C'est aujourd'hui qu'on va tout savoir sur le retour à la radio de Nathalie Normandeau : quelle case elle va occuper sur les ondes de BLVD 102,1 à Québec et si elle le fera seule ou avec d'autres.

Sans surprise, l'annonce de son retour au micro a fait des vagues et soulevé l'indignation des élus. Exception faite de deux députés fédéraux de la région de Québec - Jean-Yves Duclos et Joël Lightbound -, la classe politique québécoise au complet a décidé de la bouder et refuse de lui accorder des entrevues en raison de la gravité des accusations qui pèsent sur elle.

Idem du côté des auditeurs de Québec. Selon un sondage mené par Le Journal de Québec, un peu plus de 60 % des répondants promettent de ne pas écouter Nathalie Normandeau, certains carrément furieux que l'on accorde une telle tribune à une dame qui est accusée de corruption, de fraude et d'abus de confiance et qui doit d'ailleurs revenir en cour le 29 août prochain.

Cette affaire, bien sûr, soulève plusieurs questions sur la présomption d'innocence, sur la foi aveugle de l'opinion publique par rapport aux accusations portées par la police et automatiquement sanctifiées, et sur la démagogie de certains détracteurs qui n'hésitent pas à ridiculiser et à noircir l'accusée pour mieux se blanchir eux-mêmes.

Reste qu'il est indéniable qu'en revenant en ondes, Normandeau s'aventure sur un terrain miné. Qu'elle l'admette ou non, les circonstances l'ont amputée d'une partie de sa liberté de parole et d'opinion.

Les accusations qui pèsent sur celle dont le nom apparaît 175 fois dans le rapport de la commission Charbonneau sont graves.

Mais bien franchement, ce n'est pas tant la gravité de la charge qui me frappe que le fait que Nathalie Normandeau soit la seule membre du gouvernement Charest qui se retrouve à la barre des accusés.

Comme si elle était la seule et unique architecte d'un vaste système de corruption et qu'elle avait tout décidé, tout manigancé, tout orchestré elle-même sans l'appui, la caution, la complicité ou l'assentiment de personne d'autre au gouvernement.

Bref, permettez-moi de croire qu'elle est un bouc émissaire idéal, qu'elle soit coupable ou non.

Chose certaine, son retour en ondes comme celui de Jeff Fillion qui revient à CHOI-FM ou l'arrivée de Bernard Drainville au FM93 sont autant d'indicateurs que la radio à Québec bouge, qu'elle ose, qu'elle déménage. On peut l'aimer ou non, être d'accord ou non avec son contenu, force est de constater que l'action n'y manque pas.

À côté de la radio de Québec, celle de Montréal fait figure d'encéphalogramme plat. La seule nouveauté de la rentrée semble être l'arrivée de Marie-Claude Barrette à Rouge FM dans l'émission du retour autrefois animée par Marina Orsini. L'animatrice de Deux filles le matin est entourée pour l'occasion de deux autres filles - l'actrice Brigitte Lafleur et Karine Champagne, anciennement de LCN et de TVA Sports - dans un concept fourre-tout dont le titre, Contact, donne un brin dans le site de rencontre.

J'ai écouté la première semaine de l'émission. J'avoue l'avoir écoutée avec mes oreilles de radio-canadienne invétérée, d'où le choc culturel que j'ai subi.

Mardi, par exemple, les sujets abordés allaient de la pesée dans les écoles publiques au salaire minimum à 15 $ en passant par la pratique du pourboire, tout cela bourré en une petite demi-heure et entrecoupé de tubes tonitruants d'une pop colonisée anglophone. What the fuck ?

Mais qui donc a imaginé une formule aussi erratique où la pauvre animatrice qui essaie de communiquer du contenu est constamment obligée de faire une pause musicale de discomobile. À ce que je sache, on est à la radio, pas au Lovers de Laval !

Dès le lendemain, le rouge de Rouge FM avait viré au rose nanane alors que les filles de Contact se penchaient sur une grande question existentielle : la propreté de votre véhicule, mesdames. Ainsi avons-nous entendu Hélène de Terrebonne nous raconter qu'il y avait des miettes de muffin dans son char ainsi que des bacs de recyclage sur le siège arrière. Wow, voilà une information débordante d'authenticité dont je n'aurais su me passer.

Jeudi, la grande primeur avec Céline Dion annoncée cent fois pour nous garder à l'écoute s'est avérée une entrevue de Mike Gauthier sur son entrevue avec Céline... et un mini-extrait d'une minute et des poussières de ladite entrevue. Bonjour la primeur.

C'est vrai : à part quelques infidélités, je suis une radio-canadienne invétérée dont l'oreille a été formée (ou déformée) par une radio de contenu sans matraquage publicitaire. Je m'en prends à Contact, mais dans le fond, cette émission n'est pas meilleure ni pire que les autres au privé, excluant évidemment l'émission de Paul Arcand.

Ce que je reproche surtout à la radio privée montréalaise, c'est de cantonner les animatrices dans des formats légers et frivoles, à forte tendance matante. Exception faite d'Isabelle Maréchal, les femmes à la radio privée servent surtout à vendre des produits de beauté ou des probiotiques. Elles ne représentent aucun risque. Elles n'en prennent aucun, non plus. Elles sont bien payées pour perpétuer un système marchand qui entretient un degré zéro de conscience. À ce compte-là, en attendant que la justice suive son cours, aussi bien écouter Nathalie Normandeau.

Photo Olivier PontBriand, Archives La Presse

Marie-Claude Barrette est à la barre de Contact, la nouvelle émission du retour de Rouge FM.