Eugenie Bouchard ne connaît pas le début de saison espéré. Pour la troisième fois, elle a trébuché dès son premier match, mercredi, au tournoi de Charleston. Résultat, son parcours s'est de nouveau arrêté trop vite.

Ce revers n'affectera pas son classement mondial, puisqu'elle n'avait guère fait mieux dans les semaines qui ont suivi les Internationaux d'Australie, l'an dernier. Mais ce n'est pas une grande consolation.

En raison de ces éliminations rapides, Bouchard dispute très peu de matchs. Cela l'empêche de mettre en pratique, dans des affrontements significatifs, les ajustements à son jeu suggérés par son nouvel entraîneur Sam Sumyk. Quelques victoires favoriseraient aussi le développement de leur complicité. Dans tous les sports, les défaites inattendues deviennent frustrantes et, qu'on le veuille ou non, minent la confiance.

Voilà pourquoi Bouchard aurait avantage à participer à la Coupe Fed, la semaine prochaine, à Montréal. Le Canada recevra la Roumanie à l'aréna Maurice-Richard. La joueuse de 21 ans, comme c'est malheureusement devenu son habitude, attend la dernière minute pour confirmer ses intentions.

En février dernier, à la grande déception de Tennis Canada qui avait cru jusqu'au bout en sa présence, Bouchard a fait l'impasse sur la manche contre la République tchèque à Québec.

Sylvain Bruneau, l'entraîneur de l'équipe de la Coupe Fed, dit comprendre ses hésitations et rappelle ses états de service dans cette compétition. Il n'en reste pas moins qu'Eugenie Bouchard est la carte d'attraction du tennis québécois. Sa participation créerait un buzz autour de l'événement et mousserait la vente des billets, un objectif essentiel pour un organisme investissant ses revenus dans le développement de la relève. Pour l'essor de ce sport au pays, des matchs disputés devant des gradins remplis et dans une ambiance survoltée représentent un énorme atout.

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Bien sûr, Bouchard et les autres joueuses du circuit se préparent en vue du deuxième tournoi majeur de la saison, qui s'amorcera à Paris le mois prochain. Dans ces circonstances, disputer des matchs sur une autre surface que la terre battue n'est pas optimal.

En revanche, jouer devant un public acquis à sa cause, et potentiellement conduire ses coéquipières à la victoire, constituerait une occasion formidable de retrouver ses marques.

Bouchard devra en effet donner un coup de barre si elle veut défendre une bonne partie des points accumulés l'an dernier grâce à ses participations à la demi-finale de Roland-Garros et la finale de Wimbledon.

Maintenant l'une des meilleures au monde, elle ne profite plus de l'effet de surprise. Si on peut tirer une première conclusion de son hiver-printemps 2015, c'est justement celle-ci: ses adversaires soignent au maximum leur préparation lorsqu'elles l'affrontent.

Les moins bien classées flairent l'occasion de vaincre une membre du top 10, une réussite toujours appréciée. Quant aux autres championnes, elles savent que le duel sera difficile et ne ménagent pas leurs efforts.

Cette saison, Bouchard n'a pas remporté un seul affrontement contre l'une des 35 meilleures joueuses du monde. Et elle a perdu contre des adversaires beaucoup moins bien classées. Si l'Américaine Lauren Davis, qui l'a vaincue cette semaine, est une jeune sur la lancée, d'autres sont plutôt des joueuses dans la mi-vingtaine issues des qualifications (Lesia Tsurenko à Indian Wells et Tatjana Maria à Miami).

Faut-il s'étonner du ralentissement de Bouchard? Non. Pour de jeunes athlètes qui découvrent peu à peu la vie au sommet, la deuxième saison au sein de l'élite demande toujours un temps d'adaptation. C'est vrai dans tous les sports.

La transition entre le statut de joueuse prometteuse et celui de vedette reconnue aux quatre coins de la planète tennis est délicate et pleine de pièges. Il faut apprivoiser ce rôle unique, pour lequel il n'existe pas de véritable préparation. Au fil des mois, l'expérience et la maturité aident à franchir cette étape. Bouchard n'échappe pas à cette règle.

Cette saison, les espoirs placés en elle sont immenses. La WTA a fait de la Montréalaise une tête d'affiche du circuit, augmentant encore ses obligations. Ajoutons à cela l'arrivée d'un nouvel entraîneur, Sumyk, et d'une nouvelle agente, Jill Smoller, et on constate que beaucoup de fils doivent être attachés avant que l'«équipe Bouchard», dont fait aussi partie sa mère, ne trouve son synchronisme.

La bonne nouvelle, c'est que la saison est jeune et que trois tournois majeurs restent à disputer. Bref, Bouchard a du temps pour retrouver ses repères et poursuivre l'année en force.

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Eugenie Bouchard viendra-t-elle à Montréal? Une chose est sûre: pour être admissible aux Jeux olympiques de Rio en 2016, elle doit participer à au moins un affrontement de Coupe Fed avant ce grand rendez-vous.

En clair, même si le match contre la Roumanie n'aura pas lieu sur terre battue, Eugenie Bouchard a tout à gagner en jouant à Montréal la semaine prochaine.

Sa présence enverrait aussi un message sympathique à ses milliers de fans québécois, qui ne la verront pas à la Coupe Rogers cette année, puisque les femmes seront à Toronto et les hommes à Montréal. Inversement, son absence laisserait sûrement un petit goût amer.

En attendant sa décision, Tennis Canada se croise les doigts.

LCF: pourquoi pas un quatrième essai?

La Ligue canadienne de football (LCF) a modifié des règlements afin de favoriser l'attaque et de donner un peu de suspense au botté d'après touché, qui sera effectué 20 verges plus loin.

Un changement significatif est l'immunité accordée aux receveurs de passes lorsqu'ils auront dépassé de cinq verges la ligne de mêlée. Wally Buono, le DG des Lions de la Colombie-Britannique, est convaincu que cela augmentera le nombre de points et rendra les matchs plus excitants.

«Les défenses avaient trop d'avantages face aux quarts-arrières et aux receveurs», a-t-il déclaré, en substance, à La Presse Canadienne.

Ces nouvelles mesures visent à améliorer le show. Mais elles risquent d'être insuffisantes. Dans un football à trois essais, les équipes sont condamnées à multiplier les bottés de dégagement. Elles n'ont pas assez de chances d'organiser leurs attaques et la suite devient prévisible. Avec un deuxième essai et, par exemple, sept verges à franchir, la passe est presque toujours tentée.

Pour vraiment dynamiser son produit, la LCF devrait envisager l'ajout d'un quatrième essai, comme dans la NFL.