Certains, des adultes même, en ont été émus aux larmes. D'autres ont trouvé le film amusant, charmant, sympathique. La pomme ne tombant jamais très loin de l'arbre, il eût été étonnant que Le journal d'Aurélie Laflamme, le film, ne soit pas à l'image, pétillante, d'India Desjardins, l'auteure des romans à succès dont il est inspiré.

Il s'est vendu quelque 450 000 exemplaires des livres relatant les aventures d'Aurélie Laflamme, adolescente gaffeuse et lunatique. Il s'en vendra encore davantage après la sortie, vendredi, du film réalisé et coscénarisé par Christian Laurence d'après le premier tome de la série, Le journal d'Aurélie Laflamme, extraterrestre...ou presque!

Le film, comme les romans, aura sans doute beaucoup de succès. On peut le prédire sans trop craindre de se tromper. Tous les ingrédients du feel good movie adolescent ont été réunis: l'héroïne marginale, sa «best» branchée sur ses hormones, le garçon-pour-qui-elle-en-pince-sans-vouloir-l'admettre, sa mère qui l'aime mal, etc. Le journal d'Aurélie Laflamme n'a rien à envier aux comédies hollywoodiennes du genre.

Aparté. J'ai 37 ans, deux petits garçons qui aiment les superhéros, deux frères et une soeur qui n'a jamais affiché de poster des New Kids on the Block sur le mur de sa chambre. Ma blonde est tout sauf «girly» et ma «fillette intérieure» est parfaitement inexistante. Voir des adolescentes rougir et ricaner au passage d'un sosie de Justin Bieber (Nick Carter avec une coupe de cheveux pour dame) m'a toujours exaspéré. Le rose, à mon avis, devrait être interdit et je n'ai pas du tout hâte de voir Sex and the City 2. Fin de l'aparté.

Tout ça pour vous dire, bien franchement, que j'ai souffert en voyant Le journal d'Aurélie Laflamme. Et que j'ai été étonné de n'entendre, autour de moi, que des commentaires favorables à cette production qui, soit, a plus de panache qu'À vos marques... party!, mais distille bien des clichés cinématographiques.

Non, je n'ai pas pleuré à la fin. Je n'ai pas souri non plus aux dialogues au goût du jour souvent plaqués (sur Daniel Radcliffe, notamment, ou Robert Pattinson, l'idole du moment des adolescentes). Je n'ai pas été davantage ravi par certains effets conventionnels (un ralenti à l'arrivée du bellâtre) ni par le jeu de jeunes acteurs récitant parfois péniblement leur texte. Heureusement qu'il y avait quelques séquences oniriques pour me faire rêvasser à autre chose.

Soyons clairs: je ne prétends pas que Le journal d'Aurélie Laflamme est un mauvais film pour adolescents. Je constate plutôt, le genre ne m'étant pas destiné, que je ne suis pas sûr de savoir ce qu'est un bon film pour adolescents. À moins qu'il ne soit traité comme une satire destinée à un public plus âgé (à la Ghost World ou à la Juno, par exemple), le film pour ado me passe plusieurs milliers de kilomètres au-dessus de la tête. Et me laisse seul dans mon incompréhension, comme un vieux bougon extraterrestre... ou presque.