Ron MacLean anime depuis toujours Hockey Night in Canada, à CBC. Ce n'est généralement pas lui, le sale con, à l'émission. C'est d'ordinaire Don Cherry, celui à qui il sert de faire-valoir quand le Cro-Magnon à habits bariolés dit des sottises sur le sport et sur la vie, entre la première et la deuxième période.

Mais hier, à Montréal, Ron MacLean a dit une énorme sottise, en passant la rondelle aux analystes P.J. Stock et Elliotte Friedman, entre les 2e et 3e périodes du match qui allait finalement clore la série Canadien-Tampa Bay.

Je résume: l'arbitre du match 4 s'appelle François St-Laurent. Comme son nom l'indique, c'est un francophone. Un Québécois.

Dans le match 3, un autre francophone, Francis Charron, a refusé un but au Lightning - refus avalisé par la reprise vidéo de la LNH -, ce qui a éteint le club de Tampa Bay. Mini-controverse au menu.

MacLean a commencé par dire du bout des lèvres que Tampa Bay n'était pas chaud à l'idée d'avoir un arbitre francophone hier soir...

Friedman a décidé de nommer les choses: «Tu parles du facteur francophone chez les arbitres?

- Absolument, a répondu MacLean. Pourquoi tenter le diable [why would you tempt fate] et te mettre dans cette position délicate? Je trouvais que c'était une affectation risquée.»

P.J. Stock - un Anglo-Québécois - s'est indigné, rappelant que la décision de l'arbitre du match 3 était, au final, la bonne.

Friedman: «Donc, tu penses qu'il ne devrait jamais y avoir d'arbitres francophones au Québec?»

MacLean: «Juste pour ce quatrième match. Vu ce qui s'est passé au match 3.»

Je n'en croyais pas mes oreilles. J'ai levé le son. Friedman et Stock étaient clairement gênés par les propos du redneck payé par mes taxes. Et les vôtres.

Je sais que MacLean voulait dire qu'au nom des apparences, pour apaiser ceux qui pourraient penser qu'un arbitre francophone va forcément favoriser le club des francophones, la LNH aurait dû envoyer St-Laurent aux îles Mouk-Mouk pour le match 4.

Donc, selon MacLean, on accommode les imbéciles qui pensent que le tribalisme est si fort qu'il supplante dans la tête d'un arbitre francophone son premier devoir, qui est d'appliquer les règles?

C'est une forme de racisme soft, ça.

Et si vous pensez le contraire, demandez-vous si Ron MacLean aurait osé dire qu'un arbitre noir ne pourrait pas - pour ménager les cons - arbitrer quand P.K. Subban joue.

C'est P.J. Stock qui a eu l'argument qui tue: «Et on fait quoi avec [l'arbitre] Dave Jackson? C'est un Anglais de Montréal.»

Ron MacLean n'a pas répondu.

AJOUT : Entre la rédaction de cette chronique lundi en fin de soirée et sa mise en ligne aujourd'hui, le mardi 23 avril, Ron MacLean a formulé des excuses et précisé que ses vues touchaient aussi - par exemple - des arbitres albertains qui seraient hypothétiquement appelés à officier des matches de Calgary et Edmonton. Je trouve que cette mise au point suinte le «damage control»: quand Elliotte Friedman a invité MacLean à préciser sa pensée (Are you saying the French referee thing), celui-ci a répondu: «Absolument.» MacLean aurait pu glisser l'exemple des arbitres albertains, là, en direct, en professionnel de la communication qu'il est. Il ne l'a pas fait.

Cocothongate

Je regarde comme vous tous ce qui s'est passé au Cocothon de Laval, samedi dernier, et j'ai un peu honte.

Honte, parce que je ne fais jamais de belles activités comme ça avec mon héritier, moi. J'haïs ça, les «activités».

Cette carence en activités familiales va sans doute le détraquer de quelque sombre façon, quelque part dans le reste de sa vie. Un jour, c'est sûr, il m'en fera le reproche:

«Pourquoi on ne faisait pas des belles activités, quand j'étais petit, espèce de père indigne?

- Des activités?

-Ben là, comme le Cocothon...»

Je devrai lui expliquer que j'haïs ça, les «activités». Dans ma vie de père, les «activités», c'est l'équivalent touristique de monter dans un autobus avec 46 autres êtres humains pour aller à Percé.

C'est pas commencé que je veux déjà m'ouvrir les veines...

Si vous riez, c'est que vous n'êtes jamais allé à Percé. Mais je m'éloigne...

Revenons à Laval, où les lendemains du Cocothongate sont douloureux. On cherche des coupables. On se plaint du manque de sécurité, d'organisation, d'eau, de toilette, d'hélicoptères et de policiers en tenue anti-émeute.

Une mère évoque même l'idée d'un recours collectif, question de réarranger les chakras de cette injustice flagrante. On a les Nelson Mandela qu'on peut.

Personnellement, je penche pour une commission royale d'enquête. Aller se tâter le bobothon, voyez-vous. On pourrait faire témoigner chaque parent présent et lui poser une question bien simple...

Quand vous avez constaté qu'il y avait le début de l'ombre du danger d'une bousculade, ça ne vous a pas tenté de crisser votre camp à la maison en faisant une escale au Laura Secord?

Rien ne se perd, rien ne se crée

C'est un souverainiste qui parle...

«Beaucoup d'indépendantistes nous disent aujourd'hui qu'ils se sont battus pour rien et que la grande bataille qu'ils avaient entreprise n'était rien d'autre, au fond, qu'un trip de jeunesse...»

C'est Pierre Bourgault qui disait cela, en... 1989.

Page 193 de Moi, je m'en souviens, sa réponse au Attendez que je me rappelle, l'autobiographie de René Lévesque (1986)...

On lit la prose - et quelle prose - de Bourgault en 1989 et c'est fou comme, 25 ans plus tard le PQ est devant les mêmes dilemmes, les mêmes impasses, les mêmes critiques, dans le constat de son incurie...

Un autre bout: «La plus grande erreur que nous ayons faite dans le passé fut de cesser de parler d'indépendance et d'en expliquer les bienfaits.»

Pour Bourgault, même Parizeau - nouveau chef du PQ à l'époque - ne parlait pas assez de souveraineté.

Rien ne se perd, rien ne se crée: le PQ, toujours écartelé entre en parler ou pas.