Les Français n'ont pas encore trouvé le mot juste pour décrire Valérie Trierweiler, la compagne du nouveau président de la République. Impossible d'utiliser première dame puisque le couple n'est pas marié. Première compagne? Un peu bizarre. Première blonde? Trop québécois. Première maîtresse? Un peu trop explicite. Première concubine? Un brin concupiscent. Mais pour l'instant, c'est l'expression qui semble rallier le plus d'adeptes, même si plusieurs d'entre eux ne peuvent s'empêcher de proférer l'expression avec une grimace ironique.

En même temps, première concubine, c'est toujours mieux que Rottweiler, le surnom que certains donnent déjà à Valérie Trierweiler, à la fois pour les affinités phonétiques de son nom et pour son caractère comparable, dit-on, à celui du célèbre chien de garde d'origine allemande.

J'ignore s'ils ont raison. Chose certaine, Valérie sera première concubine avant d'être première potiche. Elle a déjà annoncé à la presse française qu'elle était prête à faire certaines concessions à la fonction comme sourire (sic) et être bien mise, mais qu'elle ne sera pas une potiche, fût-elle la première. Chose encore plus certaine, cette femme présente un cas de figure plutôt intéressant et pose tout un défi à la politique française. Reporter à Paris Match, elle a annoncé qu'elle n'abandonnerait pas son métier, ni son salaire, parce qu'elle a besoin de gagner sa vie pour nourrir ses trois enfants. Son indépendance financière est sa priorité.

Active sur Twitter, où elle compte 59 870 abonnés, elle a écrit son dernier tweet remonte le 8 mai. Elle y remerciait ses consoeurs et ses confrères de respecter sa vie et ses voisins, et de ne pas camper devant son domicile. On imagine son prochain tweet: «Viens enfin d'emménager à l'Élysée. C'est beaucoup trop grand et, bien franchement, la déco de Carla est dégueu.»

En attendant, la première concubine a fait savoir qu'elle n'est pas vraiment pressée d'épouser son illustre coloc, qui le lui rend bien. Champion de l'union libre, François Hollande a fait quatre enfants à Ségolène Royal sans jamais lui passer la bague au doigt. À ce chapitre, la première concubine a d'ailleurs apporté un argument de taille en affirmant: on ne se marie pas parce qu'on devient président. Sous-entendu: je ne m'appelle pas Carla Bruni. Comme tout le monde le sait, Carla a épousé l'ex-président Sakozy, cinq minutes après leur première date à Euro Disney. J'exagère un peu, mais à peine.

Reste que ce précédent dans l'histoire de la présidence française n'a pas l'air de déranger la République. Selon un récent sondage, huit Français sur dix ont affirmé se contreficher du statut conjugal du nouveau président. Certains toutefois s'interrogent sur le désir de la première concubine de demeurer journaliste à Paris Match, à qui, en passant, elle n'a pas accordé sa première entrevue, préférant se tourner vers le très politique magazine Elle. La rédaction du Paris Match s'est montrée sceptique devant l'éventualité d'avoir la compagne du président dans ses rangs.

Pour contourner le problème du conflit d'intérêts, Valérie Trierweiler a proposé d'abandonner la couverture politique domestique et de se cantonner dans le portrait et l'entrevue de personnalités étrangères. Sur papier, c'est peut-être une bonne idée, mais on imagine déjà les imbroglios diplomatiques que des reportages réalisés par l'oreille du président français pourraient causer.

Ce qui me fait penser au 400e anniversaire de la ville de Québec qui avait fait l'objet d'un long reportage dans Paris Match, en 2008. L'ennui, c'est que les 400 ans de la ville de Québec y étaient présentés comme les 400 ans DU Québec et que la grande star du reportage n'était nulle autre que la gouverneure générale... du Canada. Ce long reportage bourré de clichés célébrant «notre vieille amitié avec la BellePprovince», de même que celui sur les Filles du roi, «mères de la nation», étaient signés Valérie Trierweiler...

Il est normal qu'à 47 ans, la première concubine n'ait pas envie de changer de carrière. Mais, entre vous et moi, le président Hollande a sans doute plus besoin de ses précieux conseils que le journalisme de ses clichés et de ses égarements factuels.