Les cérémonies d'après-match étaient terminées depuis plusieurs minutes, dimanche, au stade Uniprix. Les dignitaires avaient quitté le terrain, mais Rafael Nadal demeurait là, signant des autographes aux spectateurs massés devant lui. Drapeaux espagnols, casquettes, photos et programmes souvenirs, le champion a apposé avec plaisir sa griffe sur les objets tendus vers lui.

«C'est à Montréal que j'ai remporté ma première victoire sur surface dure, avait-il dit, plus tôt, en recevant son trophée. Cette ville occupe une place spéciale dans mon coeur.»

La remarque lui a valu des applaudissements nourris. Mais peut-on vraiment croire que Nadal, qui a triomphé sur les plus grandes scènes du monde, s'imposant à New York, Paris et Londres, a été marqué par ce gain survenu en 2005?

Lorsque je lui ai posé la question en conférence de presse, Nadal m'a regardé droit dans les yeux et a lancé d'un ton sans réplique: «Ce jour-là, j'ai battu un grand champion, Andre Agassi. C'était aussi ma première victoire dans un Masters. C'est un souvenir inoubliable.»

Nadal ne semblait pas pressé de s'envoler pour Cincinnati, où il jouera cette semaine. Comme plusieurs de ses collègues, il apprécie le rendez-vous montréalais, qui a de nouveau attiré plus de 200 000 spectateurs. Pour un tournoi d'une semaine, il s'agit d'un sommet dans le circuit masculin.

«C'était beau de voir les spectateurs se lever pour applaudir Milos lors de la présentation des joueurs, a-t-il ajouté. Les gens m'ont aussi accueilli chaleureusement. L'ambiance était extraordinaire, tout comme samedi soir en demi-finale. C'est merveilleux pour notre sport.»

Malgré leur renommée et leurs millions, plusieurs stars du tennis jugent essentiel de conserver un lien très fort avec les amateurs.

Pour s'en convaincre, il a suffi de voir Novak Djokovic danser avec les chasseurs de balles après ses victoires, ou Nadal atteindre des cibles sur le court pour aider des spectateurs à gagner des prix. Rien ne les oblige à agir ainsi, surtout après un match, mais ils l'ont fait de bon coeur.

Nadal et Djokovic ont aussi pris soin de s'exprimer en français après les matchs. La culture du tennis est décidément bien différente de celle du hockey.

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Devant un Nadal impérial, Milos Raonic n'a jamais été dans le coup. Mais sa participation à la finale était inespérée. Les organisateurs du tournoi n'osaient pas imaginer pareil scénario. Au point où le salon réservé à ses proches durant la semaine avait été attribué à un autre groupe en vue de la journée de dimanche! Une solution de rechange a heureusement été trouvée.

Raonic était déçu après son revers, mais pas abattu. Cette nuance illustre sa capacité à mettre les choses en perspective. «On doit vivre et apprendre», a-t-il dit, très calme.

La semaine a été décisive pour Raonic. Cette première participation à la finale d'un Masters lui vaut, à 22 ans, son entrée au palmarès des 10 meilleurs joueurs au monde.

Que doit faire Raonic pour poursuivre sa progression? Voici la réponse de Nadal: «Il doit travailler l'aspect mental de son jeu et apprendre à bien disputer les points qui, tactiquement, sont les plus importants.»

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Eugène Lapierre, le directeur du tournoi, était fier de son coup. Après la première manche du match de dimanche, P.K. Subban et Serena Williams sont apparus à l'écran géant du stade Uniprix. Au fil de leur entretien amical, Serena a affirmé son intention d'être à Montréal l'an prochain.

L'opération de Lapierre a commencé à Wimbledon le mois dernier. Il a demandé à l'agent de Serena pourquoi la meilleure joueuse du monde faisait si souvent l'impasse sur la manche montréalaise de la Coupe Rogers, où on ne l'a pas vue depuis 2000. «Y a-t-il quelque chose que je devrais savoir?», lui a-t-il demandé.

Choqué par la question, l'agent de Serena a assuré qu'il s'agissait d'un concours de circonstances. Lapierre a finalement obtenu que Serena participe au court enregistrement avec Subban, qui s'est prêté au jeu avec plaisir.

Si Serena est présente, ce sera une excellente nouvelle pour Lapierre et son équipe, qui ont joué de malchance avec le volet féminin de la Coupe Rogers au cours des dernières années. Le forfait de plusieurs vedettes a compliqué leur tâche.

À Toronto, le tournoi féminin n'a pas eu le succès espéré cette année. Dans l'espoir de stimuler la vente des billets, une somme de 20 000 $ a même été offerte à deux joueurs éliminés au premier tour à Montréal afin qu'ils disputent une rencontre amicale jeudi dernier.

À Montréal, les meilleures joueuses du monde attirent habituellement d'excellentes foules, avec un record de 175 000 personnes. Il pourrait être battu en 2014 si Eugenie Bouchard poursuit sa progression. Au stade Uniprix cette semaine, son nom a meublé plusieurs conversations. Elle est déjà très populaire.

Et si John LeBoutillier, président du conseil d'administration de Tennis Canada, relève le défi qu'il s'est fixé, Eugenie Bouchard profitera bientôt d'un appui financier de très haut niveau.

On a déjà hâte à l'an prochain!

Pour Lac-Mégantic

Pour aider Lac-Mégantic, Tennis Canada a promis de donner 100 $ à chaque as réussi par un joueur canadien durant le tournoi. Le budget prévu était de 5000 $. C'était sans compter les succès de Raonic et Pospisil. Au bout du compte, 15 000 $ seront versés au fonds d'aide!