C'était la dernière chance. La dernière chambre d'hôtel. Trop tard pour filer jusqu'à Saint-Félicien, mais trop tard aussi pour dénicher un coin pour dormir.

Le Manoir Roberval, complet. Le Motel Roberval, complet. Les autres hôtels, complets. Le Castille avait une chambre qui donnait sur le lac, mais je ne me fiais pas trop à la connexion Internet. Restait le Château Roberval, où on attendait le Canadien et Benoît Brunet vers 1h30 ce matin.

C'était complet depuis une éternité because le Canadien. La Traversée, c'est gros, mais le Canadien, c'est énorme. On dirait que toute la ville est bleue blanche et rouge.

Partout, les bars et les restos invitent les gens à venir suivre le match sur «écran géant». À la radio, les danseuses d'un club local invitaient les fans à venir suivre le match à la télé en compagnie des filles. Je trouve ça un peu insultant pour Rita la sinueuse et pour Magalie la pas fine. Aimer mieux le hockey que la danse

Bah! Roberval est devenue Hockeyville et les gens tripent à fond.

Il se faisait tard, mais je connais les gens d'ici. J'y ai passé un an à «étudier» la philosophie. Je ne suis pas devenu philosophe, mais j'ai appris d'autres réalités fort agréables de la vie.

J'ai surtout appris qu'on avait le sens de l'hospitalité. Finalement, Martine, la responsable de l'hébergement au Château, m'a sauvé la vie: «J'ai une petite cachette que je pourrais vous refiler», m'a-t-elle dit trois secondes avant que Pierre Boivin, madame Boivin, Ray Lalonde et Donald Beauchamp n'arrivent à la réception. Ouf!

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C'est vraiment la grosse affaire. En fin de semaine, Guy Lafleur et Réjean Houle sont venus rencontrer les amateurs. Plus de 5000 personnes ont attendu sous un bon vent du lac pour obtenir un autographe ou discuter quelques secondes avec leurs idoles. Lafleur et Houle ont fait toute la une du Quotidien, qui a consacré deux pages aux évènements.

Les gens se sont également fait photographier avec la Coupe Stanley et les chandails des Nordiques avoisinaient dans la bonne humeur ceux du Canadien. Les temps ont changé.

Hier soir, Ray Lalonde, le vice-président marketing du Canadien, était fatigué mais satisfait de ses dernières semaines. Le match entre les Sabres de Buffalo et les Glorieux est sous la responsabilité de la Ligue nationale. Mais Lalonde est bien conscient que c'est une chance en or de faire connaître son produit à toute une région du Québec. Et il en profite.

«On est choyés que l'évènement ait lieu au Québec, surtout l'année du centenaire. C'est bien que nos jeunes joueurs qui viennent de pays étrangers réalisent ce que le Canadien représente pour la population. D'ailleurs, on les rencontre, on leur explique. On veut qu'ils soient bien conscients de ce qu'est l'histoire de l'équipe», de dire Lalonde.

Par exemple, les joueurs ont accepté la fastidieuse tâche de figurer dans le long métrage tourné présentement dans le cadre du centenaire. Il s'agit d'une fiction, mais on a demandé aux joueurs de collaborer. Dieu sait que c'est long et que ça demande de la patience. Avec les quelques milliers de figurants, on va en recréer 21 000 grâce à la magie des ordinateurs et pour les plans rapprochés, on a placé les figurants aux bons endroits.

«L'an dernier, Guy Carbonneau m'a demandé de rencontrer nos joueurs. Ils sont beaucoup sollicités par l'organisation et par différents organismes. On veut qu'ils soient bien informés de l'importance de leur participation à ces évènements. Il y a des villes aux États-Unis où le joueur est pratiquement en vacances entre les matchs et les entraînements, mais à Montréal, c'est plus complexe comme situation. Quand on les met au courant des vraies affaires, ils sont généreux de leur temps et de leur personne», de dire Lalonde.

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On va avoir une belle occasion de les voir à l'oeuvre aujourd'hui. D'abord pour le patinage du matin, alors que 1500 amateurs pourront les voir de près. Et on ne parle pas de la soirée!

En fait, les gens de Roberval peuvent difficilement imaginer la chance inouïe qu'ils ont. Ils seront 1200 dans l'aréna. C'est à peu près le nombre de billets «prestige» au Centre Bell. Ce qu'on appelle les doubles lettres. Les rangées AA, BB etc. Sauf qu'à Roberval, tout le monde aura droit à des billets prestige. Tout le monde sentira la sueur des joueurs et les entendront se parler sur la patinoire. S'ils s'engueulent et se crient des insanités, pas de problème, personne ou à peu près ne parle anglais à Roberval.

Ça va être génial. J'ai hâte.

Dans le calepin - Parmi la grande visite attendue aujourd'hui à Roberval, capitale internationale de la nage longue-distance, rien de moins de Gary Bettman et George Gillett. Oncle George a téléphoné, hier, pour s'informer de l'atmosphère au Lac. Il était tellement enthousiasmé qu'il a décidé de se pointer cet après-midi vers 16h avec son jet privé.