Des élections au printemps? Pourquoi pas? Qu'on en finisse! Cette atmosphère de foire d'empoigne perpétuelle devient de plus en plus pénible, et des élections auront l'effet d'un bon coup de vent pour balayer tout cela.

Incroyable, mais vrai, Jean Charest, ce chef de parti qui en 14 ans n'a jamais réussi à se faire aimer et dont le bilan, après trois mandats, n'a rien d'impressionnant, Jean Charest, donc, n'est pas si mal placé sur l'échiquier.

En tout cas, il l'est beaucoup mieux qu'il y a un an, alors que le dossier de la construction pourrissait dans des odeurs nauséabondes, que le Parti québécois avait du vent dans les voiles, et que François Legault était encore un chevalier blanc immatériel, populaire comme peuvent l'être les candidats hypothétiques.

Depuis ce temps, les scandales dans la construction sont passés à l'arrière-plan. La commission Charbonneau, compte tenu de la complexité de son mandat, mettra beaucoup de temps avant de s'ébranler, ce qui laissera à M. Charest la possibilité de déclencher les élections au printemps, voire à l'automne, sans risquer d'être éclaboussé par des révélations fracassantes.

Le PQ a trouvé le moyen de s'autoflageller, et ses chicaneries internes, débordant constamment sur la scène publique, ont sérieusement affaibli non seulement l'image, déjà pas formidable, de sa patronne, mais aussi la crédibilité du parti, qui a projeté pendant des mois l'image d'une formation immature et querelleuse.

La paix interne étant revenue, le PQ pourra sûrement réapprendre à se comporter comme le grand parti de gouvernement qu'il a toujours été, mais ces crises auront laissé des séquelles.

Le PQ est aussi en train de se positionner plus à gauche qu'il ne devrait à la veille d'une élection, comme l'indiquent ses récentes velléités d'alliance avec Québec solidaire, un parti qui est organiquement lié au Parti communiste du Québec et à divers groupuscules d'extrême gauche (voir le site web de QS).

Tout projet d'alliance formelle a été écarté pour l'instant par Mme Marois, mais il y a du flirt dans l'air, et cela fera grandement l'affaire des libéraux, qui pourront se positionner entre la gauche péquisto-solidaire et la droite caquiste, c'est-à-dire au centre, là où se situe la majorité de l'électorat.

La CAQ, maintenant qu'elle s'incarne dans le réel, a perdu beaucoup de son aura. Comme on pouvait le prévoir, le nouveau parti a baissé dans les sondages, et M. Legault, dont les prestations publiques ne sont pas particulièrement brillantes, n'est plus le sauveur miracle qui triomphait l'an dernier sur la planète «rêve».

Jusqu'à présent, il n'a pas trouvé d'autres candidats que d'anciens adéquistes et une petite poignée de transfuges du PQ, et la seule fédéraliste qu'il avait réussi à attirer (l'ancienne députée libérale Marlene Jennings) a quitté le bateau.

Ladite «coalition» n'a pas réussi à recruter au PLQ et a été incapable de profiter des divisions au sein du PQ.

En outre, la CAQ, qui promettait de ramener le calme au Québec, menace plutôt d'y ramener le trouble. Avec ses positions intempestives et autoritaires sur les services publics, la CAQ s'est classée à la droite de l'échiquier politique... une autre bonne nouvelle pour le PLQ.

Il reste que tout et n'importe quoi pourra sortir de ce scrutin. Avec des luttes à trois, voire à quatre, dans nombre de circonscriptions, et avec en plus un électorat de plus en plus volatil dont les réactions sont désormais imprévisibles (voir l'élection fédérale!), on ne peut plus jurer de rien...