Samedi dernier, au stade Saputo. En cette belle soirée d'été, dans une ambiance du tonnerre, l'Impact marque cinq buts et écrase le Dynamo de Houston, finaliste de la Major League Soccer (MLS) au cours des deux dernières années.

En observant cette foule enthousiaste, remplissant à ras bord les gradins, applaudir les exploits de Marco Di Vaio, Patrice Bernier et Alessandro Nesta, un constat s'impose: l'Impact a réussi une réelle percée dans le paysage sportif montréalais au cours des 14 derniers mois.

Rappelez-vous: en juin 2012, l'organisation a été incapable d'écouler tous les billets lors de la réouverture du stade Saputo après des rénovations majeures, dont l'ajout de 7000 sièges. Et à l'extérieur du noyau dur de partisans, peu de gens pouvaient identifier des membres de l'équipe.

Aujourd'hui, l'Impact a élargi son rayonnement. Cela expliquait peut-être le sourire du président de l'équipe, Joey Saputo, en début de semaine, lorsqu'il a lancé la fondation de l'équipe, qui luttera notamment contre l'analphabétisme et le décrochage scolaire.

«On démarre avec 1 million, ce n'est pas si mal...» a-t-il dit en annonçant que l'organisation et son commanditaire principal, le groupe financier BMO, injecteront chacun 100 000 $ par année durant cinq ans.

L'Impact n'est pas le Canadien et sa fondation n'aura pas la même ampleur. Mais l'objectif est de démontrer la même «efficacité». Bonne idée, puisque le CH accomplit des choses merveilleuses à ce chapitre. «J'ai toujours pensé qu'un club de soccer devait être un membre actif de la communauté», a ajouté le président de l'équipe.

L'Impact vit manifestement des jours heureux. Après la victoire contre Houston, le grand Nesta a évoqué, sur les ondes de RDS, la possibilité d'un championnat.

On verra bien si l'Impact possède les ressources pour vaincre les meilleurs clubs de la MLS lorsque la pression deviendra très forte. Chose sûre, l'organisation a annoncé ses intentions en embauchant un deuxième joueur désigné, l'Argentin Hernan Bernardello, en juillet. Sa présence solidifie la formation.

En MLS, les joueurs désignés sont les mieux payés, leur salaire étant supérieur à la limite autorisée de 368 750 $ par année. Aucun club ne peut en aligner plus que trois.

Bernardello, jusque-là inconnu du public montréalais, n'augmentera pas la vente de maillots de l'équipe. Et son arrivée n'a pas provoqué de ruée aux guichets.

Bref, l'organisation a payé cher pour combler une lacune purement sportive, sachant fort bien qu'elle ne profiterait pas des autres retombées associées à l'embauche d'un joueur désigné. Voilà pourquoi sa mise sous contrat est si significative.

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Cela dit, l'Impact commet aussi des erreurs. Le match raté au Guatemala la semaine dernière, dans le cadre de la Ligue des champions Concacaf, l'a démontré. En laissant quatre de ses meilleurs joueurs à la maison, la direction s'est montrée arrogante et a été dominée par ses rivaux guatémaltèques.

Inviter un cuisinier à accompagner les joueurs en voyage était louable. Mais ce n'était pas la bonne priorité. Il aurait mieux valu amener deux jours-clés supplémentaires. «On a pris un pari avec la composition de l'équipe, on a malheureusement perdu», reconnaît Joey Saputo.

Pour ceux qui doutent de la qualité du calibre de jeu de la MLS, une performance comme celle-là encourage les préjugés. Sur le plan de la perception, un élément-clé pour une organisation souhaitant renforcer sa crédibilité, ce revers fait mal. Joey Saputo, un abonné des médias sociaux, l'a vite compris.

Ensuite, l'entraîneur-chef Marco Schällibaum devra contenir ses élans de colère. Lorsque le commissaire de la MLS appelle le président de l'Impact pour lui demander quel drôle de pistolet dirige son équipe, c'est signe d'un problème sérieux.

Le «Volcan suisse», comme il est surnommé, a déjà été suspendu cinq matchs. C'est inadmissible. Comment peut-il demander à ses joueurs d'être disciplinés sur le terrain lorsque lui-même perd les nerfs sur la ligne de touche?

Dommage, puisque Schällibaum dirige bien son équipe. L'Impact devrait d'ailleurs renouveler son contrat dès maintenant. Il s'agirait d'un geste de continuité bienvenu au sein d'un club où les têtes des entraîneurs ont souvent roulé vite.

Enfin, l'Impact devra augmenter ses abonnements saisonniers. «On doit attirer de bonnes foules plus tôt dans l'année, dit Joey Saputo. Il faut convaincre les gens que le soccer n'est pas seulement un sport d'été, mais aussi de printemps et d'automne.»

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En Amérique du Nord, on ne trouve guère de gestionnaire sportif plus influent que Tim Leiweke, président de Maple Leaf Sports & Entertainment, la société propriétaire des Maple Leafs, des Raptors, du Air Canada Centre et du Toronto FC.

Avant de s'établir à Toronto, Leiweke a dirigé AEG, un géant américain du sport et du divertissement, établi à Los Angeles. C'est lui qui a convaincu David Beckham de signer un contrat en MLS, une étape décisive dans l'histoire du circuit.

Leiweke connaît à fond la MLS et souhaite relancer le Toronto FC, une équipe médiocre. Dans une entrevue à La Presse Canadienne le mois dernier, il a affirmé que le travail de quatre organisations l'inspirait. Au premier rang, Kansas City ; ensuite, Portland, Vancouver et... Montréal.

D'un administrateur de cette trempe, le compliment n'est pas banal.

L'Impact est sur la bonne voie.

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NOTE DE L'IMPACT CET ÉTÉ: B

Les +



- Premiers dans la division Est

- Embauche d'un deuxième joueur désigné

- Rayonnement en hausse à Montréal

Les -

- Mauvais pari au Guatemala

- Un entraîneur indiscipliné

- Assistances décevantes en début de saison