Des membres de trois importantes familles d'affaires québécoises envisagent de verser des millions de dollars à une campagne philanthropique afin d'appuyer le développement du Parc olympique et d'Espace pour la vie, a appris La Presse.

Joey Saputo, Stephen Bronfman et Pierre Beaudoin accueillent en effet favorablement la perspective de contribuer à une substantielle campagne de financement pour poursuivre la mise en valeur de ce pôle majeur de l'est de Montréal. Mais selon nos informations, ils ne passeront pas à l'action aussi longtemps que le dossier de la toiture du Stade olympique demeurera en suspens.

Après la déchirure à la toile du Stade en janvier 1999, les portes de l'édifice ont été fermées au public en hiver durant 10 ans. Depuis 2009, des événements y sont parfois tenus durant la saison froide, mais sont susceptibles d'être reportés à 24 heures d'avis si la météo prévoit de la neige ou de la pluie verglaçante.

Le remplacement de la toiture est envisagé depuis plusieurs années, mais le projet ne s'est jamais concrétisé. En décembre dernier, un comité présidé par Lise Bissonnette a soumis plusieurs recommandations pour donner un deuxième souffle au Parc olympique. Parmi celles-ci, l'installation d'un nouveau toit.

Consciente du caractère délicat d'un investissement pareil au moment où l'État est confronté à des choix difficiles, Mme Bissonnette avait déclaré: «C'est comme pour votre maison: parfois, des réparations sont nécessaires, même si ce n'est pas le bon moment. Mais pour continuer à l'habiter, vous n'avez pas le choix».

Trois mois plus tard, Jean-François Lisée, ministre responsable de la région de Montréal, a annoncé que le gouvernement Marois trancherait dans ce dossier avant l'été. Mais il a été rabroué par son collègue délégué au Tourisme, Pascal Bérubé, qui lui a reproché un excès «d'enthousiasme».

L'avenir de la toile du Stade olympique est actuellement à l'étude à Infrastructure Québec, l'organisme chargé d'évaluer les investissements publics de 40 millions et plus. Il est cependant clair que le pouvoir décisionnel appartient au ministre des Finances, Nicolas Marceau.

Il y a deux semaines, La Presse a révélé que la toile du Stade se dégrade à un rythme accéléré. De novembre à mars derniers, le nombre de microdéchirures a été de 2729, soit 2 fois plus que durant les 12 mois précédents, et 6 fois plus qu'en 2011.

«On essaie de la maintenir en vie avec les moyens à notre disposition», a alors expliqué David Heurtel, président-directeur général du Parc olympique.

Depuis 1999, la toile a perdu 60% de sa capacité de résistance.

Sans véritable projet de développement au début des années 2000, le Parc olympique et Espace pour la Vie, qui regroupe le Jardin botanique, le Biodôme, l'Insectarium et le Planétarium, ont reçu une injection d'adrénaline au cours des 36 derniers mois.

L'ouverture du nouveau Planétarium et la mise en valeur de l'Esplanade du Stade olympique représentent déjà un succès.

La modernisation du Centre sportif du complexe olympique, où des travaux de 25 millions sont en cours, représente un autre ajout. Il accueillera bientôt l'Institut national du sport du Québec, des installations haut de gamme destinées aux athlètes d'élite. Des projets ambitieux visant à moderniser le Biodôme et l'Insectarium sont aussi dans les cartons.

Ces initiatives, une cassure avec la morosité longtemps observée, augmentent de manière significative la fréquentation des lieux.

Conscients de cette évolution porteuse à l'aube des fêtes du 375e anniversaire de Montréal, MM. Saputo, Bronfman et Beaudoin sont prêts à contribuer de manière significative à cette lancée, ce qu'ils ont indiqué au gouvernement Marois.

Joey Saputo est familier avec le secteur, puisqu'il est actionnaire majoritaire et président de l'Impact, l'équipe de Major League Soccer qui évolue au stade Saputo, situé au Parc olympique.

Stephen Bronfman, fils de l'ancien propriétaire des Expos Charles Bronfman, détient la firme d'investissement privé Claridge. Sa fondation s'intéresse aux enjeux environnementaux, d'où un lien naturel avec Espace pour la vie. De son côté, Pierre Beaudoin est président et chef de la direction de Bombardier.

Selon nos informations, les trois hommes estiment que le Stade olympique demeure le point d'ancrage de tout le secteur. Et que sans une nouvelle toiture et une mise à jour de ses équipements, les possibilités de développement seront limitées. Cette faiblesse porterait ombrage à tout le reste.

Le partenariat entre le Parc olympique et Espace pour la vie représente une clé du succès actuel du site. Les deux organismes travaillent ensemble pour mettre en valeur cet immense quadrilatère et en faire un parc urbain de classe mondiale.

Beaucoup de travail reste à faire pour mieux intégrer ses différents pôles, faciliter les déplacements et verdir les alentours du Stade olympique, toujours dominés par des masses de béton.

L'injection de millions de dollars grâce à une campagne philanthropique appuyée financièrement par trois leaders du monde des affaires permettrait de réaliser plusieurs projets. Le secteur privé contribuerait ainsi de manière marquée à l'essor du site.

Quant au toit du Stade, le gouvernement devra trancher avant longtemps, la toile se dégradant vite. L'avenir de tout ce secteur dépendra en partie de cette décision politiquement délicate.

Ouverture : juillet 1976, à l'occasion des XXIes Jeux olympiques d'été de l'ère moderne.

Éléments : le Stade olympique, la Tour de Montréal, le Centre sportif et l'Esplanade Financière Sun Life. Le Biodôme, propriété de la Ville de Montréal, et le stade Saputo, détenu par le Groupe Saputo.

Coûts de construction : 1,352 milliard de dollars, excluant le stade Saputo.

Nombre de participants aux visites guidées : quelque 3 millions de personnes depuis 1977.

Utilisation du Stade : spectacles, événements sportifs, expositions et salons.

Source : Le Parc olympique

> Membre de la famille Bronfman, fondatrice notamment de Seagrams.

> Président de la firme d'investissement privée Claridge.

> La société détient notamment des investissements immobiliers et a été un des investisseurs privés dans Facebook, avant son entrée en Bourse.

> La valeur des actifs de M. Bronfman et de Claridge est un secret bien gardé.

> Président du club de soccer L'Impact de Montréal et du stade Saputo.

> Conseiller de Jolina Capital inc., société de gestion des actifs de la famille Saputo, qui est actionnaire d'entreprises dans les secteurs de l'alimentation, du transport, du bois d'oeuvre et de l'immobilier.

> La famille Saputo possédait une fortune de 4,23 milliards en 2012, selon le magazine Canadian Business.

> Président et chef de la direction de Bombardier inc.

> Président, Bombardier Aéronautique, Avions d'affaires à compter de février 2001, puis président et chef de l'exploitation de Bombardier Aéronautique, en octobre de la même année.

> La famille Bombardier était à la tête d'une fortune de 1,89 milliard en 2012, selon le magazine Canadian Business.

Source : Bombardier inc. et Canadian Business