Près de 30 ans après Grease, John Travolta s'est enfin laissé convaincre de revenir à la comédie musicale. Dans Hairspray, il chante, il danse, il porte une perruque, des faux seins et du maquillage. La femme qu'il incarne pèse aussi près de 150 kilos

Si John Travolta n'est jamais revenu à la comédie musicale depuis Grease, ce n'est certes pas la faute des producteurs de cinéma.

«Plusieurs d'entre eux ont essayé de me convaincre au fil des ans, déclarait récemment l'acteur au cours d'une rencontre de presse tenue à Los Angeles. On m'a notamment offert des rôles dans les adaptations cinématographiques de A Chorus Line et du Fantôme de l'opéra. À chaque fois, j'ai refusé. J'avais toujours le sentiment que ceux qui étaient chargés de ces adaptations n'avaient pas une vision très précise de ce qu'ils voulaient faire. Peut-être aussi ne parvenaient-ils pas à me la communiquer clairement.»

Même les éminents producteurs Craig Zadan et Neil Meron, qui lancent ces jours-ci l'adaptation cinématographique de la comédie musicale Hairspray, n'avaient pas réussi à convaincre Travolta au moment où ils ont mis en branle le projet de porter Chicago au cinéma. Le rôle de Billy Flynn, qu'ils destinaient d'abord à l'acteur, est finalement allé à Richard Gere. La prestation de ce dernier fut unanimement saluée. Et Chicago a décroché l'Oscar du meilleur film

«Il est certain que je m'en suis un peu mordu les doigts quand j'ai vu le produit final, concède le principal intéressé. Mais cette décision me semblait être la meilleure à prendre au moment où j'y ai réfléchi.»

John Travolta marche un peu en terrain miné quand vient le moment d'évoquer le genre de la comédie musicale. Ce sont en effet deux films de ce genre qui, coup sur coup, en ont fait une icône à la fin des années 70. Saturday Night Fever, le film qui l'a révélé en 1977, a pris les allures d'un phénomène. Son influence a pesé lourd dans la culture pop de l'époque. Et Grease, tourné l'année suivante, est encore à ce jour la comédie musicale la plus populaire de l'histoire du cinéma sur le plan des recettes au box-office.

«Peut-être ai-je été trop prudent, reconnaît Travolta. Selon moi, Grease était la quintessence du genre. Pourquoi, alors, prendre des risques inutiles? Le seul moyen de contourner le problème était de camper un personnage féminin!»

Les producteurs Zadan et Meron ne se sont pas découragés. Quand est venu le moment de choisir l'acteur qui interpréterait le rôle mythique d'Edna dans leur projet d'adaptation de la comédie musicale Hairspray, ils se sont dit que la proposition sortait cette fois assez de l'ordinaire. Et séduirait peut-être enfin celui qu'ils tentent d'attirer dans leurs filets depuis si longtemps. «Il nous a fallu exactement un an et deux mois pour obtenir l'accord de John», rappelle Zadan.

Un caractère événementiel

La présence de John Travolta, qui n'avait pas participé à un film musical depuis près de 30 ans, constitue évidemment un ajout au caractère déjà événementiel de Hairspray. Le film, réalisé par Adam Shankman, est inspiré de la comédie musicale Hairspray: The Musical, laquelle était elle-même inspirée du film que John Waters a réalisé à la fin des années 80. Sélectionné à treize reprises aux Tony Awards, le spectacle, créé à Broadway il y a cinq ans, a remporté huit trophées, dont celui remis à la meilleure comédie musicale de l'année.

Le récit fait écho aux efforts que déploie une jeune fille grassouillette afin d'être choisie pour aller danser à une émission de télévision populaire. Campée à Baltimore au tout début des années 60, la trame dramatique sert aussi de prétexte à dresser un portrait décapant de la société de l'époque, tant sur le plan social que sur le plan musical.

Outre Travolta, la distribution comprend notamment Michelle Pfeiffer, Christopher Walken, Amanda Bynes, James Marsden, Queen Latifah, Zac Efron, Allison Janney, de même qu'une nouvelle venue surdouée, Nikki Blonsky. Cette dernière se glisse ainsi dans la peau de la jeune Tracy, un personnage créé à l'origine par Ricki Lake.

Quant au rôle d'Edna, la mère de Tracy, celui-ci fut traditionnellement joué par un homme au fil des différentes versions. Le travesti Divine dans le film original; Harvey Fierstein à la scène; et maintenant Travolta.

Le rôle avait toutefois ses exigences. Edna étant une femme corpulente, l'acteur devait porter des prothèses peu confortables. «Mais je tenais à ce que le personnage reste quand même coquet. J'ai retourné les costumes trois fois parce que j'estimais qu'ils ne faisaient pas honneur à la féminité d'Edna.»

Aussi Travolta a-t-il tenu à ce que Christopher Walken interprète son mari. «Avant de faire du cinéma, Chris a joué dans de nombreuses comédies musicales à Broadway. Il connaît toutes les subtilités du genre.» Des numéros musicaux ont par ailleurs été composés spécifiquement pour le film, dont certains ont été dévolus à Edna. «Malgré ses rondeurs, Edna bouge de façon gracieuse. Elle doit bien peser près de 150 kilos, mais quand elle exécute ses pas, elle n'en pèse plus que 50!" explique Travolta. »

Hairspray est présenté le 18 juillet dans le cadre du Festival Comedia. Il prend l'affiche en programme régulier le 20 juillet. Les frais de voyage ont été payés par Alliance Atlantis Vivafilm (New Line Cinema).