Jean-Marc Robitaille a donc menti. Il ne l'a pas dit en autant de mots, il a utilisé une formule alambiquée dans un communiqué de presse: «Je n'ai pas dit la vérité.» Il est allé sur le yacht de Tony Accurso. C'est Tony Accurso qui a payé ses frais. Deux fois. L'histoire ne dit pas si Tony a fourni le Speedo de Robitaille.

En début de semaine, le maire de Terrebonne n'avait pas de mots assez forts pour nier les affirmations du plus célèbre entrepreneur de l'Histoire du Québec. Puis, hier, il a confirmé s'être fait bronzer aux frais d'Accurso.

Un maire est pour ainsi dire inamovible. Il est pour ainsi dire imperméable à la pression politique. Député, Jean-Marc Robitaille aurait déjà été expulsé de son caucus. Ministre, il serait déjà en BIXI, derrière sa limousine, prêt à siéger comme député indépendant. Maire, il peut rester à son poste, peinard, à moins d'être accusé au criminel.

En 2010, quand le bateau de Tony Accurso est devenu synonyme de toute une culture de copinage entre gens de pouvoir et gens de construction, Robitaille s'est fait demander s'il avait séjourné sur le luxueux yacht. Pas de vos affaires, avait-il dit: c'est ma vie privée.

Les questions ont continué à flotter et Jean-Marc Robitaille les a ignorées. Stratégie payante: il a été réélu maire de Terrebonne avec une belle majorité en novembre dernier. Ce n'est qu'après l'élection qu'il a fait l'aveu: oui, je suis allé sur le bateau de Tony Accurso. Une fois. Et j'ai payé mes frais lors de ce voyage dans le Sud où je suis tombé par hasard sur lui...

On sait maintenant que c'était un mensonge.

La question qui tue, elle est évidente comme le ventre de Johnny Lavallée se faisant bronzer sur le pont du Touch: si ce voyage sur le Touch était parfaitement innocent, pourquoi M. Robitaille a-t-il menti pour cacher la nature de ses séjours?

Laissons aux bonnes gens de Terrebonne qui l'ont réélu avec 62% des voix le soin de lui poser cette question quand ils le croiseront devant le rayon des saucisses au IGA local. Je vous laisse sur cette citation du maire, hier, au micro de Marie-France Bazzo: «Je ne vais pas recommencer à dire des mensonges en disant la vérité.»

Ça ne s'invente pas.

ALCOA - Dans une récente chronique où j'exprimais mon indignation devant le déni de négociation que se propose d'imposer Québec aux syndicats municipaux dans l'affaire des caisses de retraite, j'ai rappelé que l'État a bizarrement toujours de l'argent pour accommoder la grande industrie...

J'ai évoqué le chantage aux jobs fait par Rio Tinto Alcan quand le gouvernement péquiste a voulu revoir la vente au rabais d'électricité à cette grande aluminerie.

Je me suis trompé: c'est Alcoa, pas RTA, qui a fait ce chantage aux jobs.

Et qui a gagné.

LE SUICIDE - Abondant courrier à la suite de ma chronique sur Luc Gagné, qui a trouvé son père mort par suicide il y a un an. Je réalise à vous lire que c'est une affaire universelle, le suicide. Tout le monde a son histoire.

Je note que les choses s'améliorent, lentement mais sûrement. Les taux de suicide diminuent, au Québec. Nous ne sommes plus les «champions» occidentaux du suicide, comme c'était le cas il y a une décennie.

Je note aussi que les hommes sont surreprésentés dans les statistiques de suicide: deux tiers sont des hommes. Statistique connexe: 48% des appels à la ligne d'urgence de l'Association québécoise de prévention du suicide sont des hommes.

Peut-être qu'on se tue plus parce qu'on parle moins?

Parlez, les gars.