La 69e soirée des Golden Globes n’a pas récompensé un grand gagnant, mais plusieurs longs métrages de la dernière année, ce dimanche soir, au Beverly Hilton de Los Angeles.

Les quelque 90 membres de la Hollywood Foreign Press Association (HFPA) ont disséminé leurs prix à l’occasion d’une soirée sans grandes surprises, trop peu marquée par les brèves apparitions de l’animateur Ricky Gervais.

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Les prix les plus prestigieux de la soirée ont été remis respectivement à The Descendants d’Alexander Payne (meilleur drame) et The Artist, du Français Michel Hazanavicius (meilleur film musical ou comédie).

Ce pastiche très inspiré des films muets hollywoodiens était finaliste dans six catégories (une de plus que The Descendants et The Help) et a remporté trois Golden Globes, dont ceux de la meilleure trame sonore et du meilleur acteur (dans une comédie ou film musical), pour Jean Dujardin, déjà lauréat du Prix d’interprétation masculine au dernier Festival de Cannes.

«Lorsque j’ai débuté dans le métier, on m’a dit que je ne pourrais jamais jouer au cinéma, a dit l’acteur, dans un anglais fortement mâtiné de son accent français. On m’a dit que mon visage était trop grand, trop expressif. Ce n’est pas de ma faute que mes sourcils sont indépendants!»

C’était la première fois dans l’histoire des Golden Globes qu’un film français concourrait dans la catégorie de la meilleure comédie. The Artist, chouchou des critiques, a aussi remporté jeudi quatre trophées aux Critics’ Choice Movie Awards, dont celui de meilleur film et meilleur réalisateur. Il y a fort à parier qu’il sera nommé dans plusieurs catégories à la soirée des Oscars.

George Clooney a remporté le prix du meilleur acteur dramatique pour l’un de ses meilleurs rôles en carrière, celui d’un père dont la famille est fragilisée par l’accident de bateau de sa femme. Une lutte s’annonce entre Clooney et Jean Dujardin pour l’Oscar du meilleur acteur.  Et entre The descendants et The Artist pour l’Oscar du meilleur film.

Ni Alexander Payne ni Michel Hazanavicius n’ont remporté le prix de la meilleure réalisation, qui a récompensé le travail remarquable de Martin Scorsese sur Hugo, un film en 3D qui rend aussi hommage au cinéma muet (celui de Georges Méliès).

Le cinéaste de Raging Bull et de Mean Streets a remercié sa femme, qui l’a encouragé à faire ce film destiné à un public familial en lui disant : «Fais un film que notre fille pourra voir, pour une fois!»

Le prix du meilleur scénario a quant à lui été remis à Woody Allen pour Midnight in Paris, l’un de ses meilleurs films de la dernière décennie. Woody n’était malheureusement pas sur place pour accepter son prix.

Les prix d’interprétation ont aussi récompensé de nombreux films. Celui de la meilleure actrice dans une comédie ou un film musical a été remis à Michelle Williams pour son rôle de Marilyn Monroe dans My Week with Marilyn de Simon Curtis. Celui de la meilleure actrice dramatique a quant à lui souligné le travail remarquable de subtilité de Meryl Streep dans The Iron Lady (un film moins remarquable que son jeu). «J’aimerais remercier mon agent et Dieu... (le producteur) Harvey Weinstein», a déclaré à la blague la plus grande des comédiennes américaines.

Le Golden Globe de la meilleure actrice de soutien dans un drame a été remis à Octavia Spencer pour The Help de Tate Taylor, un ramassis de bons sentiments sur la ségrégation raciale aux États-Unis, sauvé (en quelque sorte) par la performance de ses actrices (dont Viola Davis et Jessica Chastain).

Le Montréalais Christopher Plummer a remporté le prix du meilleur acteur dans un second rôle (drame). Il était excellent dans le rôle d’un septuagénaire qui révèle tardivement son homosexualité à son entourage, peu après le décès de sa femme, dans Beginners, premier long métrage autobiographique de Mike Mills.

Le Golden Globe du meilleur film dans une langue étrangère a été décerné à l’excellent Une séparation de l’Iranien Asghar Farhadi, acclamé par la presse américaine et internationale, qui sera certainement le favori dans sa catégorie aux Oscars. «Je veux dire quelque chose sur mon peuple. C’est un peuple aimant», a dit le cinéaste. Une séparation sera à l’affiche au Québec le 24 février.

Madonna a remporté le Golden Globe de la meilleure chanson dans un film pour Masterpiece, tirée de son film W.E. Le Golden Globe du meilleur film d’animation a été remis au Tintin de Steven Spielberg... qui a oublié (ou omis) de remercier Hergé. Morgan Freeman a quant à lui reçu le prix Cecil B. DeMille pour l’ensemble de sa contribution au cinéma.

«Les Golden Globes sont comme les Oscars. Mais sans toute l’estime...» a dit Ricky Gervais, plus discret que les années précédentes mais toujours aussi grinçant. L’animateur ne s’est pas privé de se moquer une fois de plus de son employeur, la controversée Hollywood Foreign Press Association, dont certains membres (ils sont moins de 90 au total) ont été accusés ces dernières années d’accepter des pots-de-vin. «Rien n’a été prouvé», a-t-il précisé, mi-figue, mi-raisin.

Les résultats de la Soirée des Golden Globes n’auront aucune incidence sur les choix des finalistes aux Oscars, qui seront dévoilés le 24 janvier. Les membres de l’Académie des Arts et des Sciences du Cinéma avaient jusqu’à vendredi pour remettre leurs bulletins de vote.
La soirée des Oscars aura lieu le 26 février.