Le 1er avril 1919, une nouvelle provoqua la consternation: la finale de la Coupe Stanley entre le Canadien et les Metropolitans de Seattle était annulée en raison de la grippe espagnole, une épidémie ayant déjà causé la mort de millions de personnes aux quatre coins du monde.

Le Canadien, champion de la Ligue nationale, et les Metropolitans, champions de l'Association de la Côte du Pacifique, s'affrontaient dans une série trois de cinq, entièrement disputée à Seattle.

Chaque équipe avait remporté deux victoires lorsque la série prit fin. Mais la rencontre la plus mémorable avait sans doute été la quatrième, un verdict de 0-0 après 20 minutes de prolongation.

«Une partie sensationnelle du début à la fin», écrivit La Patrie. Ce match fut rejoué quatre jours plus tard. Le Canadien l'emporta 4-3, provoquant ainsi la tenue du duel décisif.

Avant cet affrontement, cinq joueurs du Canadien, pris de forte fièvre, furent conduits à l'hôpital. Quatre autres joueurs, ainsi que le directeur général George Kennedy, furent aussi touchés.

Au cours des jours suivants, l'état de santé du groupe s'améliora. Sauf celui de Joe Hall, un défenseur de 37 ans né en Angleterre mais établi au Canada depuis sa jeunesse. Il mourut dans l'après-midi du 5 avril.

Un ancien des Bulldogs de Québec, Hall laissa dans le deuil son épouse et trois enfants. «Hall est un rare professionnel qui ait été assez avisé pour se mettre de l'argent de côté, écrivit La Patrie. Il travaillait en été sur les chemins de fer et ses épargnes lui permirent de s'acheter des propriétés à Brandon (au Manitoba).»

Dans son livre sur les 100 ans du Canadien, mon collègue André Duchesne rapporte les paroles de Newsy Lalonde, capitaine de l'équipe de 1919: «Pour rien au monde, je ne voudrais recommencer une série pareille. (...) La mort de Joe Hall a affligé tout le monde», déclara-t-il à La Presse.

Jusqu'en 2005, lorsque la saison de la LNH fut annulée en raison d'un lock-out, l'année 1919 fut la seule où la Coupe Stanley n'a pas été attribuée. Même les deux guerres mondiales n'empêchèrent pas le fameux trophée d'être décerné.

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Près d'un siècle après l'épidémie de grippe espagnole, la planète est de nouveau aux prises avec un virus causant de grands malheurs. Selon les experts, les cas d'Ebola pourraient exploser en décembre prochain.

Dans ce contexte, le Maroc souhaite le report de la Coupe d'Afrique des Nations, un tournoi international de soccer prévu du 17 janvier au 8 février prochains dans plusieurs villes du pays. Seize équipes sont attendues.

Un porte-parole du ministère des Sports marocain, cité dans le quotidien Le Monde, a déclaré: «Rien ne peut être placé au-dessus de l'intérêt des citoyens marocains et africains. Nous ne pouvons en aucun cas nous acheminer vers une prise de risque, le principe de précaution doit primer.»

Pour l'instant, les autorités du football africain maintiennent que la compétition aura lieu comme prévu. Mais la question sera débattue le 2 novembre.

Une autre histoire secoue le monde du soccer en ces jours où l'Ebola perturbe le continent africain: le triste traitement réservé aux joueurs de la Sierra Leone, un des trois pays le plus touchés par la maladie avec la Guinée et le Liberia.

Ceux-ci disputent actuellement des matchs de qualifications en vue de cette Coupe d'Afrique des Nations. Mais les joueurs sont stigmatisés en raison des ravages causés par l'Ebola dans leur pays, écrit le New York Times dans un article prenant.

En République démocratique du Congo, des spectateurs ont scandé en dérision «Ebola-Ebola» durant une rencontre de la Sierra Leone. Au Cameroun, à la suite des inquiétudes de certains clients, les joueurs ont dû quitter leur hôtel. Ils ont été logés dans un autre établissement, nouvellement construit, où ils résident seuls.

Les autorités de certains pays d'Afrique les ont contrôlés plus d'une fois par jour afin de s'assurer qu'ils n'étaient pas porteurs du virus. Et contrairement à la tradition, des adversaires ont hésité à leur serrer franchement la main. Les vexations se multiplient.

«Vous vous sentez humilié, comme si vous étiez un déchet, et vous avez le goût de frapper quelqu'un, a déclaré le gardien réserviste John Tyre. Personne ne veut avoir l'Ebola dans son pays. Le Sierra Leone est en difficulté. Et on se fait lancer nos problèmes au visage. Ce n'est pas juste.»

En août dernier, les joueurs sierraléonais ont cessé de disputer des matchs à domicile en raison de l'Ebola. Depuis ce temps, ils ne sont pas retournés dans leur pays.

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Michael Lahoud, un joueur de l'Union de Philadelphie en Major League Soccer, est originaire de la Sierra Leone. Il a grandi aux États-Unis, mais demeure membre de la sélection nationale de son pays, avec qui il a disputé des matchs le mois dernier.

En entrevue à PRI, la radio publique internationale, il a rappelé que, l'été dernier, l'équipe des Seychelles avait préféré perdre par défaut son match contre la Sierra Leone plutôt que de recevoir ses coéquipiers et lui dans leur pays.

Au-delà de l'immense frustration ressentie, Lahoud a choisi l'action. En compagnie d'un ami professeur, il a lancé une opération sur Twitter pour «frapper l'Ebola au derrière»: #KickEbolaInTheButt. L'idée est inspirée du Ice Bucket Challenge qui a connu un vif succès plus tôt cette année. Les fonds récoltés seront versés à Médecins sans frontières.

Vaincre l'Ebola sera long et difficile. Comme ce fut le cas avec la grippe espagnole, le monde du sport est touché. Il doit contribuer au combat.