Bertrand Raymond aura été un adversaire pendant 35 ans. Un solide et passionné compétiteur. Pendant toutes ces années, il a couvert le Canadien, il a été directeur des sports et il est devenu un chroniqueur crédible et très lu. Un passionné qui s'est dévoué corps et âme pour son journal.

Bertrand Raymond n'écrira plus dans le Journal de Montréal puisqu'il écrira la dernière chronique de sa carrière demain sur le site RueFrontenac.

 

Dans cet article, Bertrand va annoncer qu'il prend sa retraite. Membre du Temple de la renommée du hockey, mon confrère aura aimé passionnément le métier. Et il aura eu le coeur brisé en se retrouvant dans la rue parce que le Journal qu'il a tant contribué à faire progresser l'a mis en lock-out.

On aura vécu bien des aventures ensemble. Se bagarrant dans la journée pour dénicher la meilleure histoire ou la meilleure chronique et soupant ensemble de temps en temps quand les papiers étaient rendus à nos pupitres respectifs. Nous n'avons fait un pacte de non agression qu'en une seule occasion. Aux Jeux olympiques d'Albertville, où on se réservait les matinées pour le ski. Mais on travaillait jusqu'à 2 heures du matin chaque jour.

Hier, je lui ai demandé quelle avait été sa plus grande sensation au cours de cette longue carrière: «La journée de la grève de Guy Lafleur à Toronto. Guy Lafleur était le plus grand joueur de la Ligue nationale. J'étais tout seul sur l'histoire le matin. Je me souviens du voyage à Toronto. Pendant la journée, Lafleur était resté dans sa chambre. Les joueurs avaient passé le message qu'ils ne joueraient pas le soir si Guy Lafleur n'était pas dans le vestiaire avec eux. Dans ce temps-là, les gars se tenaient. Irving Grundman était venu de Montréal pour négocier d'urgence un contrat. Ça avait été incroyable», de raconter Bertrand.

Bertrand Raymond était le plus lu au Journal de Montréal. Il aura terminé sa carrière en gagneur puisque, selon les dirigeants de RueFrontenac, c'est sa chronique qui est la plus populaire.

«Mais j'ai plein de projets sur la table. La vie ne s'arrête pas», m'a-t-il dit l'autre jour.

Bon golf, bonnes pantoufles. Et une rue Bertrand-Raymond à Chicoutimi.

On va enfin pouvoir respirer. Après 35 ans.