Marc Bergevin n'a pas à dévoiler ses secrets pour faire du Canadien un prétendant crédible à la Coupe Stanley. Mais ses propos de vendredi, qui avaient tout d'un appel à la patience, suscitent des interrogations.

«Notre défensive et notre gardien du but sont notre force, a-t-il dit. On veut encore s'améliorer et, lentement mais sûrement, aller dans la bonne direction. Je pense que c'est ce que nous avons réussi depuis deux ans.»

À première vue, cette constance est louable. Bergevin est demeuré fidèle à sa philosophie depuis son entrée en poste. Mais il ne faudrait pas qu'il en devienne prisonnier. S'il est normal que le Canadien conserve son ADN, l'équipe aurait avantage à être mieux équilibrée.

Les ennuis offensifs du Canadien sont réels. S'ils ne sont pas résolus - du moins en partie -, son parcours le printemps prochain ne se prolongera pas au-delà de celui de cette année. Il s'agirait d'une occasion ratée puisque Carey Price, Max Pacioretty et P.K. Subban, les trois vedettes du club, sont dans la période la plus fructueuse de leur carrière.

«Suis-je prêt à tout virer à l'envers parce que le Lightning, une très bonne équipe, nous a battus? Pas du tout, a-t-il lancé. Si tu ne peux pas défendre, tu n'as aucune chance de gagner.»

Entre «tout virer à l'envers» et procéder à des ajustements significatifs, il y a cependant un espace dans lequel Bergevin peut travailler. Car le petit nombre de buts marqués par le CH contre Tampa Bay n'est pas un accident de parcours, mais plutôt l'aboutissement d'une tendance lourde.

Tenter une transaction significative pour corriger cette lacune ne semble cependant pas intéresser le DG. Dans son esprit, enlever un morceau pour en obtenir un autre n'est pas une façon d'avancer, mais simplement d'aller de côté.

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Bergevin est le principal responsable de la relance du Canadien après la mauvaise saison de 2011-2012. Sa lucidité et son réalisme font partie de ses atouts.

Cela dit, sa lecture de la série contre le Lightning ne me convainc pas. Le DG estime que son équipe a dans l'ensemble «très bien performé», sauf lors de la dernière rencontre. Évoquant les «12 ou 13 tirs sur les poteaux», il ajoute que si ses joueurs avaient inscrit le premier but à Tampa Bay mardi dernier, son parcours en séries éliminatoires aurait pu être différent.

Cette analyse passe sous silence l'effondrement survenu dans le deuxième affrontement, après le but égalisateur du Lightning en fin de première période. Le CH devait pourtant remporter ce duel, afin d'éviter de se présenter à Tampa en déficit de deux matchs à zéro.

Cette analyse passe sous silence l'effondrement survenu dans le deuxième affrontement, après le but égalisateur du Lightning en fin de première période. Le CH devait pourtant remporter ce duel, afin d'éviter de se présenter à Tampa en déficit de deux matchs à zéro.

Et même si Bergevin reconnaît que l'attaque massive aurait dû être plus productive, il balaie trop vite l'incapacité presque chronique de l'équipe à marquer des buts. Cela a enlevé au Canadien toute sa marge de manoeuvre, en plus de mettre une immense pression sur Price.

Ce manque de punch a produit des effets dramatiques dans la sixième rencontre, alors que le Canadien jouait sa survie. Incapable d'ouvrir la marque, l'équipe a perdu tout son mordant après avoir encaissé le premier but de ses rivaux. Un affaissement psychologique comme celui-là devrait faire retentir une sonnette d'alarme.

Cela dit, le DG nous a montré dans le passé être capable de porter un gros coup. Souvenez-vous de l'acquisition-surprise de Thomas Vanek en mars 2014. Son arrivée avait revigoré l'attaque du Canadien, qui termina la saison en force avant de connaître d'excellentes séries éliminatoires.

Cette analyse passe sous silence l'effondrement survenu dans le deuxième affrontement, après le but égalisateur du Lightning en fin de première période. Le CH devait pourtant remporter ce duel, afin d'éviter de se présenter à Tampa en déficit de deux matchs à zéro.

Et même si Bergevin reconnaît que l'attaque massive aurait dû être plus productive, il balaie trop vite l'incapacité presque chronique de l'équipe à marquer des buts. Cela a enlevé au Canadien toute sa marge de manoeuvre, en plus de mettre une immense pression sur Price.

Ce manque de punch a produit des effets dramatiques dans la sixième rencontre, alors que le Canadien jouait sa survie. Incapable d'ouvrir la marque, l'équipe a perdu tout son mordant après avoir encaissé le premier but de ses rivaux. Un affaissement psychologique comme celui-là devrait faire retentir une sonnette d'alarme.

Cela dit, le DG nous a montré dans le passé être capable de porter un gros coup. Souvenez-vous de l'acquisition-surprise de Thomas Vanek en mars 2014. Son arrivée avait revigoré l'attaque du Canadien, qui termina la saison en force avant de connaître d'excellentes séries éliminatoires.

Bergevin se sent-il vraiment aussi à l'aise avec sa formation actuelle qu'il l'a laissé entendre vendredi? Est-il parfaitement en confiance d'amorcer le prochain calendrier avec les mêmes joueurs de centre?

Chose sûre, il ne souhaite sûrement pas répéter l'erreur de son prédécesseur en surévaluant son équipe. Rappelez-vous: au printemps 2011, le Canadien a été éliminé par les Bruins qui ont inscrit le but décisif en prolongation lors du septième match à Boston.

Six semaines plus tard, les Bruins ont remporté la Coupe Stanley. Pierre Gauthier en a conclu que son équipe était meilleure qu'en réalité, puisqu'elle avait perdu de justesse contre les éventuels champions. La saison suivante, le Canadien a été exclu des séries. La roue tourne vite dans la LNH, et les équipes qui ne s'ajustent pas régressent inévitablement.

Espérons que Bergevin portera bientôt un regard plus critique sur sa formation que celui livré pour consommation publique vendredi. Conclure une entente avec Jeff Petry est certes un objectif primordial, mais il en faudra davantage pour permettre au Canadien de gravir les échelons.

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Bergevin a vivement pris la défense de Michel Therrien, se disant peiné que l'entraîneur ne fasse toujours pas l'unanimité malgré sa fiche au cours des trois dernières saisons. Il a ainsi rétorqué à ceux qui rêvent de voir le CH embaucher Mike Babcock, un scénario farfelu.

Therrien a sûrement été heureux d'entendre son patron le vanter avec émotion. Cela dit, la meilleure façon d'aider son entraîneur serait de lui apporter du renfort. D'autant plus que la cote du meilleur espoir de l'organisation, Alex Galchenyuk, semble avoir baissé. La direction ne le considère plus comme un futur joueur de centre de premier plan.

Si le Canadien amorce la prochaine saison sans une attaque améliorée, des inquiétudes apparaîtront dans le vestiaire de l'équipe. Subban, par exemple, a dit durant la série contre le Lightning combien il était difficile de toujours vouloir gagner des matchs 1-0 ou 2-1. Il a expliqué combien cela plaçait le gardien et la défense dans une position délicate, où chaque erreur risquait d'être chèrement payée.

Subban est-il le seul à penser ainsi? Ce serait étonnant. Souhaitons que Bergevin fasse preuve d'audace, à tout le moins avant les prochaines séries éliminatoires. Car si la recette actuelle fonctionne bien en saison, elle vient de montrer ses limites au printemps.