Il y a loin de la coupe aux lèvres, les fans du Canadien le savent trop bien. C'est pourquoi il faut être prudent quand on rêve à un retour des Nordiques dans la Ligue nationale. Il y a encore de nombreux obstacles à surmonter. Et ils sont de taille.

Mais au moins, cette fois, il y a une volonté. Et surtout, pour la première fois depuis les anciens maires Jean Pelletier et Gilles Lamontagne, la Capitale peut compter sur un maire qui croit au sport comme facteur de croissance.

Depuis plusieurs mois, le maire Régis Labeaume a fait tous les gestes qu'il fallait, et surtout, de la bonne façon.

Sa visite à Gary Bettman a été fructueuse. Et sous plusieurs rapports. Tout d'abord, elle avait été soigneusement planifiée et préparée. C'est lors de la semaine de vacances de Bill Daly, le vice-président de la Ligue nationale, passée dans les résidences et les chalets de Marcel Aubut, en août dernier, que la démarche a été entreprise.

Puis, dans la semaine qui a précédé la visite à Bettman, Labeaume a soigneusement répété son scénario. «D'entrée, M. Labeaume a rassuré monsieur le commissaire, soulignant qu'il était personnellement un fan de hockey. Qu'il aimait la game et qu'il y croyait», m'a expliqué Marcel Aubut au lendemain de la visite.

Puis, Labeaume a abordé les trois points qu'il avaient préparés. D'abord, il fallait rassurer Bettman et la Ligue nationale en soulignant qu'on était conscients des étapes à franchir avant même de faire une demande à la ligue. M. Labeaume l'a fait en disant à Bettman qu'il était capable de «livrer un building» pour accueillir une équipe de la LNH. Et pour compléter le travail, il a ajouté: «De plus, monsieur le commissaire, nous voulons progresser avec vous, nous voulons y arriver avec vous et avec votre aide.» Le message était limpide. Québec et les futurs acheteurs d'une concession n'ont pas l'intention de s'y prendre comme Jim Balsillie et se braquer contre Bettman et les autres propriétaires.

On est encore loin d'un match entre le Canadien et les Nordiques (ou le National!). Mais beaucoup de choses ont changé au cours des 15 dernières années. Quand Marcel Aubut et les autres propriétaires des Nordiques ont dû vendre l'équipe pour la déménager à Denver, le dollar canadien se traînait autour de 75 cents. Il allait plonger jusqu'à 66 cents pour un dollar américain. De plus, l'économie américaine se préparait à une poussée alimentée par une bulle créée par les financiers de New York. Sky was the limit.

Et surtout, le maire de Québec, M. Jean-Paul L'Allier, refusait d'envisager toute aide pour au moins tenter de sauver les Nordiques. Et le premier ministre Jacques Parizeau n'était pas intéressé non plus. Compte tenu de l'état de l'économie canadienne à l'époque, ces décisions étaient sans doute justifiées.

Des marchés intéressants

Mais les choses ont changé. Le grand rêve américain tourne au cauchemar. Des États complets sont sur le bord de la faillite. Je parle de la Californie et de la Floride. Si vous pensez que la récession fait mal au Québec, vous n'avez aucune idée de la désolation et de la détresse dans lesquelles baignent de trop nombreux Américains.

L'économie globale est beaucoup plus vigoureuse au Canada qu'aux États-Unis. De plus, à cause de la demande internationale pour le pétrole et les métaux, le dollar canadien devrait se maintenir entre 90 cents et même1,05 $ au cours de la prochaine décennie.

Des marchés comme Québec, Winnipeg ou Hamilton deviennent des marchés intéressants pour la Ligue nationale. Grâce aux droits de télévision, grâce à une économie en reprise, grâce à un plafond salarial qui permet aux équipes de rester compétitives même en limitant leurs dépenses au plancher imposé par la ligue et l'Association des joueurs, une équipe dans la LNH redevient un rêve réalisable.

Bien sûr, personne ne peut garantir que la situation économique du pays et de la province va se maintenir au beau fixe pendant un siècle. Quand j'écoute certains commentateurs qui veulent «la preuve» qu'une équipe dans la LNH serait rentable à coup sûr, je me dis que Pierre Péladeau n'aurait jamais lancé son journal et que CKAC serait fermée depuis trois ans.

De toute façon, si jamais le dollar replongeait, il serait toujours temps de revendre l'équipe une autre fois en empochant un généreux profit. Mais 20 ans de Nordiques, c'est mieux que 20 ans sans Nordiques du tout.

Il y a déjà quelques certitudes. Québec, nouvelle capitale vibrante, a besoin d'un édifice moderne. Encore là, les circonstances économiques se prêtent à une construction.

Et deuxième certitude, avec une équipe dans la capitale, jamais le Canadien ne pourra se permettre encore 15 ans de cette tranquille médiocrité...

Tout le monde y gagnerait.

DANS LE CALEPIN - Je trouve que Georges Laraque y est allé bien vite dans ses excuses aux mouvements féministes. Si les féministes étaient sérieuses, elles exigeraient que cesse la discrimination imposée à des milliers de femmes qui vivent voilées et privées de plusieurs droits fondamentaux. Et avant de s'attaquer à Laraque, pourquoi n'ont-elles pas dénoncé les abominables publicités de marques de bière qui se servent du gros cul pas subtil pour essayer de vendre de la bière à des «Serge». Vous trouvez que les pitounes de Bud ou de Coors sont plus raffinées que celles de Georges? Vraiment?