Comment prévenir le décrochage scolaire? La recette est simple, quoique plus facile à énoncer qu'à mettre en pratique: classes plus petites, dévouement inaltérable des enseignants, implication des parents, rigueur et discipline...

On le savait, mais un récent reportage du Monde le confirme: ce dont les élèves ont besoin, ce n'est pas d'être traités en enfants-rois par des parents distraits et des enseignants pour qui l'exercice de l'autorité est un vilain défaut. Les ados ont besoin d'être suivis, guidés et encadrés - affectueusement mais fermement - par des adultes qui ne se voient pas comme leurs copains mais comme leurs maîtres.

En France donc, le ministère de l'Éducation a recensé les «meilleurs» lycées - non pas les plus prestigieux, comme le chic lycée Henri IV du 5e arrondissement de Paris - mais ceux qui réussissent à mener au baccalauréat des élèves qui au départ avaient peu de chances de décrocher un diplôme, sachant qu'un enfant de cadre a neuf fois plus de chances de décrocher un bac scientifique qu'un fils d'ouvrier, le taux d'échec étant encore pire dans les cités multiculturelles défavorisées.

Or, le ministère a établi la liste des établissements «à valeur ajoutée», ceux qui, comme le dit Le Monde, «cassent le déterminisme social et font mentir les statistiques».

Le journal a enquêté sur leurs méthodes. La leçon qui s'en dégage s'applique au Québec autant qu'ailleurs.

Premier constat: sur les 36 lycées les plus performants quant à la prévention du décrochage, 28 sont des institutions privées - la plupart catholiques, quatre juives et une musulmane, le lycée Averroès de Lille, où des familles peu nanties sont prêtes à débourser de 800 à 1200 euros en droits de scolarité pour donner à leur enfant la chance de percer dans la vie.

Un lycée où, à l'approche des examens nationaux, les profs restent très tard le soir pour aider les élèves à réviser le programme, et où les parents assurent bénévolement le service de restauration du midi tout en donnant un coup de main dans le soutien scolaire. Résultat, un taux de réussite de 100% au bac.

Les directeurs et les enseignants insistent: leurs méthodes pourraient tout aussi bien être transposées au secteur public, comme c'est d'ailleurs le cas au lycée Jean-Moulin de Roubaix, qui mène 82% de ses élèves au bac bien que 58% d'entre eux viennent de familles plus ou moins illettrées, ou au lycée Romain-Rolland de Goussainville, situé en pleine zone de misère et de violence, où 81% des élèves se rendent jusqu'au bac.

Sa directrice: «Ici, chaque heure séchée est rattrapée, et il n'y a pas de devoir qu'on oublie de rendre». Autrement dit, côté études, c'est la tolérance zéro. Et ça marche.

Au lycée privé de Tour-Sainte à Marseille, élèves et enseignants arrivent à 8h30 et repartent à 18h15: Cette longue plage de présence permet de dégager du temps en journée pour les aider», explique la directrice. Soutien personnalisé, travail en équipe, division des classes en ateliers selon le niveau des élèves et, lâchons le mot, sévérité. La discipline se conjugue avec l'attention soutenue et personnalisée des enseignants.

Le succès des lycées privés relève toutefois d'un facteur spécifique: on peut présumer que les parents qui se donnent la peine de sonner à la porte d'un lycée privé, quitte à ce qu'il leur en coûte quelque chose en argent ou en implication personnelle, sont déjà conscients de l'importance de l'éducation... ce qui, évidemment, se reflètera sur la motivation de leurs enfants.