Il faisait 101 degrés hier en fin d'après-midi dans le parking du Forum à Tampa. C'est trop chaud pour convertir en Celsius.

Dix minutes plus tôt, Martin St-Louis réglait sa note d'hôtel. Il était quatre heures et quart: «Je demeure à une quarantaine de minutes de l'aréna. Je suis venu me reposer à l'hôtel au lieu de retourner à la maison», a-t-il expliqué en ramassant son sac.

Les employés de la réception étaient figés par la timidité. Quand St-Louis a quitté les lieux, ils n'ont pu s'empêcher de glisser un commentaire: «Comment il fait, il a tellement l'air fragile?»

Comment il fait? Martin St-Louis s'est fait casser deux dents lors du premier match. Il a passé une partie de la nuit à subir des traitements de canal, le lendemain, il s'entraînait normalement avec l'équipe et il était le leader inspiré dans la victoire du Lightning le lendemain.

«Comment ça se passe à Montréal?

- Ça joue serré, c'est pas toujours spectaculaire.

- Ça joue serré aussi à Tampa. Toutes les équipes ont le livre de jeux ouvert à la même page. Si on veut gagner, il faut le faire», a lancé St-Louis en quittant l'hôtel.

Dimanche, St-Louis s'est entraîné avec l'équipe. Puis, à la fin de l'exercice, il est resté de longues minutes avec deux de ses enfants pour leur montrer comment on joue au hockey.

Martin St-Louis n'est pas le capitaine du Lightning... mais c'est lui le leader. Tous les joueurs des Penguins le disent.

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Samedi en fin d'après-midi, c'était au tour de Guy et de Marsha Boucher de se rendre à un tournoi de hockey auquel participaient les enfants de la famille. Comme quoi, on peut être dans les séries éliminatoires pour la Coupe Stanley et garder un peu de temps pour les vraies affaires.

«Il faut être capable de s'aérer l'esprit», notait Boucher en revenant à la maison samedi soir. «Nous avons fait progresser l'organisation, mais les séries, c'est une autre histoire», de dire Boucher.

Il faisait allusion à la fiche du Lightning cette saison. Son équipe a égalé la marque pour le nombre de victoires en une saison et pour le nombre de victoires à domicile: «Nous sommes à trois points de la marque de tous les temps du Lightning, l'année de la Coupe. Mais on a rempli une autre clause non écrite dans nos contrats. On a ramené le monde dans les estrades», a ajouté Boucher.

Julien Brisebois, l'ancien adjoint de Bob Gainey et directeur général à Hamilton, soulignait le point avant le match: «Tous les billets sont vendus pour le match. C'est encourageant.»

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On peut mesurer la formidable résilience du Canadien quand on parle des conséquences des blessures avec les autres dirigeants dans la Ligue nationale. Ainsi, Guy Boucher a été privé de Ryan Malone et de Steve Downie à un moment donné et l'équipe a vite connu une période plus difficile: «Malone et Downie font partie de notre top 6 à l'attaque. C'est difficile de compenser pareilles absences», a noté Julien Brisebois hier soir.

À Montréal, le Canadien a été privé d'Andrei Markov, son meilleur joueur de défense, pendant presque toute la saison, de Josh Gorges et de Jaroslav Spacek, sans parler de Max Pacioretty et pourtant, à part un passage à vide de trois blanchissages, le club ne s'est jamais affaissé.

Ça veut dire que Jacques Martin a érigé un système étanche avec des éléments interchangeables. Et que ce système fonctionne quand les joueurs acceptent de se sacrifier totalement pour le bien de l'équipe.

Peut-être que Martin n'est pas capable d'avoir une équipe qui «joue» au hockey, mais il est certainement capable de montrer comment empêcher une autre équipe de jouer. Ça s'appelle le rope a dope. Le Canadien y excelle.

À quelques jours de l'émeute...

Les deux victoires du Canadien à Boston ont rendu possible et probable une nouvelle émeute au centre-ville. Il fut un temps où on célébrait une victoire du Canadien dans la joie. Puis, en 1986 et 1993, on a fêté en démolissant une partie du centre-ville.

Puis, les choses se sont améliorées et c'est après une victoire en finale de division qu'on a détruit les boutiques de la Catherine et quelques chars de police.

Depuis quelques années, c'est après une première série victorieuse que les voyous se déchaînent. La dernière fois, le chef de police de Montréal avait vanté ses hommes de n'avoir rien tenté pour calmer les bandits et les têtes folles.

On va voir ce que le nouveau va en dire...

Photo: AP

Martin St-Louis n'est pas le capitaine du Lightning... mais c'est lui le leader.