Depuis hier, les rues d'Austin grouillent de mélomanes, programme à la main, qui ne savent plus où donner de la tête. Certains en ont de belles, du reste: crête de coq de punk ou cheveux verts rasés aléatoirement. On n'est pas au Texas de J.R. Ewing ici (Dieu ait son âme).

Geeks de musique, hipsters, promoteurs de spectacles, producteurs de disques, dirigeants de festivals, journalistes, alouette! L'industrie de la musique est sur place au grand complet à South by Southwest, devenu un événement incontournable depuis sa création, il y a déjà 27 ans.

Tout le monde ou sa soeur fait ici partie d'un band, a signé un band, produit un band, fait jouer un band, couvert un band. C'est le paradis du band. Il y en a d'ailleurs quelque 1500 en ville, jusqu'à samedi, se produisant dans plusieurs dizaines de bars et de salles, tentant de devenir le buzz band du festival, c'est-à-dire le prochain équivalent d'Arcade Fire, d'Alt-J ou de Tame Impala.

C'est dans ce contexte de surabondance que la délégation québécoise à South by Southwest tente de se faire une place au soleil. Sous la bannière de Planète Québec (lancée en 2011 par le gouvernement québécois), l'industrie a uni ses efforts en organisant plusieurs soirées au Swan Dive, un bar mieux connu et, dit-on, davantage fréquenté que celui choisi l'an dernier.

Hier, Planète Québec, qui profite par ailleurs d'un très bel espace au salon des exposants du Centre des congrès d'Austin, profitait de l'ouverture du volet musical de SXSW pour organiser son propre cocktail et spectacle d'ouverture, sous l'égide de l'étiquette de disques Bonsound.

Et il y avait foule, même une heure avant l'ouverture des portes, pour voir un showcase avec entre autres Half Moon Run, Lisa LeBlanc et Peter Peter. La file faisait le tour du bloc. Des Québécois, bien sûr, mais aussi des Français et des Américains. Le Swan Dive, d'une capacité d'environ 300 personnes, était plein à craquer.

Sébastien Nasra, de M pour Montréal, qui agissait comme maître de cérémonie, n'en semblait pas étonné outre mesure. «L'an dernier aussi, il y avait beaucoup de monde pour le party d'ouverture. Mais avec Half Moon Run, c'est sûr que ça aide!», m'a-t-il dit.

La nouvelle sensation montréalaise, qui ouvrira bientôt pour Mumford and Sons en Europe, a offert en ouverture de la soirée un court spectacle impeccable, avec les irrésistibles harmonies vocales de son premier album Dark Eyes. «On vient d'arriver cet après-midi. C'est notre premier de neuf spectacles au Festival», m'a confié le chanteur Devon Dunn-Portielje, qui s'est fait remarquer à SXSW l'an dernier. Voilà un band qui pourrait de nouveau «créer le buzz».

Le président de la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC), François Macerola, était aussi sur place, de passage en coup de vent à Austin. Il y a fait différentes rencontres et m'a dit rêver d'un North by Northeast, en partenariat avec SXSW, l'hiver, dans la ville de Québec. «Les gens de South by Southwest sont ouverts à des collaborations, dit-il. Le Carnaval s'essouffle. Je suis sûr que le maire Labeaume trouverait aussi que c'est une bonne idée!»

Il y aura plusieurs autres showcases organisés par Planète Québec au Swan Dive cette semaine, commandités entre autres par le Festival d'été de Québec, M pour Montréal, Osheaga ou encore Audiogram, mettant notamment en vedette Karim Ouellet, Plaster, Braids, The Besnard Lakes et autres Mac DeMarco.

Au total, près de 40 artistes québécois seront sur scène - certains plusieurs fois - pendant la durée du Festival. Brièvement sous les projecteurs, au coeur d'une véritable opération de séduction, espérant être repérés, qui sait, par les grosses légumes de l'industrie musicale internationale.