C'est devenu une sorte de rituel printanier. Comme un changement de la garde.

Le Canadien est enseveli ou sur le point de l'être et l'Impact fait son apparition. Et quelle journée pour un match d'ouverture!

Il y avait d'ailleurs de la grande visite, Michael Camalleri dans la loge des Saputo, l'ex-premier ministre Bernard Landry et madame, un de mes préférés de tout l'univers sportif, Alexandre Despatie, le bon vieux Frederico Corneli, d'autres célébrités accompagnées, que je ne nommerai pas, au cas...

Après de longues présentations et cérémonies d'ouverture, les joueurs de l'Impact sont finalement sortis du tunnel, précédés d'une énorme affiche de Tim Hortons, et on s'est dit que le sport, c'était comme ça de nos jours. Le commanditaire d'abord.

Nevio-o-o-o...

Nous n'avons pas assisté à un grand match hier, l'Impact étant reconnu pour ses lents débuts de calendrier. Au cours des deux dernières saisons, l'entraîneur-chef y a passé...

Mené 1-0 à la 81e minute, notre club a eu droit à un penalty. L'entraîneur Marc Dos Santos y est allé d'un choix étonnant. Nevio Pizzolito, défenseur reconnu plutôt pour sa solidité devant son propre but et nouveau capitaine de l'Impact, n'a pas raté son coup. Même qu'il semblait très calme quand il s'est approché lentement du ballon.

La section des Ultras a explosé...

Les Ultras, fan club non officiel de l'Impact, occupent les places derrière le but adverse en première demie. Ils sont assez près pour parler au gardien de but, qui en a plein les oreilles.

Personnellement, j'aurais choisi un autre nom. Pour ceux de ma génération, «Ultra» a une petite connotation «milices néonazis» ou même «escadrons de la mort», mais Daniel Nahmias-Léonard, 26 ans et un des leaders du groupe, ne comprend évidemment pas de quoi je parle. Un petit choc générationnel...

Ajoutons que dans certains stades européens, des groupes de supporteurs extrêmes se comportent de manière pas toujours édifiante. Ceux du Lazio de Rome, par exemple, ont l'habitude de lancer des bananes aux joueurs africains.

«Nous sommes apolitiques, nous sommes à l'image du Montréal multiculturel et nous évitons tout débordement...»

Tout ça est vrai, bien sûr. Les Ultras sont bruyants et agités, mais très gentils. Parlons plutôt du Village de la testostérone...

Mouvement continuel...

Environ 200 garçons dans la vingtaine, quelques filles du même âge, et leur mission est de ne jamais arrêter de chanter, danser et faire du bruit. Jamais. Ils demandent parfois tous ensemble qu'on congédie le D.J. et qu'on les écoute.

«Nous n'avons pas toujours eu de bonnes relations avec la direction du club, a expliqué Nahmias-Léonard. Nous faisions peur aux gens qui venaient en famille. Alors, le club nous a placés dans cette section juste pour nous, il a enlevé les bancs, parce que nous restons toujours debout, comme les joueurs, et maintenant nous nous entendons bien avec l'Impact qui nous rend des services.»

Est-ce qu'il faut être membre? Payer une cotisation?

«Rien de ça. Il faut se présenter au match et manifester pendant 90 minutes. Notre devise est: "Aime ta ville, soutiens ton équipe". Vous pouvez regarder la Coupe du monde et le football européen, mais un vrai Ultra appuie d'abord son équipe locale.»

C'est d'ailleurs écrit sur certains de leurs t-shirts. Les Ultras vendent des t-shirts, des cotons ouatés, des écharpes, des collants pour sac à dos...

«Nous nous autofinançons. Les profits servent à payer les instruments de musique - surtout des tambours - et les drapeaux et les bannières que nous faisons nous-mêmes.»

Alors, on sautille sur place, on chante sans arrêt et, après un certain temps, on y prend goût. À la demie, les Ultras s'assoient, s'étendent et reprennent leur souffle. Ils iront jusqu'à l'épuisement s'il le faut.

«Nous sommes environ 200, mais en 2012, dans la MLS, nous pourrions être 2000...»

Daniel y croit. Une cinquantaine d'autres Ultras et lui projettent un voyage à Toronto pour appuyer l'Impact.

Finalement, un Ultra est un peu comme un bon Serge: un bon Ultra évite tout débordement et respecte les autres spectateurs.

Photo: Robert Skinner, La Presse

Bruyants, agités, mais toujours gentils, les Ultras encouragent l'Impact, agitent des drapeaux et restent debout pendant tout le match.