Des cliniques d'infirmières pour traiter les cas mineurs, ajuster les médications, faire à l'occasion de la prévention? Quelle bonne idée!

La formule préconisée par la Fédération interprofessionnelle du Québec, outre qu'elle serait bénéfique à la population, n'a rien pour effrayer quiconque (sinon peut-être les médecins, qui répugnent toujours à déléguer des pouvoirs), car elle n'a rien de neuf.

Le système existe ailleurs. J'en ai bénéficié il y a quelques années lors d'un séjour en France, alors qu'à la suite d'une coupure profonde, il fallait m'enlever les points de suture.

«Inutile de revenir à l'hôpital pour cela», m'avait dit le médecin qui avait soigné la plaie à l'hôpital Cochin (après une attente de... dix minutes), «votre pharmacie vous donnera les coordonnées de la clinique d'infirmiers la plus proche de chez vous.»

Deux semaines après l'accident, j'appelais une clinique, et bingo, un infirmier est venu le jour même m'enlever les points de suture!

Je comptais m'y rendre à pied, mais cette clinique avait pour politique de n'effectuer que des visites à domicile - un luxe inutile pour moi, mais qui aurait drôlement bien convenu à des personnes à mobilité réduite.

J'ai payé pour ce soin une quinzaine d'euros, et si ma mémoire est bonne, j'ai été remboursée en partie par la RAMQ. Si j'avais été domiciliée en France, le service aurait été défrayé par la Sécurité sociale.

Le projet que la FIQ a fait connaître hier est l'une des rares bonnes idées à émerger de nos services de santé, dont n'émanent que de mauvaises nouvelles et dont on a l'impression qu'ils ne peuvent jamais bouger dans le sens de l'intérêt du patient.

Évidemment, les pouvoirs en place ne tarderont pas à tomber sur le dos de la FIQ et à décréter que cette réforme simple, inspirée par le bon sens, est impossible. À l'opposition prévisible des conseils de médecins et dentistes se joint la Centrale des syndicats du Québec, qui accuse la FIQ de maraudage... car la fédération s'est aussi rendue coupable d'un autre crime contre le système en place, en recommandant la création de maisons d'hébergement pour gens âgés à l'échelle humaine, où les résidents seraient impliqués dans les décisions (une autre bonne idée).

Les partis politiques seront bientôt en campagne. Ils devraient s'emparer du projet de la FIQ, qui leur offre une occasion en or de servir leurs concitoyens tout en rehaussant leurs propres blasons.

Pourquoi, en effet, passer par un médecin pour les cas les plus bénins? Un exemple: l'automne dernier, l'une de mes manches est retombée sur la flamme vive de ma plaque de cuisson au gaz, et le feu m'a brûlé la moitié du bras avant que je parvienne à le mettre sous le robinet. (Je ne suis jamais malade - touche du bois! , dirait ma mère -, mais j'ai parfois des accidents stupides dus à la distraction ou à la précipitation).

Il n'était pas question d'aller passer la nuit à poireauter à l'urgence, où je ne mettrai les pieds qu'en danger de mort. J'ai la chance d'avoir une formidable médecin de famille, mais elle est débordée et je ne voulais pas l'importuner pour une affaire comme celle-là.

J'ai consulté le Docteur Google. J'ai utilisé du Tylenol et du Polysporin, et mon mari est allé acheter de quoi faire des pansements. Mais j'ai ensuite appris que le meilleur onguent était la Flamazine... Il fallait une ordonnance.

J'ai réussi à en obtenir une quelques jours plus tard, mais n'aurait-il pas été plus simple de me faire traiter dans une clinique où un infirmier aurait pu examiner ma brûlure, m'enseigner comment faire le pansement et me donner, par délégation, une ordonnance de Flamazine?