En allant au lit, lundi soir, j'ai appris par Twitter que les vitrines de La Presse avaient été fracassées au moment où des étudiants en manifestation passaient devant le journal. Mardi matin, stupeur: c'est mon image et celle de Sophie Cousineau qui en avaient pris pour leur rhume!

Dans mon cas, on a raté de peu mes bijoux de famille. Mais on a ciblé mon genou, mon genou blessé. C'est chien, ça...

Puis, mardi après-midi, LaPresse.ca a diffusé les images captées par nos caméras de surveillance.

On y voit un petit con sortir de la manif qui passait devant La Presse, sur Saint-Laurent, pour frapper dans les vitrines du journal. Il se passe alors ce truc tout à fait réjouissant: la foule prend le casseur à partie, l'avale littéralement. On voit que le petit con passe un mauvais quart d'heure, on voit que les étudiants ne veulent pas que leur manif soit piratée par des gestes violents.

Plus tôt ce lundi-là, le sit-in des étudiants s'était déroulé de façon tout à fait tranquille. Un beau cas de manifestation bien organisée, sans provocation faite aux flics. Qui n'ont eu aucun prétexte pour poivrer ou matraquer des étudiants. Bravo.

Autre vidéo réjouissante, toujours sur LaPresse.ca, celle d'étudiants qui, mardi, engueulent ces braves manifestants masqués, sombrement vêtus, portant des drapeaux noirs. Quand, dans une manif, t'es déguisé en casseur, c'est peut-être parce que t'as l'intention de faire de la casse. C'était formidable de voir des étudiants oeuvrant à visière levée leur crier de s'en aller...

Je peux me tromper, mais depuis le début de la semaine, grosso merdo, on dirait bien que les policiers de Montréal se sont aussi calmé le pompon. Peut-être que c'est l'effet de l'attention médiatique, qui a mis la loupe sur leurs matraques, je ne sais pas trop. Mais devant la manif pacifique de lundi, par exemple, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a agi avec une retenue qui n'était pas la sienne depuis le début des rassemblements étudiants.

Mais il est clair que des éléments anarchistes profitent des manifestations étudiantes, comme ils profitent d'autres mouvements de masse, pour se frotter aux flics, pour faire de la casse et jouer aux courageux révolutionnaires d'opérette. C'était le cas au sommet des Amériques de 2001, c'est encore le cas en 2012 pour les manifestations étudiantes.

Le SPVM a fait hier une démonstration de ses joujoux de contrôle de foule. Personnellement, j'ai hâte de voir des actions ciblées qui permettraient de démasquer ces types en noir. Ça se fait, non? Je ne veux pas penser que ça fait l'affaire des flics d'avoir un prétexte pour disperser des manifestants pacifiques...

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Aujourd'hui, c'est le 15 mars. C'est le jour où, traditionnellement, se tient à Montréal une manifestation contre la brutalité policière. Une manifestation qui, de façon prophétique, tourne à l'affrontement entre les flics et des casseurs. C'est le Woodstock annuel des croqueurs de flics.

Elle survient dans un contexte de grève étudiante. Ça n'a bien sûr rien à voir avec la manifestation étudiante. Être un leader en grève, pas sûr que j'associerais mes troupes à cette gang-là.

Pourquoi?

Parce que le proverbial momentum - comme on dit à L'antichambre de RDS - est du bord des étudiants. Ils ne montrent pas de signes d'essoufflement. Ils ont montré cette semaine qu'ils peuvent manifester pacifiquement. En plus, le maire de Montréal est tanné que sa ville soit utilisée par les manifestants...

La pression n'est pas sur les étudiants.

Elle est, de plus en plus, sur le gouvernement.

Ce n'est pas le moment, en allant vous faire plaisir à manifester contre la brutalité policière (et vous auriez des raisons de le faire), d'être instrumentalisés par les casseurs qui n'aiment rien de plus que de jouer, chaque fin de printemps, au chat et à la souris avec le SPVM.