«Qu'ils lui donnent de la glace, ils ne pourront jamais le retourner dans les mineures!» Michel Boivin, vice-président des Saguenéens de Chicoutimi, le disait et le clamait il y a déjà quelques semaines en parlant de David Desharnais.

Hier, il était fier de son jeune protégé. «C'est moi qui l'ai accueilli dans notre kiosque au repêchage de la LHMJQ à Val-d'Or. Déjà, il y avait des pessimistes qui disaient qu'il était trop petit pour le junior majeur. Ben, à sa première année avec les Sags, il a été choisi le joueur de l'année. Sa vision du jeu est extraordinaire. C'est pas compliqué, David a trouvé le moyen de faire scorer 70 buts à Maxime Boisclair», de dire M. Boivin.

Aujourd'hui, Boisclair joue avec les Icerays de Corpus Christi, de la Ligue centrale. Et il va peut-être compter 70 buts dans le reste de sa carrière.

Et si Jacques Martin peut compter sur David Desharnais, il peut dire un gros merci à Guy Carbonneau. Carbo était et est toujours président des Saguenéens et c'est alors qu'il était adjoint avec le Canadien qu'il a convaincu la direction d'inviter Desharnais au camp d'entraînement des recrues de l'organisation.

«Quand on a vu Desharnais brûler la East Coast League à 20 ans et tenir tête aux durs à cuire qui font la loi dans ces ligues mineures, on a tous su chez les Saguenéens qu'il serait correct et que sa petite taille ne l'empêcherait pas de briller. Il l'a fait par la suite dans la Ligue américaine et en termes de taille et de poids, c'est aussi difficile dans la Ligue américaine que dans la Ligue nationale. Donnez-lui de la glace et il va vite comprendre comment jouer et faire marcher ses coéquipiers. Il est doué, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise?» a ajouté Boivin.

Et quel genre de garçon était-il à Chicoutimi?

«Un petit gars un peu gêné. Gentil et il ne nous a jamais causé de problème par son comportement, au contraire.»

Ça change de certains jeunes de l'Organisation...

John Wayne et les dinosaures

La journée même où les dirigeants de la Ligue nationale ont accepté le principe de la fusillade, le clan des dinosaures a commencé à patauger pour détruire cette lumineuse initiative.

Ça n'a jamais cessé. «Le hockey est fait pour être joué à cinq contre cinq», ne cessent de dire les dinosaures. En excluant les gardiens, parce que pour les dinosaures, les gardiens sont des lunatiques qui ne font pas partie de l'équipe.

Ils sont prêts à vivre avec du hockey à quatre contre quatre pendant cinq minutes en autant qu'on bannisse le principe pour les matchs des séries éliminatoires. Les dinosaures aiment mieux voir les gens s'endormir dans les gradins à deux heures du matin pendant que les joueurs, épuisés, jouent comme des somnambules devant eux.

J'espère que les dinosaures du hockey sont une espèce en voie de disparition comme leurs modèles de la préhistoire. Parce que le spectacle auquel ont eu droit mardi soir des centaines de milliers d'amateurs, au Centre Bell, dans les salons et dans les Cages aux sports du Québec, était fabuleux.

La quintessence même du duel sportif. Quand les joueurs n'ont pu faire un maître dans une pratique collective du hockey, alors comme dans les grands westerns de John Wayne, il faut terminer la bataille par un duel. Les meilleurs scoreurs contre un gardien affûté et confiant.

Souvent, ça se termine en une seule vague de trois tireurs. Mais parfois, comme ce fut le cas contre les Sabres de Buffalo, ça peut s'éterniser. Comme un bonbon à la menthe qui fond lentement dans la bouche.

Vingt joueurs se sont trouvés face à un gardien. Dans les gradins, les gens étaient debout et à la télé, les téléspectateurs pariaient dans leur salon sur le résultat de chaque tir. Même dans un affrontement de ce genre, la personnalité des hommes ressort. Vous avez vu foncer P.K. Subban avec cette confiance et cette intrépidité qui sont siennes? Et vous avez vu Carey Price corriger une petite lacune que les marqueurs des Sabres avaient repérée du côté de son bloqueur? C'était magnifique et j'espère que les enfants des dinosaures ont savouré le spectacle et qu'ils en ont parlé à leurs parents.

Par ailleurs, le travail n'est pas fini. Je pense que la Ligue nationale ferait un immense progrès si on permettait la fusillade après une quatrième période de jeu pendant les séries éliminatoires.

Il n'y a pas de plus grand spectacle sportif au monde que la Coupe du monde de football. Et un sport plus collectif que le soccer. Et pourtant, certains grands championnats se sont décidés par des tirs de barrage. Et ceux qui ont pleuré l'ont fait parce qu'ils avaient de la peine... ou qu'ils étaient trop heureux. Pas parce que c'était injuste de perdre ainsi.

Les fans peuvent jouer un rôle dans la sauvegarde de la fusillade. Ça ne coûte pas cher d'envoyer un courriel à Gary Bettman ou à la Ligue nationale de hockey. Deux lignes... juste pour dire à quel point on passe de beaux moments pendant ces confrontations.

Sinon, dites-le à notre homme de hockey, François Gagnon. Il fera le message à Gary.