Il aurait fallu une bonne dose d'inconscience aux dirigeants d'Équipe Canada pour ne pas sélectionner P.K. Subban parmi les 25 joueurs qui représenteront le pays à Sotchi. L'arrière du Canadien est un des meilleurs défenseurs au monde.

Malheureusement, ses propres patrons ont mis du temps à l'admettre. Rappelez-vous Michel Therrien qui a longtemps refusé de dire s'il méritait une place au sein de l'équipe olympique, en plus de le blâmer publiquement après un revers du CH au Colorado en novembre dernier. Drôle de manière de traiter le meilleur patineur de son équipe.

Bref, si Subban a été choisi, ce n'est sûrement pas parce que le Canadien a fait sa promotion au cours des derniers mois. Il doit ce succès à son talent, son énergie au jeu et sa confiance en lui.

Cet honneur renforce le pouvoir de négociation de Subban en vue du renouvellement de son contrat. Imaginez: il est détenteur du trophée Norris, membre d'Équipe Canada et premier pointeur du Canadien. Tout cela se monnaie.

Dans le nouvel environnement économique de la LNH, où le plafond salarial pourrait atteindre 80 millions en 2016-2017, Subban contribuera à établir une nouvelle échelle salariale pour les supervedettes.

Pour le CH, la note s'annonce encore plus salée. Au bout du compte, les économies réalisées par Marc Bergevin en lui accordant un contrat de transition en janvier 2013 seront balayées par l'ampleur de sa future entente.

Quel sera le rôle de Subban à Sotchi? Comme l'impression qu'il sera déterminant. Je serais étonné qu'il soit relégué au rang de réserviste. La grande patinoire lui permettra d'exploiter à fond sa vitesse et son contrôle de la rondelle. Et tous ces attaquants de talent à ses côtés seront des cibles idéales pour ses passes vives et précises.

La sélection de Carey Price est aussi pleinement méritée. Chapeau à Bergevin qui n'a jamais perdu confiance en lui malgré son difficile printemps 2013. Le DG du Canadien a toujours défendu son gardien.

Malgré ses ennuis à composer avec sa popularité à Montréal, Price a atteint une nouvelle étape dans son développement. «Il a augmenté son niveau de jeu cette saison», a dit Steve Yzerman, patron d'Équipe Canada.

Après Price, le plus heureux de cette nomination est sûrement Stéphane Waite. L'entraîneur des gardiens du Canadien a réalisé un boulot formidable avec lui. Price devrait mettre son nom dans la liste des gens à qui rapporter un souvenir de Sotchi!

Price sera-t-il le gardien numéro un du Canada? Trop tôt pour le dire. Roberto Luongo connaît aussi une excellente saison, comme l'a indiqué Yzerman. «Il a persévéré», a-t-il dit, dans une allusion à l'absurde feuilleton que fut sa saison 2013 avec les Canucks de Vancouver.

Yzerman a rappelé la performance de Luongo à Los Angeles, samedi dernier, lorsqu'il a stoppé 46 des 48 tirs des Kings. «Il a joué aussi bien que je ne l'ai jamais vu...»

Bref, la lutte sera vive entre Price et Luongo.

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Avec des têtes d'affiche comme Sidney Crosby, Jonathan Toews et Ryan Getzlaf, Équipe Canada forme une machine intimidante. Mais Yzerman ne tient rien pour acquis. Il sait que le défi sera féroce à Sotchi. «Le hockey international est plus concurrentiel que jamais», a-t-il rappelé, avec justesse.

Dans ce contexte, toutes les décisions deviennent cruciales. Cela explique peut-être pourquoi Yzerman a semblé si nerveux dans ses remarques préparatoires avant la présentation des joueurs. Au point où il s'est arrêté un moment, avouant avoir perdu le fil de sa pensée.

La responsabilité de choisir les 25 membres de l'équipe, dans un pays fou de hockey, représente un lourd défi. Et on devine que les discussions ont été longues entre Yzerman et ses conseillers pour identifier les derniers noms sur la liste. «On avait 14 ouvertures en attaque, impossible d'y loger 17 joueurs...», a-t-il rappelé.

Au bout du compte, Yzerman a écarté Martin St-Louis et Claude Giroux, deux joueurs que beaucoup d'analystes voyaient dans la formation. Il a plutôt misé sur des médaillés de Vancouver, comme Rick Nash et Patrick Marleau, en plus de sélectionner Jeff Carter.

Ces trois joueurs ont un point en commun: ils sont plus grands et plus costauds que St-Louis et Giroux. Yzerman affirme néanmoins que cet aspect n'a pas influencé le processus de sélection. «On a très peu parlé de l'aspect physique. De toute façon, on savait qu'on avait déjà un groupe de gros joueurs.»

La vitesse, ajoute Yzerman, a été un élément déterminant. Tout comme la capacité de réagir instantanément sur la patinoire.

L'expérience internationale a aussi été prise en compte. Ainsi, Yzerman reconnaît que la performance de Nash aux Jeux de Vancouver a compté dans sa sélection. Beaucoup d'attention a également été donnée à la manière dont les différentes pièces du casse-tête s'agenceront sur la patinoire.

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Les Québécois ne sont pas nombreux dans la formation. Seuls Roberto Luongo, Marc-Édouard Vlasic et Patrice Bergeron ont été retenus. C'est un de moins qu'aux Jeux de Vancouver où les trois gardiens, en plus de Bergeron, étaient du Québec. L'absence la plus regrettable est celle de St-Louis, un grand leader qui avait sa place au sein du groupe.

Sur papier, Équipe Canada possède les atouts pour défendre avec succès son titre de champion olympique. Mais compte tenu des attentes, la pression sera très forte sur la formation. Tout comme sur Équipe Russie, qui évoluera devant ses partisans.

Voilà pourquoi ces deux équipes devront se méfier des Suédois et des Américains, qui attendront leur chance en embuscade.

Dans un tournoi aussi relevé, le moindre faux pas se paiera très cher.