Rick Morrissey est chroniqueur sportif au Chicago Tribune; basket surtout.

Je l'ai lu une fois, la fois où les Bulls ont repêché Joakim Noah.

J'ayis Joakim Noah. Le sport c'est fait pour ça, aussi. J'ayis Patrick Roy depuis toujours. J'ayis le joueur de soccer portugais Cristiano Ronaldo. Mon top trois chez les Français: Marie-José Perec (athlétisme), Richard Virenque (vélo), et Yannick Noah, le père de Joakim. Yannick jouait au tennis; une fois il a gagné les Internationaux de France, et il n'en est jamais revenu. Chanteur populaire, coach et surtout gourou. C'est par l'ésotérisme, la granolerie intempestive, et la pensée positive que me viennent la plupart de mes vraies irritations.

Joakim donc, fils de Yannick. Ça partait mal. Un immense jeune homme de presque sept pieds (6'11), j'ai suivi sa carrière de centre chez les Gators de l'Université de la Floride. C'est du basket, l'ai-je dit? Très démonstratif sur le terrain, dominant par la taille, il a joué un rôle certain dans les conquêtes des deux «March Madness» des Gators, mais je le trouvais lent et maladroit et je prédisais qu'il allait se planter dans la NBA.

C'était aussi l'avis de Rick Morrissey du Chicago Tribune quand les Bulls ont fait de Joakim Noah leur premier choix au repêchage (neuvième au total) en 2007. J'étais allé lire sur le Net ce qu'en pensait la presse de Chicago; c'est comme ça que j'étais tombé sur l'article de Morrissey: il est mou, il est lent, il n'a pas de shot, il ne sait pas jouer au basket.

Je ne peux pas me tromper là-dessus, ajoutait Morrissey; mais si jamais je me trompe, si dans trois ans ce gars-là est devenu un joueur de basket, je m'engage à manger cette chronique avec de la salsa dessus.

Joakim Noah est devenu un très bon joueur de basket! Il s'est révélé dans la série contre les Celtics au printemps dernier; il poursuit sur sa lancée depuis le début de la présente saison, gagne ses duels contre les meilleurs, y compris contre LeBron James; superbe au rebond, marque des points, les Bulls en sont tout ravigotés et... Rick Morrissey a mangé sa chronique.

Le lundi 9 novembre, au lendemain d'un match au cours duquel Noah avait saisi 21 rebonds, le chroniqueur s'est rendu au Berto Center, où s'entraînent les Bulls, s'est assis sur le banc à côté du Franco-Américain, et il a mangé sa chronique avec de la salsa. On peut voir la chose sur le Net à Chicagotribune.com/noah.

Vient-on de lancer une mode?

Veux-tu que j'te passe la salsa, Réjean?

Puisque on est dans le basket, quand même un mot de la saison qui vient de s'amorcer. Les Lakers de Kobe voguent déjà au sommet; dans l'Est, les Bulls sont rafraîchissants mais quand même loin de Cleveland, et surtout d'Orlando et du meilleur joueur de la ligue, Dwight Howard. Mes Spurs (San Antonio) sont en chute libre; Toronto, même avec Turkoglu, ne sera pas encore dans les séries cette année, et Allen Iverson vient de quitter les Grizzlies (Memphis)... Pour prendre sa retraite? Ce serait une bonne idée. Joueur préféré du ghetto, idole des polyvalentes (même ici), il n'aura manqué à Iverson qu'un peu de discipline pour devenir un très grand joueur, à la Jordan, à la Bryant.

LA COUPE - Succint courriel de mon ami King ce matin: ça ne sent pas la Coupe c't'année, mon Pietro...

J'aime de Ronald ce que j'aimais aussi de feu notre ami commun, Bob Duguay: ce pied léger qui glisse sur la chose sportive sans appuyer.

La Coupe peut-être pas, Ronald. Mais si tu me permets, cette équipe-là a tout de même deux bons gardiens et un bon coach et dans ce sport-là, c'est parfois assez pour faire un bout de chemin.

Dans ce sport-là? Je n'insinue pas que le hockey est un sport de médiocres, mais quand même un sport où l'anti-jeu est abondamment pratiqué - voir les deux premières périodes contre les Canes mardi - et comme tu sais, pas besoin de grand talent pour empêcher de jouer. Si le Canadien était une équipe de basket, on pourrait déjà tirer un trait sur sa saison. Si c'était une équipe de football ou de soccer aussi.

Le hockey est différent, ne me demande pas pourquoi je dis ça, Ronald. C'est plus un sentiment qu'une opinion scientifique; peut-être bien même que c'est un préjugé. J'ai toujours pensé que la médiocrité au hockey n'était pas rédhibitoire, comme au basket ou au football. J'ai toujours pensé qu'au hockey, des joueurs moyens et disciplinés, bien dirigés, épaulés par un bon gardien, pouvaient se rendre plus loin qu'ils se rendraient dans n'importe quel autre sport.

Ça ne sent pas la Coupe, c'est vrai, mais ça ne sent pas non plus l'apocalypse. J'en vois quelques-uns qui, en avril, pourraient avoir à manger leurs chroniques de novembre.

ET LE GAGNANT EST... - À qui pensez-vous pour le titre de sportif mondial de l'année? Comme si vous aviez le choix! Même moi qui ayis les sprinters, je ne peux pas ne pas choisir Usain Bolt. Cet été, au championnat du monde à Berlin, Bolt a fait exploser les barrières du sprint encore plus qu'il ne l'avait fait l'année précédente à Pékin: 19,19 au 200; 9,58 au 100. Chaque fois que je regarde ces chiffres je crois halluciner; je revérifie, surtout pour le 200:19,19?

Après l'explosion du départ, le sprint c'est deux trucs antinomiques: la rage de brûler la piste (la tension) et la fluidité. Le seul qui intègre les deux pour atteindre une vitesse maximale, c'est le couguar. Mais Bolt n'est pas très loin d'y parvenir aussi.