À la demie du match d'hier, Pete Carroll semblait un génie.

Après le match, il est devenu l'entraîneur le plus critiqué d'Amérique.

Oui, les choses changent vite dans le sport professionnel.

***

Vous avez sans doute été témoins de cet extraordinaire Super Bowl, aux mille rebondissements. En fin de première demie, après avoir été dominés durant presque 30 minutes, les Seahawks de Seattle ont créé l'égalité 14-14 sur un jeu d'une incroyable audace. Au lieu de se contenter d'un placement avec six secondes à écouler, ils ont tenté - et réussi - un touché. Sur les visages de Bill Belichick et Tom Brady, on lisait le désarroi: mais comment les Seahwaks avaient-ils fait?

Carroll a montré un cran incroyable en commandant ce jeu. En retraitant au vestiaire, les Patriots étaient touchés au moral.

Hélas pour les Seahawks, le culot de Carroll s'est retourné contre son équipe en fin de match. Il a pris une autre décision risquée qui, cette fois, s'est transformée en échec lamentable.

Plutôt que de remettre le ballon au redoutable demi offensif Marshawn Lynch pour tenter d'inscrire le touché de la victoire, les Seahwawks ont opté pour une passe. Les Patriots l'ont interceptée pour s'assurer de la victoire.

Ce choix de jeu presque incompréhensible fait désormais partie de l'histoire. Les Seahawks et leurs fans ne l'oublieront jamais. Come ceux des Bruins de Boston ont encore à la mémoire le but égalisateur de Guy Lafleur durant les séries de 1979.

Dans le sport, il y a de ces moments transcendants, qui marquent l'histoire d'une équipe. Pour les Seahawks, ce jeu en est malheureusement un.

***

Existe-t-il une organisation plus controversée que les Patriots de la Nouvelle-Angleterre dans la NFL? Des millions d'amateurs les adorent, des millions d'autres les détestent. Mais peu importe notre opinion sur eux, il faut reconnaître leur résilience.

Après les trois premiers quarts hier, les Seahawks menaient 24-14 et l'affaire semblait presque entendue. D'autant plus qu'ils avaient gagné les dix-huit derniers matchs où ils détenaient une avance de dix points avec 15 minutes à jouer.

Sur Twitter, le débat était lancé: qui serait choisi le joueur du match? Le quart-arrière Russel Wilson? Le jeune receveur Chris Mathews?

Pardon, Chris qui???

Chris Mathews, qui s'est fait connaître chez les professionnels avec les Blue Bombers de Winnipeg! Eh oui, mes amis, dans notre bonne vieille Ligue canadienne de football (LCF), qu'on prend souvent un malin plaisir à dénigrer.

Mathews n'avait jamais capté une passe dans la NFL avant le match d'hier. Son seul moment de gloire était survenu deux semaines plus tôt, en recouvrant le botté court permettant aux siens de rester en vie contre les Packers de Green Bay. Un jeu clé, qui faisait déjà sa saison. Mais voilà qu'il a réussi des coups d'éclat durant le Super Bowl, lui la recrue par excellence de la LCF en 2012.

L'histoire de Mathews me rappelle un peu celle d'Eddie Mazur, un jeune attaquant incapable de se tailler un poste avec le Canadien au début des années 1950. Mais le grand club l'a rappelé pour les éliminatoires trois années d'affilée. Résultat, avant même d'avoir disputé un seul match de calendrier régulier dans la LNH, Mazur avait remporté la Coupe Stanley et inscrit quatre buts en séries! Sa ville d'origine? Winnipeg!

Contrairement à Eddie Mazur, Chris Mathews devra attendre avant de célébrer son premier championnat. Dommage, car il a offert une grande performance.

***

Satanés Patriots! Ces gars-là n'abandonnent jamais. Et même si le destin semblait de leur côté hier, cette victoire consolidera la renommée de Bill Belichick.

Travailleur infatigable, minutieusement préparé, Belichick a encore une fois réussi un grand coup. Remporter un Super Bowl est un défi majeur. Mais c'est encore plus vrai lorsque son équipe se retrouve au coeur d'une controverse. L'histoire des ballons sous-gonflés a suivi les Patriots durant les deux semaines précédant le grand match. Mais Belichick a réussi à garder ses joueurs concentrés.

Tom Brady a lancé deux interceptions, ce qui ne l'a sûrement pas réjoui. Mais il a réussi les jeux importants aux moments opportuns. Il a dominé le quatrième quart. Lorsqu'il a mis la machine en marche, on a senti la puissante défensive des Seahawks sur les talons.

***

Avez-vous aimé le spectacle de Katy Perry à la mi-temps? Avouez que son entrée, perchée sur cet immense félin, était étonnante.

Moi, j'ai trouvé le show assez spectaculaire. Surtout lorsqu'elle a survolé le terrain, comme suspendue à une étoile filante.

À la maison, en revanche, le regard des ados était plus critique: «Je regrette l'époque de la bonne musique. On en est loin aujourd'hui». Plus tard, j'entends: «Des bands comme U2 et The Who n'avaient pas besoin d'artifices comme ceux-là. Leurs chansons faisaient la job».

Ok, ok, je me rallie...

Chose sûre, Katy Perry a profité d'une immense publicité. Selon Forbes, la vente d'albums de Bruno Mars et Beyoncé, qui étaient en vedette au cours des deux dernières années, ont respectivement augmenté de 92 et 59 p. cent dans la semaine suivant le Super Bowl.

L'impact financier sur la carrière des artistes choisis est immense. Au point où la NFL a jonglé avec l'idée d'exiger d'eux un dédommagement monétaire. Lorsque l'info a été ébruitée par le Wall Street Journal l'automne dernier, le ressac a été vif. Un autre faux pas dans cette année de misère.

Au bout du compte, Katy Perry n'a rien versé à la NFL, mais n'a pas obtenu de cachet. Et le circuit a assumé les coûts de production du spectacle.

***

Comment se concluera l'histoire des ballons? Ce dossier était sûrement loin des préoccupations de Bill Belichik et Tom Brady hier.

Les deux hommes voulaient remporter le Super Bowl, une autre médaille dans leur remarquable parcours. Ce fut serré, mais ils ont relevé le défi.