Maxence Parrot était un garçon de 9 ans lorsqu'il a découvert le snowboard. Il aimait bien le ski, un sport auquel son père l'avait initié dès qu'il fut en âge de marcher, mais ses yeux brillaient en regardant les planchistes dévaler les pentes à Bromont.

- Papa, j'aimerais avoir une planche à neige...

Le souhait de Maxence n'a pas emballé Alain Parrot. Sa pratique en chiropractie lui avait appris que ce sport causait souvent des fractures du poignet ou des blessures au dos. Mais lui-même ancien champion canadien junior de ski nautique, il ne voulait pas empêcher son fils de vivre une nouvelle aventure sportive.

- D'accord, mais tu travailleras pour l'obtenir, lui dit-il.

Maxence se mit à tondre des gazons dans le voisinage, découvrant les mérites de l'autonomie financière. Et il s'engagea dans son sport avec une détermination farouche. «À 12 ans, il était déjà commandité pour ses planches et ses vêtements...», explique son père avec fierté.

C'était l'époque où, en mettant un peu d'ordre dans sa chambre, sa mère, Suzanne Noël, voyait les notes de Maxence, où il énumérait les sauts à pratiquer. «Il était déjà très méthodique, se souvient-elle. Il les rayait de sa liste au fur et à mesure qu'il les réussissait.»

La nuit prochaine, les parents de Maxence, ses soeurs aînées Serissa et Naomie, et des dizaines de parents et amis se réuniront à l'Auberge du Château Bromont. Les yeux rivés sur un grand écran de télé, ils se croiseront les doigts pendant que le jeune homme de 19 ans tentera de devenir le premier Canadien à remporter une médaille d'or aux Jeux de Sotchi.

En survolant la séance de qualifications hier en slopestyle, Maxence Parrot a annoncé ses ambitions. Et démontré que son succès des X Games, le mois dernier, où il a raflé la médaille d'or, n'était pas un accident de parcours.

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Retour à la semaine dernière, peu avant le départ pour Sotchi. Dans un couloir de RDS, où il sera bientôt interviewé, Maxence Parrot affiche une totale décontraction, même s'il doit vite régler un léger problème. «Il faut que je remplace mon passeport, j'ai perdu le mien...»

Le capuchon de son chandail rabattu sur la tête, Maxence m'explique les raisons qui l'ont conduit à se retirer de l'équipe nationale au cours de la dernière saison, une décision audacieuse.

«J'aime faire les choses par moi-même, dit-il. Je suis quelqu'un d'organisé dans ses affaires. Je n'ai pas besoin qu'on me dise quoi faire. Je le sais qu'il faut s'entraîner en gymnase pour gagner des médailles!»

C'est en juin dernier que Maxence a choisi de faire cavalier seul. Cela lui a permis de demeurer à Bromont, près de sa famille, plutôt que de déménager à Whistler, en Colombie-Britannique. Mais la géographie n'a pas été sa principale motivation.

Non, si Maxence a agi ainsi, c'est parce qu'il veut demeurer maître de son destin. «Le programme canadien est excellent, ajoute-t-il. Mais je préfère suivre mon propre chemin.»

Ce geste a entraîné une conséquence financière immédiate. Sport Canada verse en effet des subventions non imposables aux athlètes d'élite du pays. Jusque-là, Maxence recevait 10 800 $ par année. Mais il était désormais admissible à un soutien de 18 000 $... à condition de faire partie du programme national.

«C'est sûr que j'y ai pensé, reconnaît-il. Mais j'ai commencé le snowboard pour avoir du fun. Alors, j'ai choisi de suivre mon bon feeling. Je ne voulais pas que l'argent me fasse changer d'idée.»

Grâce à l'appui de ses commanditaires et de ses parents, Maxence a réuni les fonds nécessaires pour participer aux grands rendez-vous de la saison. Ses performances aux X Games, ainsi qu'à Sotchi hier, démontrent que son plan fonctionne bien.

