Le Canadien ne s'est guère amélioré cet été et il ne faut pas s'en surprendre. La dernière saison à peine terminée, Marc Bergevin concluait déjà à l'impossibilité de réaliser une transaction significative, rappelant que la vraie vie n'avait rien à voir avec un échange sur PlayStation. Le ton était donné.

Bien sûr, d'autres directeurs généraux sont passés à l'action, mais peut-être profitaient-ils de plus de souplesse sous le plafond salarial. Au bout du compte, en plus d'inviter Tomas Fleischmann à Montréal, Bergevin s'est procuré deux billets de loterie. Sur le premier, on retrouvait le nom de Zack Kassian; sur le second, celui d'Alexander Semin.

Hélas, le DG du Canadien a perdu sa mise avec Kassian. L'organisation souhaitait que le jeune colosse saisisse cette chance de se distinguer, mais ce ne fut pas le cas. Sur le plan humain, il s'agit d'une triste histoire. Souhaitons que Kassian réussisse à mettre de l'ordre dans sa vie et relance un jour sa carrière. Compte tenu de son âge, il en a encore la possibilité.

Il reste donc Semin. Si les Hurricanes de la Caroline, une des pires équipes de la LNH, préfèrent lui verser 14 millions US au cours des six prochaines années afin de ne plus le revoir, il y a sûrement une raison. Son attitude et son pitoyable rendement ont choqué ses anciens patrons.

Semin peut-il rebondir à Montréal? Chose certaine, à 31 ans, il a déjà atteint un âge où il est difficile de remettre la machine en marche après qu'elle est restée coincée une saison entière au bouton «Pause». Le fait que le Canadien mise beaucoup sur lui - on lui offre même Alex Galchenyuk comme joueur de centre - en dit long sur les ennuis offensifs de l'équipe.

Cela dit, la présence de Galchenyuk au centre est une excellente nouvelle. Espérons que le Canadien lui accorde une véritable chance de se développer à cette position, même si, à l'occasion, il commet des erreurs «sans la rondelle» ou ne se montre pas assez «responsable défensivement». Après tout, Rome ne s'est pas construite en un jour et il faut lui laisser le temps d'apprendre.

La grosse question est de savoir si le Canadien se montrera patient à l'endroit de Galchenyuk. Entre les assurances données lors du tournoi de golf de l'équipe et l'obligation de résultats en saison, l'écart est immense.

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Malgré ces inquiétudes, le Canadien demeure un très bon club, qui compte parmi les plus fiables de l'Association de l'Est.

L'équipe aligne deux joueurs exceptionnels, Carey Price et P.K. Subban. Le premier répétera-t-il ses tours de magie de la dernière saison? C'est beaucoup demander! Mais il permettra encore au Canadien de connaître beaucoup de succès. Quant au deuxième, son dynamisme et son talent donnent une formidable impulsion à l'équipe.

Il faudra aussi surveiller comment Max Pacioretty composera avec ses responsabilités de capitaine. Le fait qu'un joueur porte le «C» est bienvenu. Encore plus dans la mesure où le numéro 67 a été sélectionné par ses coéquipiers. Cela lui vaut une légitimité à toute épreuve. Et officialise la prise en charge du vestiaire par une nouvelle génération de leaders.

Derrière le banc, Michel Therrien semble en plein contrôle. Malgré une sortie trop rapide des dernières séries éliminatoires, son équipe est habituellement bien préparée.

J'ai toujours pensé que les extraordinaires performances de Carey Price reléguaient un peu dans l'ombre l'excellent travail de l'entraîneur du CH. Et je n'ai toujours pas compris pourquoi le nom de Mike Babcock a fait rêver tant d'amateurs au printemps dernier. Depuis que Therrien a repris la barre de l'équipe, ses succès sont convaincants.

Bergevin et Therrien ont aussi pris une bonne décision en confiant à Jean-Jacques Daigneault la mission de relancer l'attaque massive. La mentalité créative de l'ancien défenseur ne fait aucun doute.

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Alors, quelle a été la meilleure nouvelle chez le Canadien cet été? Sans aucun doute la décision de Jeff Petry de demeurer à Montréal sans même tester sa valeur sur le marché des joueurs autonomes. Sa décision consolide la défense de l'équipe et, fait révélateur, illustre combien les joueurs se plaisent à Montréal. Cela signifie que l'ambiance est bonne dans le vestiaire, un élément essentiel au succès.

Dans plusieurs autres villes, Petry aurait profité d'un hiver plus doux et payé moins d'impôts. Mais il a été sensible au message de Price et Subban, qui espéraient son retour. Bergevin avait fait de ce dossier une priorité et il peut dire mission accomplie.

Petry, rappelons-le, a été acquis à la date limite des transactions en mars dernier. C'était la deuxième année consécutive que le DG du Canadien réussissait un gros coup à cette occasion. En 2014, il avait obtenu Thomas Vanek.

J'ai comme l'impression que Bergevin devra accomplir le même miracle le 29 février prochain. Car l'addition de Semin, Fleischmann et Paul Byron n'est certes pas suffisante pour permettre au Canadien de franchir le deuxième tour des séries éliminatoires. Il faudra du renfort.

Dans ce contexte, des changements sont à prévoir en cours de saison. Ainsi, en 2014-2015, plusieurs joueurs se sont joints à l'équipe après l'ouverture du calendrier: Petry, bien sûr, mais aussi Torrey Mitchell, Brian Flynn, Devante Smith-Pelly, Sergei Gonchar, Jacob De La Rose...

Ça commence donc ce soir à Toronto. Si le Canadien évite les blessures à des joueurs-clés, il accomplira son premier objectif: accéder dans la sérénité au tournoi de la Coupe Stanley.