétitives et nous a offert nos deux dernières conquêtes de la Coupe Stanley. Mais oublions ça aussi, il est passé à autre chose.

Le grand tableau est donc un peu décourageant. Comme si, depuis 10 ans, personne n'avait planifié quoi que ce soit.

Reste Pierre Gauthier, le dernier espoir. Je le trouve, hélas, très peu dynamique. Et un peu trop content de lui-même. Il y a pourtant beaucoup, beaucoup de travail à faire.

Espérons que lui et les autres dirigeants du CH ne se contentent pas de remplir les coffres, la seule chose qu'ils font très bien, avec la complicité d'un public qui a perdu tout sens critique et qui se gave de bonne bière jaune dans des verres en plastique en agitant leurs bébelles achetées à la boutique de souvenirs.

Olé, olé, olé, olé...

Oui, c'est ça. Olé olé.

Brodeur... et Forsberg

Parlant de joueurs usagés, il était triste de voir Martin Brodeur boiter jusqu'au vestiaire des Devils du New Jersey, dimanche.

Pour avoir vu toute sa carrière - certains de mes collègues étaient à la petite école quand Brodeur a mis les patins sur une patinoire de la LNH la première fois -, je suis triste pour lui parce qu'il est toujours, dans sa tête, l'adolescent qui ne ratait jamais une partie de hockey-balle dans la rue. Le genre que ses parents devaient ramener à la maison de force.

Mais à 39 ans, le corps n'est plus celui d'un adolescent, aussi athlétique et puissant soit-il, n'est-ce pas?

Brodeur parle de jouer encore l'an prochain et il dira probablement la même chose l'an prochain encore. J'admire la passion qu'il a pour son métier.

Enfin, il n'y aura pas de joueur plus usagé que Peter Forsberg quand il reprendra du collier au Colorado.

Si j'étais un jeune joueur de la LNH, je ne serais pas fier. Si lui peut encore mériter un poste...

Olé olé (bis)

Je ne sais pas si vous avez vu à la télé les reportages sur «le plus gros party à Montréal», celui des Carabins qui présentaient le Super Bowl au CEPSUM.

Oh la la...

Debout sur les tables, torse nu, nombril à l'air pour les nombreuses filles, 2000 personnes grises dont plusieurs n'ont sans doute pas vu grand-chose du match.

Bon, on était un peu comme ça à 20 ans nous aussi, non?

Et puis la plus belle tradition québécoise se poursuit: il n'y a eu aucun incident regrettable, ce qui nous rend uniques en Amérique du Nord et ailleurs dans le monde.

Enfin, si ça peut rassurer le petit archevêque en vous, sachez qu'au Texas, le week-end dernier, un groupe de pasteurs américains a contacté des joueurs pour les convaincre de se joindre à une campagne visant à enrayer l'enfer de la pornographie.

On dirait que ça n'a pas été un grand succès. À peu près personne n'en a parlé.

Ils devraient tenter leur chance avec les Bleus de l'équipe de France, avec Ribéry et Benzema qui, je vous le jure, ne savaient pas que la prostituée-cadeau d'anniversaire était mineure.

La France entière se taperait sur les cuisses.