«L'équipe nationale a été correcte avec moi, explique-t-il. On m'a assuré que ma décision ne diminuerait en rien mes chances d'accéder aux Jeux. Et je savais que si je me qualifiais pour Sotchi, on me verserait quatre mois de subventions. Or, dans ma tête, il était clair que j'irais aux Jeux...»

Le père de Maxence n'a pas été étonné de la décision de son fils.

«Comme parents, ça nous a angoissés un peu. Mais Maxence a toujours été comme ça. Plus jeune, il a trouvé ses commanditaires un à un. Et il demeure fidèle à ses idées. Il écoute les autres, mais prend ensuite ses propres décisions.»

La relation entre le père et le fils est tissée serré. Les deux étaient émus en s'entretenant au téléphone après la victoire de Maxence aux X Games.

«Il a toujours eu beaucoup de détermination, dit son père. Malgré sa carrière d'athlète, je lui avais dit qu'il devait terminer sa 5e secondaire. Et il a réussi même si son calendrier sportif lui a fait rater plusieurs jours d'école.»

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La famille Parrot sera fébrile, la nuit prochaine, lorsque Maxence s'élancera sur le parcours. Et des souvenirs surgiront sans doute dans la tête de ses parents. Ils penseront peut-être à cette rampe de skateboard installée devant la maison, il y a quelques années, afin de faciliter son entraînement.

«Ce n'était pas très beau et franchement pas bon pour les rosiers et le talus! dit sa mère. Mais nous voulions que nos enfants découvrent leur passion. Ils deviennent ainsi des adultes plus heureux. On a toujours soutenu Maxence, sans jamais ressentir l'impression de faire un effort. On aime nos enfants. Les aider, c'est un bonheur.»

Peu importe le résultat de la finale, la famille Parrot mérite déjà une médaille d'or.

La transformation

Marcel Aubut a causé une certaine commotion en annonçant dès décembre dernier que le Canada visait la première place au classement des médailles à Sotchi.

À Vancouver, dans un contexte idéal, nos athlètes ont remporté le plus grand nombre de médailles d'or, mais ont néanmoins terminé au troisième rang du tableau général, derrière les États-Unis et l'Allemagne.

«Il y a des soirs où je dors mal en pensant à ce que j'ai dit, affirme à la blague le président du Comité olympique canadien (COC). Mais on ne doit pas se fixer des objectifs au cas où ça irait mal! Nos athlètes ne pensent pas comme ça. Après la performance de Vancouver, notre but doit être élevé.»

Steve Podborski, chef de mission de l'équipe canadienne, affirme que cet objectif illustre un changement profond d'attitude dans le sport canadien. «C'est une transformation, dit-il. Nous avons réalisé notre potentiel à Vancouver. On ne sera peut-être pas numéro un à ces Jeux ou aux prochains, mais nous le deviendrons un jour puisque nous visons haut.»

Alors, quelles sont les chances du Canada de terminer au sommet? Pas très élevées, selon le site bodog.ca, qui établit des cotes sur divers événements sportifs. Le Canada arrive au cinquième rang, derrière les États-Unis, la Norvège, l'Allemagne et la Russie.

Martin St-Louis: enfin!

Martin St-Louis a finalement obtenu son billet pour Sotchi. Voilà une excellente nouvelle pour lui, mais aussi pour l'équipe canadienne, qui aura besoin de son leadership.

Si des joueurs du Canada s'ennuient de l'environnement de la LNH durant les Jeux, St-Louis, qui a relevé de nombreux défis dans sa carrière, pourrait les aider à retrouver leurs repères. Il a toujours été reconnu pour la qualité de sa préparation physique et psychologique.

Maria, une fille de Sotchi

Dans quelle ville Maria Sharapova a-t-elle découvert le tennis? Eh oui, à Sotchi, où elle séjourne durant les Jeux. Elle a vécu ici entre les âges de 2 et 6 ans.

Plus tôt cette semaine, lors d'un événement promotionnel tenu à Sotchi, Sharapova a expliqué à quel point la ville lui tenait à coeur. «C'est un endroit de grande beauté», a-t-elle dit à des médias américains.