Comme la musique pop ou le cinéma, l'art contemporain regorge de vedettes, de grandes pointures et de créateurs hors pair. Sauf qu'en musique pop ou en cinéma, les oeuvres et leurs créateurs circulent vite et parviennent à nous sans problème. Du moins dans la plupart des cas. En art contemporain, c'est plus compliqué et passablement plus cher.

Prenons une figure majeure de l'art contemporain comme Louise Bourgeois, cette incroyable sculptrice née en France mais naturalisée américaine, morte au sommet de sa gloire à 98 ans en 2010. Ses araignées géantes et emblématiques ne courent pas les rues. Vous les trouverez surtout au Guggenheim de Bilbao, au Tate Modern de Londres ou au MoMA de New York. Et hormis le bronze de Maman, une gigantesque araignée dédiée à sa mère et acquise par le Musée des beaux-arts du Canada pour la modique somme de 3,5 millions (le tiers du budget d'acquisition du musée), le Canada ne peut pas se payer du Louise Bourgeois - et le Québec encore moins. Les prix de la dame sont tout simplement au-dessus de nos modestes moyens.

Du moins, c'est ce que je croyais avant d'entrer en collision, cette semaine à Montréal, avec La chambre rouge, une installation de Louise Bourgeois qui date de 1964.

Contre toute attente, cette collision n'a pas eu lieu au Musée d'art contemporain, qui a acquis La chambre rouge en 1995. Elle a eu lieu au Musée des beaux-arts de Montréal dans le cadre de l'expo 1 + 1 = 1, une entreprise commune du MBAM et du MAC afin de célébrer les 50 ans du MAC.

En voyant cette installation étrange, censée reproduire la chambre d'enfant de Louise Bourgeois, avec ses grosses bobines de fil rouge en hommage aux tisserands de sa famille, j'ai eu une sorte de cri du coeur. Ça nous appartient, ça! me suis-je écriée, estomaquée de constater que Montréal et ses musées avaient déjà eu les moyens de se payer un Louise Bourgeois.

Réunion impromptue

Je n'étais pas au bout de mes surprises. Car dans cette formidable expo que je recommande à quiconque s'intéresse à l'art contemporain depuis toujours ou depuis hier, comme moi, il y a une profusion de trésors à découvrir. Des trésors qui dormaient dans les réserves au sous-sol des deux musées et qui, pour la plupart, portent la signature de grands noms de l'art contemporain: des noms comme Marc Quinn, Jana Sterbak, Cindy Sherman, Nan Goldin ou Bill Viola.

Toutes les stars internationales de l'art contemporain semblent s'être donné rendez-vous chez nous cette semaine. Leur réunion impromptue veut dire beaucoup de choses. D'abord que Montréal est une ville d'art contemporain et que cela ne date pas d'hier. Ce n'est peut-être pas la nouvelle du siècle, mais elle mérite d'être dite et répétée.

Cela veut dire aussi qu'au fil des 50 dernières années, la ville et ses musées ont pu profiter de l'expertise de fins connaisseurs en art contemporain. Grâce à leur flair et à leur travail en amont, Montréal et ses musées ont pu se doter d'oeuvres majeures avant qu'elles ne deviennent hors de prix.

Cinquante ans plus tard, des générations spontanées d'amateurs d'art contemporain ou de futurs artistes d'ici n'ont pas besoin d'aller à Londres ou à Bilbao pour se frotter à de grandes oeuvres, belles ou laides, folles ou dérangeantes, subtiles ou tordues, qui, toutes à leur manière, nous parlent du temps présent et de la drôle d'époque dans laquelle nous vivons.

Le but de cette expo, on l'a dit, était de mettre en valeur les trésors qui dorment dans le sous-sol des deux musées et qui, faute d'espace, ne peuvent être exposés. Mais en fin de compte, ce que cette expo prouve noir sur blanc, c'est l'impérieuse nécessité d'agrandir le Musée d'art contemporain. Pauline Marois a déjà donné son appui au projet d'agrandissement. Sauf que, concrètement, son appui se limite pour l'instant à un chèque de 550 000 $ pour payer l'étude qui permettra d'établir les coûts du projet. C'est bien beau, les études à n'en plus finir, mais à mon humble avis, la meilleure étude du genre est exposée en ce moment et jusqu'en juin au Musée des beaux-arts de Montréal.

On n'en parle pas assez

Des événements en Ukraine qui exposent avec une douloureuse acuité non seulement la violence de ses dirigeants, mais aussi les extrêmes jusqu'où ils sont prêts à aller pour maintenir le statu quo. Et pendant que l'Europe et l'Occident se désolent de la situation sans intervenir, les kalachnikovs russes entrent à pleines portes en Ukraine. C'est la première fois que j'ai aussi mal à mes origines ukrainiennes.

On en parle trop

De la trop bonne organisation des Jeux de Sotchi, de l'atmosphère champêtre et de l'accueil telllllllement chaleureux des Russes. On oublie que ces Jeux, les plus chers de l'Histoire, ont coûté 36 milliards d'euros, ont entraîné un désastre écologique et vont peut-être mettre le pays en faillite. Les plus meilleurs Jeux de tous les temps ? Mets ça dans ton verre de vodka, Marcel !