Pour l'Impact, il s'agit d'un nouveau départ. Un autre, diront les plus cyniques, non sans raison. Car à défaut d'accumuler les victoires, l'équipe est championne des opérations de relance.

Cette fois, heureusement, l'affaire semble mieux engagée. Pour la première fois depuis son entrée en Major League Soccer (MLS), l'organisation se dote d'une structure administrative complète. Trois nouveaux vice-présidents, tous forts d'une solide expérience, auront pour mission d'augmenter les revenus (billetterie et commandites) et de mieux positionner l'équipe dans la communauté.

Leur tâche sera lourde. Car comme l'avoue franchement Joey Saputo, l'Impact est incapable de s'implanter solidement dans le coeur des Montréalais et ne suscite pas un vif intérêt auprès d'éventuels partenaires du monde des affaires.

«Nous avons récemment connu des échecs sur le terrain et à l'extérieur du terrain, reconnaît le président de l'Impact. Alors, comment faire en sorte que les médias, les gens d'affaires et les amateurs de sport de tout le Québec se soucient de notre organisation autant que le font nos fans?»

Bonne question! Pour commencer, l'Impact devra cesser de tenir les choses pour acquises. En accédant à la MLS, l'équipe croyait vendre 13500 abonnements saisonniers. La désillusion a été cruelle. Les dirigeants se sont vite rendu compte qu'entre les prometteuses études de marché et la réalité du terrain, le fossé est souvent immense.

De la même façon, sur le plan sportif, l'Impact s'est cru meilleur qu'il ne l'était. L'immobilisme de l'hiver dernier, au cours duquel aucun geste significatif n'a été posé pour renforcer la formation, est à l'origine de la misérable saison actuelle.

Dans le sport professionnel, l'inertie est la pire des erreurs. Les organisations doivent constamment se renouveler, sans quoi elles se font doubler par leurs concurrentes plus alertes. Ce phénomène frappe l'Impact de plein fouet, cette saison.

Saputo, qui assure que l'Impact est à Montréal pour y demeurer, doit aussi examiner sa gestion. À titre de propriétaire et président, c'est lui qui donne le ton. Or, l'organisation ne s'illustre pas toujours par son esprit de décision.

Tenez, l'automne dernier, il a fallu des semaines avant de trancher sur l'avenir de l'entraîneur Marco Schällibaum. Il était pourtant clair que le Volcan suisse ne pouvait revenir à la barre de l'équipe après les commentaires très durs de la haute direction à son endroit après la saison.

Pour succéder à Schällibaum, l'Impact a choisi Frank Klopas. Le président lui a confié les pleins pouvoirs au détriment du directeur sportif Nick De Santis. «Si on fait bien, ce sera grâce à Frank, m'avait alors expliqué Joey Saputo. Si on fait mal, il sera imputable.»

Le plan n'a pas été suivi. De Santis a conservé toute son influence. Et au bout du compte, c'est lui qui a fait les frais de la saison pitoyable de l'équipe, étant relevé de ses fonctions en juillet dernier.

Si j'avais à évaluer le travail de l'organisation de l'Impact au cours des derniers mois, je lui décernerais un D. Seule la signature d'Ignacio Piatti, un joueur à l'évidence très talentueux, lui vaut - de justesse - la note de passage.

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Sur le plan sportif, je ne suis pas convaincu que l'embauche de Klopas ait été un coup de génie. Dès le début du calendrier, on a senti l'équipe amorphe. Or, c'est à l'entraîneur d'actionner les bons ressorts pour énergiser ses joueurs. À cet égard, Klopas a clairement échoué.

Son embauche a aussi provoqué un problème. Soudainement, l'Impact s'est retrouvé sans réel porte-parole auprès des amateurs francophones. Schällibaum, malgré ses défauts, a bien rempli ce rôle la saison dernière. Et les efforts de son prédécesseur, Jesse Marsch, pour apprendre la langue officielle du Québec ont charmé les partisans.

Mais avec un Nick De Santis peu enclin à s'adresser régulièrement aux médias et un Joey Saputo voulant occuper un rôle public plus discret, l'Impact s'est retrouvé dépourvu au chapitre des communications.

Cela a mis beaucoup de pression sur le capitaine Patrice Bernier, qui a assumé relativement seul cette responsabilité. J'espère que l'organisation est consciente du rôle immense joué par le numéro 8 pour mousser son équipe et son sport.

«Notre marché est fragile, a ajouté Saputo, hier. Après une saison difficile, nos assistances sont en baisse. Pire, notre équipe a perdu du momentum dans le marché. Il faut améliorer nos liens avec la communauté et renforcer le sentiment d'appartenance.»

Le «momentum dans le marché», ça ne vient pas tout seul. Il faut le cultiver, encore plus lorsque les résultats sur le terrain sont décevants.

Or, Klopas semble un homme discret, qui découvre peu à peu le côté public de son rôle. Plus tôt cette saison, il a même oublié de rencontrer les journalistes après un match! Il a bien sûr regretté cette histoire. Mais elle illustre néanmoins à quel point cette dimension du métier n'est pas naturelle pour lui.

L'Impact a besoin de quelqu'un qui, à l'image de Michel Therrien chez le Canadien, peut agir comme porte-parole de l'organisation.

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Alors, y a-t-il de l'espoir pour l'Impact? Bien sûr! Les décisions annoncées hier permettent un optimisme prudent. Le plan annoncé est prometteur. Mais encore faudra-t-il le mettre en oeuvre. Cette fois, Joey Saputo semble décidé à foncer, et c'est tant mieux.

En investissant 10 millions dans un centre d'entraînement, l'Impact contribue aussi à l'essor de l'est de Montréal, un coin trop souvent négligé. L'organisation se comporte en bon citoyen, puisque les jeunes du quartier profiteront de ces deux nouveaux terrains synthétiques. C'est important de le souligner.

Mener ce dossier à bien, la responsabilité de Richard Legendre, constituera un bon défi. Mais pas autant que celui, encore plus essentiel, d'aviver la flamme des Québécois pour cette équipe.

L'Impact apporte une diversité nécessaire à la scène sportive montréalaise. Et le club contribue de belle façon au développement des joueurs d'ici. Alors, souhaitons bonne chance aux nouveaux membres de l'équipe de direction. Ils en auront besoin.