Normand Legault mangeait son poulet au St-Hubert, près de son bureau, quand une caméra de Radio-Canada est arrivée. Un client qui avait vu l'ancien promoteur du Grand Prix du Canada a vite prévenu le journaliste.

C'est évident que Normand Legault ne peut rien dire et il n'a rien dit. Sauf que tout le monde espérait sauver le Grand Prix mais qu'il était bien tard.En fait, Legault est à Montréal depuis jeudi dernier et il vaque à ses occupations. Mais il se retrouve dans une situation pour le moins inconfortable. Tant que les dés ne seront pas tombés sur la table dans un sens ou dans l'autre, il doit éviter à tout prix d'échapper un mot de trop. En fait, un seul mot serait de trop.

Peut-être que Raymond Bachand et Michael Fortier vont réussir le presque impossible et sauver le Grand Prix ? Peut-être qu'ils vont échouer, ce qui semble maintenant probable. Mais Normand Legault ne peut parler publiquement tant qu'on n'aura pas une réponse définitive de Bernie Ecclestone.

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Chose certaine, Normand Legault ne sera pas le promoteur que cherchent les deux ordres de gouvernement pour gérer une OSBL. Normand Legault a compris depuis longtemps qu'un Grand Prix OSBL ne peut pas être intéressant pour un homme d'affaires de son envergure. Il deviendrait un salarié avec tous les paliers de gouvernement se fourrant le nez dans ses livres et ses petites culottes.

Le festival Juste pour rire et le Festival de jazz peuvent se permettre d'être des OSLB. Le festival Juste pour rire est un organisme à but non lucratif. On parle alors de l'événement qui dure deux semaines. Mais Gilbert Rozon a créé diverses compagnies de production et de distribution qui produisent des émissions de télévision à partir des spectacles du festival et les distribuent sur toute la planète. On ne peut faire la même chose avec le Grand Prix du Canada puisque tous les produits dérivés et les droits de télévision appartiennent à Bernie Ecclestone.

Une OSLB pourrait toujours fonctionner à condition que le promoteur accepte d'être un salarié à la botte des gouvernements et de Bernie Ecclestone. Qui voudra prendre ce risque ?

En tous les cas, ce ne sera pas Normand Legault.

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Il reste des chances de sauver le Grand Prix de Montréal. Il est maintenant évident que B'wana Be'nie a joué ses cartes trop vite en retirant Montréal du calendrier des courses. Be'nie était convaincu que Guy Laliberté prendrait la relève juste pour s'amuser. Puis, il s'est dit que ses nouveaux amis arabes, des milliardaires, se paieraient un jouet en venant organiser le Grand Prix du Canada. Après tout, il y a de belles rousses à Montréal.

Ça ne s'est pas passé comme prévu. Surtout que les promoteurs du Grand Prix de France ont déposé leur bilan cinq jours après le retrait de Montréal du calendrier de la FIA. C'est beau l'Asie et les émirats arabes mais les constructeurs et les commanditaires de la Formule 1 veulent montrer leurs produits dans de grands pays industrialisés comme le Canada, la France et les États-Unis.

C'est tellement vrai que présentement, on assiste à un autre bras de fer entre les constructeurs et Formula One Management (FOM), la compagnie de Bernie Ecclestone, pour le contrôle de la F1 dans le monde. Et à 78 ans, rien ne garantit que B'wana va tenir le coup encore longtemps.

On va savoir bientôt. Moins de 15 jours. Si un promoteur est intéressé et s'il a les reins assez solides pour affronter Ecclestone et deux gouvernements, alors, il peut appeler le 514 285-7070, on va transmettre les informations à qui de droit.

Lewis Hamilton, un petit champion

Lewis Hamilton est champion du monde de la Formule 1. Dans des circonstances dramatiques, on en conviendra. Le pauvre Felipe Massa se sera cru champion pendant quelques trop brèves secondes. Massa aura tout fait ce qu'il pouvait faire en allant gagner son Grand Prix national, à Interlagos, au Brésil. Mais en terminant cinquième, Hamilton lui a ravi le titre.

Hamilton n'a pas été un grand champion. Il a commis de nombreuses erreurs pendant la saison. Il n'a pas terminé dans les points à quatre reprises cette année et les quatre fois, il fut le seul responsable de ses malheurs. Et en fin de semaine, à Interlagos, il a suffoqué sous la pression.

Ce fut une saison passionnante mais on réalise à quel point l'impact de Jacques Villeneuve était fort sur l'intérêt des Québécois pour la Formule 1. Depuis le départ de Villeneuve, les cotes d'écoute ont baissé de façon draconienne à RDS. Même si le spectacle est de loin supérieur à ce qu'il était ces dernières années.

Un grand coup de Louise Lantagne

Je suis rassuré. Louise Lantagne, la patronne des émissions à Radio-Canada, est allée chercher un grand monsieur comme directeur des sports. François Messier, celui qui a bâti la grille de RDS dans les grandes années de développement du Réseau des Sports, reprend du service dans le domaine qu'il aime le plus. Ça veut donc dire que l'orientation donnée par Mario Clément en faveur des sports à la SRC, a été conservée... du moins en partie.

Tant mieux, le sport bien fait est partie importante de la culture d'un peuple. Mme Lantagne avait raison de sourire hier soir.