Plutôt que de dresser le portrait-robot du maire idéal, qui fort probablement n'existe pas, les Montréalais devraient regarder les ressources qu'ils ont sous la main.

Qui, parmi les hommes et les femmes que la fonction pourrait intéresser, serait capable de relancer la métropole sur une voie plus saine, une fois révolue l'année d'intérim qui s'annonce querelleuse et peu productive?

Il y a énormément de citoyens de qualité qui feraient d'excellents maires. On pense, par exemple, à l'ancienne ministre Monique Jérome-Forget ou à l'ancien recteur de l'Université de Montréal Robert Lacroix. Mais sans même qu'il soit besoin de le leur demander, on peut d'ores et déjà deviner que ni l'un ni l'autre ne serait intéressé à la fonction. Ils ont, comme on dit, «déjà donné».

Dans le paysage peu encombré des candidats potentiels sérieux à la mairie de Montréal, celui qui se distingue, et de loin, est l'ancien ministre Raymond Bachand.

Bien sûr, il est incapable de se dire intéressé, puisqu'il est candidat au leadership du Parti libéral. Mais advenant une défaite, il aurait tout le loisir de monter une campagne à la mairie entre le 16 mars et le 1er novembre. Chose certaine, il semble désireux de continuer à servir le public.

Montréalais de naissance, titulaire d'une maîtrise en administration publique de Harvard, il a une expérience extrêmement diversifiée. Il a enseigné aux HEC, il a eu un pied dans le monde des affaires (Metro-Richelieu) et l'autre dans le monde syndical (Fonds de solidarité FTQ), il a acquis une solide expérience politique au sein des deux grands partis provinciaux.

Ancien directeur de cabinet de Pierre Marc Johnson, c'est le plus péquiste des libéraux. Il recueillerait facilement à la fois le vote nationaliste et le vote fédéraliste, le vote francophone de l'est et le vote anglophone de l'ouest.

Autre atout bénéfique à la métropole, M. Bachand est un amoureux des arts. On le voit régulièrement au théâtre ou au concert.

Ce n'est pas un orateur. Si le manque de charisme peut nuire à un chef de parti provincial, qui doit mobiliser les foules dans toutes les régions, ce ne serait pas un handicap à la tête de Montréal, où l'on souhaite par-dessus tout un administrateur intègre, ouvert, efficace, et assez volontaire pour défendre bec et ongles les intérêts de la métropole à Québec... ce que faciliterait sa connaissance des rouages de l'administration provinciale.

À part lui, qui donc? Compte tenu des scandales qui ont éclaboussé le parti, on imagine mal l'électorat redonnant le pouvoir l'an prochain à un membre d'Union Montréal.

Louise Harel a de multiples qualités, mais elle parle aussi mal anglais que Michael Applebaum parle français - c'est un problème, car le maire de Montréal doit absolument maîtriser les deux langues. De toute façon, Mme Harel ne serait pas élue, car jamais les anglophones et les résidants des anciennes banlieues ne voteraient pour une souverainiste qui est en outre la marraine des fusions.

Même s'il s'est calmé depuis qu'il siège au conseil, Richard Bergeron reste un marginal, trop imprévisible pour qu'on lui donne les clés de la mairie.

Denis Coderre? Il est populaire comme peuvent l'être les populistes, et il a certainement de l'énergie à revendre, mais il a le profil, le style et le passé d'un libéral de la vieille école.

En plus, en cette ère où l'intégrité devient la première des vertus, sans doute M. Coderre traîne-t-il trop de casseroles derrière lui: à tort ou à raison, on se méfiera d'un politicien dont l'association de circonscription a reçu de nombreux dons provenant d'entrepreneurs mentionnés dans la flopée de scandales qui affectent l'administration montréalaise.