Précision :La chronique « Double trahison », publiée le 25 octobre 2012  par Lysiane Gagnon, n'avait aucunement pour but de remettre  en question la compétence et l'intégrité des ingénieurs  du gouvernement du Québec qui font partie de l'Association professionnelle des ingénieurs du gouvernement du Québec  en laissant planer une confusion entre ceux-ci et les ingénieurs  de l'administration municipale qui avaient témoigné devant  la commission Charbonneau. La chronique affirmait également, de manière inexacte, que les fonctionnaires du ministère des Transports « avaient approuvé les devis et supervisé  la construction des viaducs qui se sont effondrés à Laval ». En effet, la construction des viaducs du Souvenir et de la Concorde a été supervisée par des firmes de génie-conseil. Nos excuses.

La commission Charbonneau est en train d'apporter un flagrant démenti à ceux qui nous ont répété pendant des années que la corruption, dans la voirie québécoise, tenait au fait que le ministère des Transports s'était privé de son expertise en matière d'ingénierie au profit du secteur privé.

Autrement dit, proclamaient d'une seule voix les commentateurs à la traîne du syndicat des ingénieurs du MTQ, tout le mal venait de ce que les ingénieurs du privé assoiffés de profit avaient succédé aux anges gardiens qu'étaient les ingénieurs du secteur public.

Or, quels sont les ingénieurs dont les noms sortent à la commission Charbonneau, et qui ont fraudé les contribuables de millions de dollars, et ce, impunément, pendant des décennies? Des ingénieurs à l'emploi de la Ville de Montréal.

Des ingénieurs du secteur public, des ingénieurs syndiqués, dotés d'une sécurité d'emploi en béton et de l'un des meilleurs régimes de retraite au Canada. Des gens qui ne travaillaient pas en vase clos, qui avaient des superviseurs, des collègues, des chefs syndicaux... Grimpez plus haut, Madame la Juge, vivement qu'on nous donne les noms des grands patrons et des élus qui savaient et qui ont fermé les yeux.

Remarquez, il aurait fallu se méfier d'emblée de ceux qui attribuaient aux fonctionnaires du ministère la palme de la vertu et de la compétence.

Ne sont-ce pas ces derniers qui avaient approuvé les devis et supervisé la construction des viaducs qui se sont effondrés à Laval? Ne sont-ce pas eux qui ont géré la construction et la réfection des routes cahoteuses qui sillonnent le Québec et qui ne sont même pas fichues d'afficher une signalisation intelligente? Ne sont-ce pas eux qui ont laissé les infrastructures municipales pourrir sur place sans lancer de signal d'alarme?

C'était à l'époque, justement, où le MTQ disposait de cette belle expertise interne. Compétence, mon oeil. Intégrité, mon oeil.

J'ai hâte que la commission Charbonneau produise des témoignages qui nous expliqueront comment les entrepreneurs qui arrosaient des personnages-clés de l'administration municipale s'y sont pris pour nous donner des infrastructures aussi déficientes et ces rues délabrées que l'on doit réparer bon an mal an chaque printemps.

Sur quoi économisaient-ils pour augmenter leur marge de profit? Sur la qualité du béton? Sur les couches de gravier?

On ose prétendre que c'est la vétusté de nos infrastructures qui explique que nos conduites d'eau se brisent constamment et que les principales artères de Montréal soient devenues des zones inondables et des chantiers perpétuels. La vétusté? Laissez-moi rire. Montréal a 370 ans! Paris, Londres, Lisbonne, Athènes, ce sont des villes neuves?

Le climat, dites-vous? Rions encore. L'Ontario et le Vermont ont les mêmes hivers. Un lecteur qui a de la famille au Nouveau-Brunswick me dit que dès qu'il franchit la «frontière» des deux provinces, la voirie change du tout au tout. Nous voilà déclassés par la province la plus pauvre du Canada...

Comment se fait-il que les routes, dans les Alpes, le Jura ou les Pyrénées, soient impeccables? Elles endurent pourtant d'énormes écarts de température, et là aussi, il y a de la neige et du gel! En France, faut-il dire, on n'est pas assez bête pour octroyer les contrats au plus bas soumissionnaire. Les cahiers de charge sont exigeants et les devis, jugés en fonction de leur qualité.

À en croire Monsieur TPS (qui a tout intérêt à dire la vérité), les contrats approuvés par la Ville dépassaient de 30 à 35% les coûts engagés à Toronto ou à Québec pour des travaux semblables. Non seulement on a payé plus cher, mais en plus, on a hérité de travaux mal faits. Nous avons été deux fois trahis, à la fois comme contribuables et comme utilisateurs.