C'est lundi que naîtra cet étrange bébé baptisé la CAQ, fruit des amours de François Legault et de Charles Sirois -tiens, signe des temps, ce sera une famille à deux papas!

Bonjour les caquistes!

Dans le caquelon où mijotera le programme de la CAQ, on trouvera un peu de PQ, un peu de PLQ et un peu d'ADQ, bref de quoi cacarder longtemps, du moins tant que les califes des caquistes ne capoteront pas sur les cactus de la cacophonie ambiante. Mais fions-nous au caucus caquiste pour calfeutrer les canalisations, canarder les canailles, cannibaliser la capitale et rabattre le caquet aux caciques calamiteux.

Les fondateurs de la Coalition pour l'Avenir du Québec, dite la CAQ, préfèreraient que le bon peuple les désigne sous l'appellation, plus distinguée il est vrai, de «coalisés». Cela n'arrivera pas. Le bon peuple a de la suite dans les idées. On dit péquiste, communiste, riniste, bloquiste, socialiste, frontiste, castriste, réformiste, adéquiste, mitterrandiste, maoïste, trotskyste, on dira caquiste.

D'ailleurs, «coalisés», qu'est-ce que ça veut dire? Ce mot est étranger au lexique politique québécois, pour l'excellente raison que les coalitions ont été à peu près absentes de notre histoire, le seul exemple contemporain étant la coalition avortée des trois partis d'opposition fédéraux en 2008, laquelle vécut ce que vivent les roses et se fana avant même d'éclore.

En outre, il serait fautif de désigner la CAQ comme une «coalition», car l'expression implique une alliance entre des groupes distincts. Comme mouvement, la CAQ pouvait être une coalition (de fédéralistes, de souverainistes, de péquistes désenchantés et de libéraux déçus, et tutti quanti), mais une fois transformée en parti politique, la CAQ devient une entité organique, dont toutes les composantes ont été intégrées. On ne peut pas se coaliser avec soi-même!

Les géniteurs de la CAQ auraient dû trouver un autre nom, cela leur aurait simplifié la vie et facilité le marketing du bébé. Hélas, les deux papas étaient plus forts en chiffres qu'en sémantique, d'où ce manque d'imagination qui les forcera à supporter que leur bébé soit affublé d'un diminutif déplaisant.

Le nouveau parti aurait pu s'appeler, par exemple, le «Parti de l'Avenir du Québec», ou PAQ, comme pack de bière. Cela aurait eu un cachet de chaude familiarité. Ou alors le «Parti ni souverainiste ni fédéraliste», auquel cas on l'aurait doté du coquet diminutif de «Nini». On aurait alors parlé des «ninistes» ... au risque que des fâcheux les appellent les nihilistes.

Il faut dire que la CAQ n'est pas le premier parti politique à rater son baptême. On se souviendra de l'éphémère «Parti national populaire» de Jérome Choquette, dont les membres furent instantanément désignés sous le vocable disgracieux de «pénépistes» ... un mot dont les badauds s'amusèrent à retrancher cinq lettres, ce qui éleva le simple membre du PNP au niveau du membre viril.

René Lévesque lui-même n'y échappa pas, et c'est en bougonnant qu'il sortit du baptistère. Son sens démocratique répugnait à confisquer le nom du Québec pour le parti qu'allait engendrer le Mouvement souveraineté-association, mais au grand dam de Lévesque, c'est la formule de son cofondateur Gilles Grégoire qui l'emporta auprès des délégués.

Au début, «péquiste», ça sonnait drôle, je dirais même que ça faisait dur. Nos amis français s'en moquaient allègrement, car le diminutif du papier hygiénique, en France, est «p.q.» pour «papier-cul».

Et puis on s'est habitué. On s'habituera aux caquistes tout comme on s'habituera au caquetage du caucus caquiste dans la caque surchauffée de l'Assemblée nationale.