On a vite su que la LNH ne prenait guère au sérieux le terrible coup de coude assené par Douglas Murray à la tête de Michael Kostka, mardi, lors du match entre le Canadien et le Lightning de Tampa Bay.

Le costaud défenseur a en effet été convoqué à un entretien téléphonique pour fournir sa version des faits. En vertu de la convention collective, il s'agissait d'un pré-jugement: Murray n'ayant pas à se présenter en personne, la durée maximale d'une éventuelle suspension serait de cinq matchs.

En clair, à l'approche des séries éliminatoires, la LNH a envoyé un message à tous les joueurs du circuit: si vous sortez le coude pour frapper un rival à la tête, au moment où il est en position vulnérable et ne s'attend pas à un contact si violent, ne craignez rien! À moins que vous ne soyez un récidiviste notoire, nous serons cléments envers vous. Quelques matchs de suspension tout au plus...

La commotion cérébrale subie par Kostka? Peu important, au fond. Qu'est-ce qu'un coup au cerveau de plus ou de moins au fil d'une longue saison? D'ailleurs, selon Gary Bettman, les statistiques démontrent que le nombre de commotions est en baisse cette saison. Pas question de fournir des chiffres, cependant. Après tout, la LNH a bien droit à ses secrets!

Je l'ai déjà dit et je le répète: pathétique LNH. Les coups à la tête sont un fléau. Ils provoquent des commotions cérébrales, qui fragilisent les victimes et rendent les chocs subséquents encore plus dangereux. Ils menacent leur qualité de vie à court, moyen et long terme, ainsi que celle de leurs proches, qui devront aussi composer avec ces séquelles. Mais tout cela importe si peu à la direction de la LNH.

Le geste de Murray était sans équivoque et inexcusable. Steve Stamkos, coéquipier de Kostka, n'a pas caché ses sentiments mercredi. Relisez bien ses paroles. Ce ne sont pas celles d'un journaliste habitué à dénoncer des gestes semblables. Non, elles ont plutôt été prononcées par un des meilleurs joueurs de la LNH.

«C'est un coup salaud. C'était effrayant... J'espère ne pas revoir quelque chose comme ça. Je crois que Michael a pu récupérer, mais c'est l'un des pires coups qu'il m'ait été donné de voir en direct», a dit l'attaquant-vedette du Lightning à mon collègue Richard Labbé.

Un des pires coups vus par Stamkos. Ce n'est pas rien, quand même.

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Lorsqu'une suspension est annoncée, il est toujours intéressant de regarder la vidéo explicative produite par le département de la «sécurité des joueurs» (quel nom bizarre, tout de même, pour un comité si souvent prompt à favoriser les assaillants plutôt que les victimes).

En apprenant que Murray ne serait suspendu que pour trois matchs, j'ai tout de suite eu hâte d'entendre quels arguments seraient soulevés pour diminuer la véritable portée de son geste. On finirait bien par dire que Kostka était un peu responsable de son propre malheur. Surprise: pas du tout!

La narration de la vidéo est faite par Patrick Burke, qui s'est joint au comité en août dernier. Son analyse de l'affaire est identique à la mienne et à celle de milliers d'amateurs de hockey. En fait, Burke ne donne pas dans la dentelle. Il dit les choses franchement.

Murray, explique-t-il, «assène un coup puissant à la tête de Kostka, faisant de celle-ci le principal point de contact et provoquant du coup une blessure sérieuse».

Il poursuit: «C'est important de savoir que Kostka ne fait aucun mouvement soudain qui contribue significativement à ce contact à la tête.»

Bref, les faits sont limpides: Murray a visé la tête de Kostka, qui n'est aucunement à blâmer sur la séquence.

Dans son audition téléphonique, Murray a affirmé ne pas avoir été animé par une «intention malicieuse». Ses juges lui donnent raison à ce propos. Mais ils ajoutent qu'il n'a pas réussi à faire une mise en échec complète, frappant plutôt la tête de son rival en se propulsant pour allonger son bras.

Compte tenu de cette analyse, comment peut-on suspendre Murray pour seulement trois matchs? La convention collective prévoit que les récidivistes seront sanctionnés plus sévèrement, c'est vrai. Mais aucune clause ne précise que les joueurs jusque-là sans tache, comme Murray, doivent être traités avec clémence.

Dans ce dossier, c'est pourtant ce qui se produit. Rien, absolument rien, ne justifie cette courte suspension.

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Une fois de plus, la LNH a refusé d'envoyer un message clair à propos du danger des coups à la tête. L'effet dissuasif de la sentence sera nul. Les anciens joueurs ayant intenté un recours collectif contre le circuit, à qui ils reprochent son laxisme dans la lutte aux commotions cérébrales, en prendront note.

Une suspension bonbon comme celle-là démontre que la ligue continue de fermer les yeux devant le plus grand danger qui menace la santé de ses joueurs. C'est triste et inquiétant. Mais c'est surtout irresponsable.

De gros sous pour Baseball Québec

Le succès des deux matchs entre les Blue Jays de Toronto et les Mets de New York font le bonheur de Baseball Québec. Grâce à la collaboration d'evenko, promoteur de l'événement, une somme de 30 000 $ sera remise à l'organisme.

Mais attention: la bonne nouvelle ne s'arrête pas là. Le programme Placements Sports permettra de multiplier ce montant par 1,9. Au bout du compte, Baseball Québec pourra investir 57 000 $ dans le développement. Il s'agit d'un solide coup de main pour un sport qui a perdu de son attrait durant la lente agonie des Expos.

Placements Sports, qui s'inspire de Placements Culture, a été lancé en 2012 afin d'encourager le financement des fédérations sportives. Les dons des particuliers, des entreprises et des fondations sont majorés de 50 à 300 % par le gouvernement du Québec. Les fédérations les moins riches profitent des pourcentages les plus élevés. Cette initiative les incite à être proactives dans la recherche de financement.

«Les retombées des matchs entre les Blue Jays et les Mets vont au-delà de l'argent, dit Maxime Lamarche, directeur du marketing à Baseball Québec. C'est plus facile de renouveler nos commandites. On a aussi réuni 600 jeunes dimanche dernier au Stade olympique pour des ateliers de baseball. C'était extraordinaire, et je suis sûr qu'on les a accrochés pour des années!»

Cet été, 25 000 jeunes Québécois joueront au baseball. C'est moins que les 50 000 du début des années 90, mais plus que les 18 500 d'il y a quelques années.

Au Québec, 15 établissements scolaires proposent des programmes sport-études profil baseball. Quarante joueurs d'ici évoluent dans des collèges américains et 27, dans les rangs professionnels. Le baseball féminin est aussi en progression.

Les gens de Baseball Québec ne manquent pas d'enthousiasme. Et ils n'entendent pas s'arrêter là.