Après des années de petite misère, le Parc olympique connaît un nouvel élan. Cet été, près de 100 000 personnes ont participé à des activités sur l'esplanade au pied du Stade.

Mini-tennis, tournoi de basket à trois contre trois, arrivée du Grand défi Pierre Lavoie ou concert de l'OSM, l'action n'a pas manqué dans ce qui était jusque-là un désert de béton.

David Heurtel, le nouveau président du Parc olympique, relève peu à peu la première manche de son pari: modifier notre rapport avec cet immense espace de l'est de Montréal.

Le comité de Lise Bissonnette a aussi contribué à secouer notre torpeur face à l'avenir du Parc olympique. Des centaines de citoyens ont réfléchi à la question. Soudainement, imaginer des projets emballants de développement est devenu permis.

C'est en plein coeur de cette mini-révolution que le gouvernement de Pauline Marois prend le pouvoir. Son impact sera décisif pour la suite des choses. Que fera le nouveau Conseil des ministres? Encouragera-t-il cette impulsion ou la stoppera-t-il net et sec?

Un dossier donnera le ton: celui du toit du Stade olympique.

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Depuis la déchirure de la toile en janvier 1999, aucune activité n'est tenue au Stade durant la saison hivernale. Pour un équipement de cette ampleur, il s'agit d'une aberration.

Après des années de tergiversations, un choix doit maintenant être arrêté. Remplace-t-on le toit actuel par une nouvelle structure ou laisse-t-on le Stade à ciel ouvert?

Au cours des derniers mois, la direction du Parc olympique a examiné les options en compagnie d'Infrastructures Québec. Cet organisme gouvernemental chapeaute les projets immobiliers nécessitant des investissements publics supérieurs à 40 millions comme, notamment, celui du nouvel amphithéâtre de Québec.

Cinq scénarios sont sur la table: toit rigide fixe ou rétractable; toit souple fixe ou rétractable; ou pas de toit du tout, un choix qui entraînerait néanmoins une facture importante pour hiverniser le Stade. Les coûts vont de 100 millions à 500 millions, avec plusieurs options entre ces deux extrêmes.

Ironiquement, si le conflit étudiant n'avait pas monopolisé l'actualité le printemps dernier, la décision serait sans doute arrêtée.

Mais dans ce contexte chaud, le gouvernement libéral n'a pas bouclé le dossier. Pas question d'annoncer un investissement de plusieurs dizaines de millions dans le Stade au moment où la hausse des droits de scolarité était si vivement contestée.

Le conflit étudiant devrait se résorber avec l'élection de Mme Marois. N'empêche que toute décision à propos de l'avenir du Stade suscitera la controverse.

Pour une génération de Québécois, cette structure audacieuse demeure d'abord et avant tout le symbole du désastre financier des Jeux olympiques de Montréal. Il a fallu attendre 30 ans, soit l'automne 2006, avant que la dette des installations soit entièrement remboursée.

Avec le passage du temps, le cynisme qui a longtemps défini notre relation avec les installations olympiques s'estompe néanmoins peu à peu. Des millions de Québécois sont trop jeunes pour avoir été marqués par le côté noir de l'aventure olympique.

David Heurtel, qui a été attaché politique au cabinet de Bernard Landry au début des années 2000, est de ceux-là. Voilà pourquoi une de ses premières décisions à la tête du Parc olympique a été de souligner le 36e anniversaire de l'ouverture des Jeux de Montréal en juillet dernier. Et il promet déjà une fête d'envergure pour le 40e, en 2016.

Enfin, Montréal ose célébrer publiquement son héritage olympique! J'utilise le mot «publiquement», car on oublie trop souvent que le Stade abrite des installations de classe mondiale utilisées par nos athlètes d'élite. En s'y entraînant en vue des prochains Jeux, ils perpétuent la mission olympique des lieux.

Ces équipements seront bonifiés au cours de la prochaine année grâce à un investissement de 24 millions du gouvernement du Québec.

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Une ville comme Montréal doit compter sur un grand stade, qui fournit de formidables occasions de rassemblement.

On l'a bien vu avec les deux matchs de l'Impact qui ont attiré 60 000 spectateurs le printemps dernier. Et sans le Stade, Montréal n'aurait pas été choisie parmi les villes canadiennes qui accueilleront des matchs de la Coupe du monde de soccer féminin en 2015.

Au cours des derniers mois, plusieurs groupes ont donné leur avis sur le toit du Stade. Un consensus se dégage: il ne faut pas laisser l'enceinte à ciel ouvert. La Ville de Montréal et Sports-Québec militent en faveur d'un toit rétractable. Ce choix augmenterait la possibilité d'attirer des événements d'envergure hiver comme été.

Il s'agit en effet de la meilleure solution. Elle consoliderait le statut du Parc olympique comme pôle sportif et culturel majeur.

À Vancouver, l'installation d'un toit rétractable au BC Place a coûté 240 millions. Une somme semblable, peut-être un peu moins, sera nécessaire à Montréal. «Il ne faut pas seulement voir ça comme une dépense, mais aussi comme un investissement», dit David Heurtel.

Pour la première fois en 30 ans, une vision d'ensemble est proposée pour le Parc olympique. Déjà, le secteur privé accepte d'y participer, comme en fait foi la commandite de la Financière Sun Life à l'esplanade du Stade.

Un nouveau toit permettra la poursuite de cette relance, au profit des habitants du quartier et de tous les Québécois. La décision de Pauline Marois est attendue avec impatience.

Pour joindre notre chroniqueur: pcantin@lapresse.ca