Il y a des mariages sans lune de miel: mariages de raison, mariages arrangés... En politique aussi, il y a des mariages sans confettis et sans coups de coeur. Ce qui ne veut pas dire qu'ils soient voués à la faillite. Certains mariages tiennent même sans passion.

Tel est celui qui unit actuellement le Québec et le PQ de Pauline Marois, à qui un sondage Léger prête un taux d'insatisfaction de 56% - c'est fort élevé si l'on pense que le PQ n'est au pouvoir que depuis 45 jours, mais c'est un taux parfaitement prévisible et normal, si l'on pense aux 68% de Québécois qui ont voté contre... et qui ne vont pas subitement s'amouracher d'un gouvernement dont ils ne voulaient pas.

En fait, le sondage montre que des élections donneraient à peu près le même résultat, et que le PQ a consolidé ses appuis, en gagnant 5% de plus de «satisfaits» que sa base électorale - vraisemblablement du côté de Québec solidaire, qui par ailleurs gagne deux points dans les intentions de vote.

Mme Marois peut toutefois se consoler en comparant son sort à celui de François Hollande, qu'elle vient de rencontrer à Paris.

C'est peu dire que le président français n'a pas eu de lune de miel, même si, contrairement à Mme Marois, il peut s'appuyer sur une forte majorité socialiste à l'Assemblée nationale.

Il venait à peine de déposer son parapluie à l'Élysée que sa cote de popularité (pas très élevée au départ) dévissait brutalement: crise financière, fermetures d'entreprises, délocalisations (y compris celle d'une usine Peugeot, fleuron français par excellence), chômage des jeunes, insécurité dans les banlieues... Autant on avait reproché à Sarkozy son hyperactivisme exaspérant, autant l'on reprochait cet été à Hollande d'être invisible et inaudible. Les choses ne se sont pas arrangées depuis.

Un récent sondage Ipsos montre qu'en un seul mois, la cote du président est passée de 53 à 42% d'opinions défavorables, celle de son premier ministre suivant la même ligne.

Or, qui donc émerge comme le grand favori des Français? Manuel Valls, le ministre de l'Intérieur, qui bat tous les records avec 57% d'opinions favorables. L'ironie, c'est qu'il mène, en ce qui concerne la sécurité, la police et l'immigration, à peu près exactement la même politique que Nicolas Sarkozy, à qui le même ministère avait servi de tremplin. La seule différence est dans le style: là où Sarkozy était abrasif et nerveux, M. Valls reste calme et souriant. La presse française le voit déjà premier ministre, puis présidentiable en 2017...

Et qui donc revient par la bande aux premières loges de l'actualité? Sarkozy lui-même, qui fait ces temps-ci la une des magazines avec sa nouvelle barbe de trois jours, même s'il n'a pas l'ombre d'une fonction officielle. «Je vends!», explique-t-il à ses amis.

Dans sa dernière livraison, Le Nouvel Observateur (principal hebdo de la gauche) lui consacrait un dossier de neuf pages qui n'était pas antipathique et d'où il ressortait que l'homme brûle encore du désir de revenir en politique, pendant que déferle, dans la droite orpheline, une véritable «sarkomanie», avec toutes sortes de souvenirs à son effigie. La femme du philosophe Luc Ferry a même lancé des sacs et des trousses où sont brodés les mots «Nicolas, reviens!».

«L'élection présidentielle», écrit le magazine, «a bel et bien été suivie par un état de grâce... celui de Nicolas Sarkozy.»

M. Hollande a toutefois un avantage sur Mme Marois: il a quatre ans devant lui pour se refaire une image. Mme Marois, elle, ne dispose que de quelques mois...