La vidéo sur la «supermamie» a fait le tour du monde. L'autre jour, à Northampton (Angleterre), deux taupins étaient en train de démolir la vitrine d'un bijoutier à coup de masse. En plein jour, et sous le regard de badauds qui ne bougeaient pas. Quand survint une petite bonne femme, une retraitée de 71 ans en manteau rouge... qui se mit à taper sur les bandits avec son sac à main. Ces derniers prirent leurs jambes à leur cou!

La vidéo sur la «supermamie» a fait le tour du monde. L'autre jour, à Northampton (Angleterre), deux taupins étaient en train de démolir la vitrine d'un bijoutier à coup de masse. En plein jour, et sous le regard de badauds qui ne bougeaient pas. Quand survint une petite bonne femme, une retraitée de 71 ans en manteau rouge... qui se mit à taper sur les bandits avec son sac à main. Ces derniers prirent leurs jambes à leur cou!

Cela me rappelle deux autres histoires, dont l'une concerne ma propre mère. Des histoires qui montrent que les petites vieilles peuvent être drôlement téméraires.

Ainsi, Alice Dysart, 80 ans. Depuis la mort de son mari, elle habite seule sa grande maison de ferme du Nouveau-Brunswick. Un soir de décembre dernier, alors qu'elle s'apprêtait à se mettre au lit, elle entend un bruit de verre cassé dans la cuisine. C'est un intrus qui tente de pénétrer par la porte d'en arrière.

Au lieu de prendre la poudre d'escampette par la porte d'en avant et de courir se réfugier chez le voisin (c'est ce que j'aurais fait!), Mme Dysart se précipite vers la cuisine pour voir qui a l'outrecuidance d'envahir son intérieur, mais comme il fait nuit, elle ne le voit pas. Tout en hurlant, elle essaie de repousser l'intrus, qui est alors en train de défoncer la porte après avoir brisé la vitre. Elle s'empare d'une fourche qui traînait dans la cuisine, et donne de furieux coups de fourche à travers la vitre brisée, sans trop savoir si elle atteint l'intrus... lequel va finalement lâcher prise et s'enfuir dans la nuit.

Ma mère, maintenant. À l'époque, elle devait avoir 85 ans. Veuve, elle vivait seule dans son appartement.

Un matin, alors qu'elle sort en robe de chambre de sa salle de bains, elle aperçoit un homme qu'elle décrit comme «un grand type noir» debout au beau milieu du salon. (Comme la serrure n'avait pas été forcée, nous en déduirons plus tard que ma mère avait mal fermé sa porte après avoir ramassé Le Devoir et La Presse que le portier y déposait chaque matin.)

De l'endroit où elle se trouve quand elle aperçoit l'intrus, ma mère est à deux pas de la porte d'entrée. Mais au lieu de sortir de son appartement à la vitesse grand V (comme je l'aurais fait!), ma mère - cinq pieds un pouce, 90 livres - interpelle l'intrus: «Mais qu'est-ce que vous faites ici?» Textuel.

En entendant ma mère l'interpeller de son ton impératif, il se retourne, complètement saisi. Et se dirige rapidement vers la porte. Mais ce faisant, il doit passer devant ma mère... laquelle l'accroche par la manche de son coupe-vent en répétant sa question. Le garçon se dégage et s'enfuit.

En entendant ce récit, j'étais atterrée. «Tu aurais dû sortir! Te sauver, tout de suite ! Et en plus, tu l'as accroché par la manche? Il aurait pu te renverser, te poignarder...»

Mais ma mère s'obstinait: «Je voulais savoir comment il était entré et qu'est-ce qu'il faisait chez moi ! En plus, ça m'intriguait qu'il se soit rendu jusqu'au 5e étage.»

La famille en a été quitte pour une bonne frousse à retardement, en imaginant tout ce qui aurait pu se produire si l'intrus avait été violent. Mais mon indomptable mère paraissait assez fière d'elle et se moquait de notre émoi. «Mon intuition me disait que ce garçon n'était pas dangereux, j'étais sûre qu'il ne me ferait pas de mal», disait-elle avec aplomb. Mother knows best...