C'était beau de voir Vasek Pospisil remporter son match de deuxième tour, mercredi après-midi, sur le court Banque Nationale.

Dans ce petit stade chaleureux, niché dans l'ombre du terrain principal, le jeune homme de 23 ans s'est nourri de l'appui enthousiaste des centaines de spectateurs, qui ont applaudi bruyamment ses coups gagnants. L'ambiance était à la fête et le grand Pospisil, flamboyant dans son maillot fluo, a offert une performance magique.

En atteignant le troisième tour de la Coupe Rogers, Pospisil a poursuivi sur sa lancée de mardi, une journée inoubliable pour le tennis canadien. Pendant que les garçons brillaient à Montréal, Eugenie Bouchard s'imposait à Toronto.

J'ignore si Eugenie a senti l'appui des Montréalais pendant cette rencontre. Mais lorsque l'annonceur maison a profité d'une pause dans l'affrontement Raonic-Chardy pour annoncer qu'elle avait pris l'avance dans son match, la foule a explosé de joie. Cette jeune femme, à n'en pas douter, est en voie de devenir une très grande vedette.

«Imagine l'impact de leurs réussites sur les jeunes joueurs de la relève, lance Sébastien LeBlanc. Voir des gens comme Vasek, Eugenie et Milos réussir au plus haut niveau, c'est une source formidable de motivation. Ça crée un engouement, et le tennis canadien en récoltera longtemps les fruits.»

Au début des années 90, Sébastien LeBlanc était un des plus beaux espoirs du tennis canadien. En compagnie de son partenaire Sébastien Lareau, il a remporté les championnats juniors de double à Roland-Garros et à Wimbledon, et contribué à la victoire du Canada à la Coupe Sunshine, l'équivalent de la Coupe Davis pour les juniors.

La transition chez les professionnels n'a cependant pas été facile. «À l'époque, lorsqu'on faisait le saut chez les pros, Tennis Canada nous souhaitait bonne chance et on devait voler de nos propres ailes, dit-il. C'est pourtant une étape où on a besoin d'aide. On affronte des joueurs plus vieux, on découvre un nouveau monde... Sans soutien, c'est très dur de passer à travers.»

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LeBlanc, aujourd'hui père de quatre enfants - tous des joueurs de tennis -, est heureux de constater l'évolution de Tennis Canada, où il siège au comité de planification stratégique.

Le soutien aux joueurs d'élite, peu importe où ils en sont dans leur carrière, est désormais une priorité. Cela explique en bonne partie les récents succès des Canadiens.

La progression de Pospisil en représente un parfait exemple. Tennis Canada le soutient financièrement et, en décembre dernier, lui a trouvé un nouvel entraîneur, Frédéric Fontang. Celui-ci a sensibilisé Vasek à la nécessité de mieux s'alimenter, un défi pour cet amateur de hamburgers.

«J'ai pourtant fait attention les premières fois où j'ai mangé avec lui, lance Pospisil. J'ai ensuite subi une mononucléose, qui m'a forcé à modifier mes habitudes. Fini la poutine! Résultat, je me sens mieux sur le terrain. Ma résistance est meilleure et je récupère plus vite.»

Sous l'impulsion de Louis Borfiga, grand patron du développement de l'élite, Tennis Canada a pris un virage majeur. «Les entraîneurs qui travaillent avec les jeunes joueurs au Centre national, c'est la crème de la crème, dit LeBlanc. On n'avait pas ces outils dans mon temps. Pour un gars comme moi, ç'aurait été exceptionnel d'être dirigé par un Martin Laurendeau.»

Non seulement l'encadrement s'est amélioré, mais aussi les installations. Mine de rien, l'ajout de quatre terrains de terre battue au complexe du parc Jarry est une percée majeure.

«Cette surface permet de maîtriser un jeu plus complet, poursuit LeBlanc. Les jeunes apprennent à développer leur point. Le tennis a beaucoup changé depuis 20 ans. Le gros service n'est plus suffisant.»

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En investissant dans l'élite, Tennis Canada prépare l'avenir d'une autre façon. À terme, les vedettes d'aujourd'hui devraient contribuer à la formation des générations futures. Ce sera une manière de redonner à leur sport.

Sébastien LeBlanc, même s'il n'a pas profité du soutien aujourd'hui accordé à Pospisil, Raonic ou Bouchard, a choisi cette voie dès la fin de sa carrière. Il demeure profondément amoureux du tennis et contribue à son rayonnement.

Dans son travail de tous les jours, Sébastien fait partie de l'équipe de Cote 100, la société de gestion financière fondée par son père, Guy. Celui-ci est aussi auteur d'un livre à succès sur les secrets de la Bourse et d'un roman à intrigue financière.

Toute la famille participe à l'organisation de la Coupe LeBlanc, dont la septième présentation s'amorcera lundi, à Saint-Hyacinthe. Dans un format de Coupe Davis, des équipes d'élite de quatre joueurs (deux garçons et deux filles) du Québec, du Canada, des États-Unis, du Mexique, de l'Afrique du Sud, de la France, de la Bulgarie et du Brésil se retrouveront à Saint-Hyacinthe pour un tournoi au calibre relevé. Les finales seront présentées le dimanche 18 août.

Certains de ces jeunes joueurs seront les vedettes de demain sur la scène internationale. En sport, les rivalités commencent tôt. Andy Murray, par exemple, se souvient d'avoir battu Novak Djokovic en demi-finale d'un tournoi réservé aux moins de 14 ans!

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Le tennis d'élite canadien connaît une remarquable croissance. S'il est vrai que le succès entraîne le succès, cette progression se poursuivra.

Lorsqu'un Vasek Pospisil et une Eugenie Bouchard dévoilent haut et fort leurs ambitieux objectifs de classement mondial, et lorsqu'un Milos Raonic met au défi ses camarades canadiens de le rejoindre dans le top 20, on constate que ce n'est pas seulement l'encadrement qui a changé. Mais aussi les mentalités.