Je les écoute, tous, depuis trois jours, et c'est l'évidence: tous des comédiens...

Commençons par Alain Simard. Impossible que le président de Spectra n'ait pas eu l'aval d'un ministre poids lourd. IMPOSSIBLE.

Le calendrier des festivals de Montréal est une patate chaude politique depuis toujours. Généralement arbitrée dans les cabinets de ministres, dans un axe impliquant la Culture, le Tourisme et le ministre responsable de Montréal. Sous le PQ et le PLQ.

Raymond Bachand, ministre des Finances et ministre responsable de Montréal, savait que Spectra allait déplacer les FrancoFolies d'août à juin. Et il n'a pas protesté. Ça veut dire qu'il approuve.

Alain Simard a annoncé ce déplacement parce qu'il croyait que, avec l'appui de Bachand, le gouvernement n'allait pas rechigner.

M. Simard joue la comédie sur le fond quand il s'étonne du boucan causé par ce déplacement. Il la joue dans la forme quand il se met à nous remplir avec ses histoires de collaboration interfestivalière et de touristes français à qui on pourrait vendre de la chanson française, de la culture autochtone et des baleines de Tadoussac dans le même voyage en autobus climatisé, si-seulement-on-collaborait-tous-ensemble.

Le maire Labeaume, ensuite. Il veut nous faire croire que Québec, qui est capable d'attirer Paul McCartney et Céline Dion pour des spectacles grandioses sur les Plaines, Québec qui a fait de ce 400e un succès boeuf, devient un tout petit agneau sans défense et qui boite si les dates des FrancoFolies empiètent sur celles du Festival d'été.

Là où Régis Labeaume ne fait pas le clown, c'est quand il lance le ballon des festivals dans la cour des politiciens. Son seul espoir, c'est que Sam Hamad, ministre responsable de la région de Québec, ait le dessus sur Raymond Bachand, ministre responsable de la région de Montréal.

Daniel Gélinas, directeur du Festival d'été et accessoirement sauveur du 400e, maintenant. M. Gélinas, lui, joue dans l'exagération. En parlant de M. Simard: «Il est en train de tuer ce qui reste de la mission francophone du Festival d'été.»

Moi qui croyais que le 400e avait fait disparaître le complexe d'infériorité de Québec.

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Arrive Tadoussac, qui fulmine lui aussi parce que son Festival de la chanson va devoir partager le mois de juin avec les FrancoFolies.

Premièrement, je suis stupéfait d'apprendre qu'il y a un Festival de la chanson à Tadoussac. Je croyais qu'on n'y trouvait que des baleines et un traversier. Stupéfait d'apprendre, aussi, que la programmation d'un festival montréalais a un impact potentiellement délétère sur un festival... de la Haute-Côte-Nord!

Tadoussac reprend la même rengaine que M. Gélinas, à savoir la concurrence entre festivals pour attirer des artistes francophones. Je tombe sur le derrière, vraiment.

Il n'y a pas suffisamment d'artistes au Québec et dans la francophonie pour occuper les scènes du Festival d'été, des FrancoFolies et du Festival de Tadoussac?

Sérieux?

Toujours dans le rayon théâtre, c'est André Dudemaine, qui a parlé de «racisme» pour qualifier le déplacement des FrancoFolies. M. Dudemaine est patron de Présence autochtone, un festival qui, comme son nom l'indique, met en vitrine nos Amérindiens.

Premièrement, je suis heureux d'apprendre qu'il y a une telle chose que Présence autochtone, je n'étais pas au courant. Deuxièmement, vu la propension de M. Dudemaine à lancer des accusations de racisme, je préfère ne pas dire ce que m'inspire sa stupide contribution au débat: il pourrait m'accuser de nettoyage ethnique.

Mario Beaulieu, président de la Société Saint-Jean-Baptiste, a lui aussi vu la nuée de caméras et de micros et en a profité pour sauter dans la mêlée pour... pour... pour... En fait, je ne sais pas pourquoi il a cru bon de faire une sortie publique, hier.

Il craint que des FrancoFolies en juin ne banalisent les pow-wow de la Fête nationale, les 23 et 24 juin. Alors que Spectra s'engage à ne pas concurrencer les spectacles des 23 et 24 juin! Cela bouscule le calendrier des festivals, pleurniche M. Beaulieu. Hon! Quel argument de fédéraliste: ça-bouscule-l'ordre-établi-ouache-ouache.

Un comédien, lui aussi.

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Résumé: belle tragicomédie pour un beau p'tit peuple.