Un beau moment dans l'histoire tourmentée de Montréal: le nouveau maire invitant son ancien adversaire comme conseiller spécial. Et ce dernier acceptant gracieusement cette mission à titre bénévole.

Voilà un magnifique démenti à ceux qui croient que la politique n'est que confrontation stérile et que les politiciens ne pensent qu'à leur égo et à leur pécule. Oui, la notion de service public existe!

La force de Marcel Côté, c'était sa compétence en matière de gouvernance. Le maire Coderre le reconnaît éloquemment, ce qui représente un aveu d'humilité en même temps qu'un désir de servir la ville. Quant à M. Côté, qui sera attaché au président du comité exécutif, comment ne pas saluer son désintéressement?

L'homme est - comme on dit - indépendant de fortune, mais j'ai croisé assez de gens, dans ma vie, pour savoir que personne ne se considère comme trop riche. Pour un salaire équivalent à 1$ par année, Marcel Côté fait don à la ville de ce qu'il a de plus précieux: son expertise et son temps.

A 71 ans, il pourrait profiter de la vie, sillonner le monde, découvrir des coins ignorés de sa France bien-aimée. Il passera plutôt les prochains mois dans quelque lugubre bureau de l'Hôtel de Ville, penché sur l'administration boiteuse et boursouflée de la ville - un travail austère, mais capital, qui pourrait remettre la métropole sur ses rails, et épargner des sommes considérables aux contribuables.

La générosité d'esprit de ces deux hommes est comme un baume, après toutes ces années où l'on n'a entendu parler que de corruption, d'égoïsme et de cupidité.

Le nouveau maire n'a pas inclus Projet Montréal dans son comité exécutif, et pour cause. Dès le départ, Projet s'est présenté comme l'opposition officielle. C'était de bonne guerre et c'est très sain: une opposition forte et éveillée favorisera la démocratie municipale bien davantage que les faux consensus qu'aurait produits une coalition arc-en-ciel.

M. Coderre a aussi eu l'intelligence d'exclure de son comité exécutif des élus qu'on aurait pu croire incontournables, mais qui ont été associés de trop près aux dossiers troubles d'Union Montréal. On se réjouit de voir que la direction de la ville est entre les mains d'un groupe qui semble formé de gens de qualité et qui représente très bien la diversité montréalaise.

Après les fleurs, le pot...

Je n'ai aucune opinion sur les joueurs du Canadien, ni sur le hockey d'ailleurs. Mais j'en ai une sur cette manie infantile de twitter quand on a autre chose à faire dans la vie - comme gérer une métropole d'un million et demi d'habitants.

Député d'opposition à Ottawa, Denis Coderre avait peut-être assez de loisirs pour s'amuser sur Twitter. Mais la tâche de maire ne devrait-elle pas l'occuper à temps plein?

De toute façon, un leader politique sérieux devrait avoir la prudence élémentaire de s'abstenir de livrer des opinions à l'emporte-pièce, sans le filtre de la réflexion, et en 140 caractères en plus, ce qui par définition exclut toute nuance.

Écrire pour le grand public est un exercice périlleux même pour ceux qui savent écrire, qui ont le temps de se relire et qui ont acquis l'art de ramasser leur pensée. Une bévue, une bourde, un malentendu, tout cela est très vite arrivé.

En devenant le premier magistrat de la ville, M. Coderre n'a pas perdu sa liberté de parole, mais il a perdu celle de dire n'importe quoi sur un réseau où la débilité l'emporte souvent sur les échanges civilisés.

Pour paraphraser notre maire, allo, fermez-lui son compte twitter svp. Montréal n'a pas besoin d'un maire qui gazouille, on a des oiseaux pour ça à Montréal.