J'ai d'abord pensé à Louise, sa femme et son amoureuse depuis plus de 40 ans. Puis j'ai pensé à l'autre, celle que Marcel Côté a aimée presque autant: sa ville, Montréal, où il n'est pas né mais qu'il a adoptée et pour laquelle il s'est engagé à fond. En paroles, mais surtout en gestes concrets, en élans et en actions.

Depuis que son coeur a subitement arrêté de battre dimanche, j'essaie d'imaginer Montréal sans Marcel Côté, sans ses idées, sans sa compréhension fine des enjeux, sans sa lucidité, sans sa générosité, sans son engagement, sans son talent pour réunir les gens, sans son sourire rassembleur.

Je me demande comment la métropole culturelle en laquelle il croyait tant et qui doit devenir une réalité en 2017 va continuer à se construire sans son enthousiasme et son énergie. Je me demande comment tous les conseils d'administration en culture dont il était membre - celui de l'Orchestre symphonique de Montréal (OSM), du musée McCord, de la Société de musique de chambre de Montréal, de Montréal en lumière et de la Fondation du Musée d'art contemporain - vont arriver à combler le vide laissé par son départ.

Et puis il y a la chorégraphe Marie Chouinard. Marie qui avait invité Marcel à une grande fête dans son jardin la veille de sa mort. Marie qui blaguait et buvait du vin avec lui sans se douter que c'était la dernière fois. Marie qui, aujourd'hui, se sent orpheline. Marie qui a perdu un ami mais qui sait aussi que son avenir et celui de sa compagnie sont assurés, un peu grâce à Marcel.

Quand ils se sont rencontrés, Marie rêvait depuis 10 ans de trouver une nouvelle maison pour ses danseurs qui s'exténuaient dans des locaux de répétition pauvres et poussiéreux. C'est elle qui a trouvé l'édifice au pied de la montagne, mais c'est Marcel qui a facilité l'obtention de subventions de 2,6 millions du Musée d'art contemporain et de Patrimoine Canada pour le rénover. C'est Marcel encore qui l'a aidée à lancer une campagne qui a rapporté les 600 000$ qui ont permis de compléter le financement de la nouvelle maison. C'est Marcel, président de son C.A. depuis 12 ans, qui, chaque année, aidait à amasser des fonds pour que la compagnie soit en bonne santé financière.

Mais pour Marie, ces histoires d'argent ne doivent surtout pas éclipser le plus important: l'immensité du coeur de Marcel Côté, cet élan qui le poussait à aider les autres, à donner de son temps et de son énergie sans compter, dans la bonne humeur et avec le sourire. Pas un sourire mièvre; un sourire un peu torve, un peu moqueur, mais débordant de gentillesse.

On ne le répétera pas assez: même s'il venait du monde des affaires et qu'il n'avait rien d'un artiste, Marcel Côté a contribué de manière considérable à la vie culturelle montréalaise. Il a été un des premiers à militer pour que le monde des affaires s'investisse dans la culture, un des premiers à reconnaître l'apport de la culture comme levier économique. Il l'a fait bien avant que ça ne devienne à la mode pour les PDG des banques et des entreprises de s'associer au monde culturel par des commandites ou du mécénat. En fait, c'est souvent grâce à lui, à ses appels répétés, à ses rappels bienveillants, que ces deux mondes-là se sont rapprochés.

Marcel a rapproché des mondes et il a ouvert des portes. Les portes des Galeries Lafayette, pour lesquelles il était consultant, à Mariouche Gagné de la boutique Harricana. Les portes de la nouvelle salle de l'OSM en orchestrant une rencontre entre la présidente du Conseil du trésor, Monique Jérôme-Forget, et la directrice de l'OSM, Madeleine Careau, qui ne s'étaient jamais rencontrées et qui, grâce à lui, sont devenues des amies. Mais ce qui va le plus manquer à Madeleine Careau, qui travaillait étroitement avec lui, c'est l'esprit libre de Marcel, sa façon de parler librement sans jamais calculer.

Depuis dimanche, comme Marie et comme Madeleine, Montréal est un peu orphelin. Mais il est aussi riche de tout ce que Marcel Côté a fait pour lui et riche de son esprit qui, lui, ne mourra jamais.

On en parle trop

Des mesures de sécurité qui devraient être implantées pour contrer le vol de bébés. D'abord, le vol de bébés n'est pas exactement un sport national. Avant que ça se reproduise, un siècle va s'écouler. Au nom d'un évènement EXCEPTIONNEL, vous voulez vraiment qu'on installe des sacs de sable et des gardes armés de mitraillette devant toutes les pouponnières du Québec?

On n'en parle pas assez 

Du fameux ICI imposé à Radio-Canada dans les logos et les amorces en ondes. Malgré la pluie de protestations, l'ICI continue de se répandre comme de la mauvaise herbe. Les derniers à y succomber sont Espace Musique et Espace.mu. Le 2 juin prochain, ils perdront leur identité pour devenir ICI Musique. Visiblement, à Radio-Canada, les tenants de l'ICI n'en font qu'à leur tête.