C'est avec indignation que Madame D. a vu Me Anne-France Goldwater, forte de sa victoire dans la cause de «Lola», se présenter sur toutes les tribunes comme la championne des femmes appauvries par la rupture d'une union de fait.

C'est avec indignation que Madame D. a vu Me Anne-France Goldwater, forte de sa victoire dans la cause de «Lola», se présenter sur toutes les tribunes comme la championne des femmes appauvries par la rupture d'une union de fait.

Mme D. a goûté à la médecine de Me Goldwater... en sens inverse, dans des différends où l'avocate représentait son ex-conjoint - un professionnel millionnaire.

Durant les 25 ans qu'avait duré l'union, Mme D. avait travaillé à temps partiel pour s'occuper des deux enfants du couple, à un salaire maximal de quelque 15 000$ par année. Lorsque survint la rupture, elle s'est retrouvée «avec (son) petit baluchon d'étudiante», 50 000$ issus d'un REER et la moitié d'une luxueuse maison... qu'elle n'aurait jamais eu les moyens de racheter si sa mère ne lui avait donné sa part d'héritage.

Entendons-nous. On ne reprochera pas à Me Goldwater de défendre qui elle veut, encore moins de le faire contre rémunération. Ce qui cloche, ici, c'est que Me Goldwater a toujours proclamé qu'elle se battait pour les femmes les plus vulnérables de la société.

Or, on tique en constatant que pendant deux ans, Me Goldwater a déployé ses indéniables talents pour forcer Mme D. à payer le plus cher possible pour racheter la maison, et à recevoir le plus petit montant possible pour la pension aux enfants. S'agissant d'une femme qui n'était revenue à temps plein sur le marché du travail qu'à 43 ans et qui se battait avec les moyens du bord contre un homme riche, à la carrière florissante et au train de vie enviable, n'était-ce pas exactement le type de cas qui aurait justifié un minimum de compassion de la part d'une féministe engagée?

Quand vint le temps de négocier le prix de rachat de la maison, en 2004, Me Goldwater négocia énergiquement pour obtenir le prix le plus élevé possible... pour une maison où vivaient les deux enfants du couple dont la mère avait alors la garde complète. Mme D. s'en tira en prouvant qu'une maison similaire avait été vendue au prix qu'elle avait elle-même suggéré. «Mon ex réclamait 50 000$ de plus, et Me Goldwater l'encourageait.»

En 2006, son ex-conjoint voulut réduire de moitié le montant de la pension alimentaire aux enfants. L'affaire aboutit en Cour supérieure. Mme D. se représenta elle-même, les avocats qu'elle avait contactés ayant tous reculé à l'idée d'affronter une «pit-bull» (dixit Mme D.) telle que Me Goldwater.

Le 6 décembre 2006, le juge Gilles Hébert donna raison à Mme D. en maintenant la pension alimentaire à son niveau antérieur.

«Me Goldwater s'ingérait constamment dans ma vie privée», dit Mme D. Elle alléguait notamment que le nouveau compagnon de Mme D. avait contribué au rachat de la maison bien que la provenance de l'argent (héritage, emprunt ou don) eût été une question non-pertinente. L'avocate a aussi tenté d'impliquer ce compagnon dans la cause concernant la pension alimentaire, alors qu'il s'agissait d'une question ne regardant que les parents et que Mme D. n'avait jamais réclamé de pension pour elle-même.

«Me Goldwater a même envoyé un subpoena à mon compagnon alors qu'elle savait qu'il devait entrer le jour même à l'Institut de Cardiologie pour une opération à coeur ouvert!»

Mme D. a eu le sentiment d'être victime de tactiques d'intimidation de la part de Me Goldwater. On n'en jugera pas ici, la lecture des documents indiquant que la situation était empreinte des deux côtés d'une lourde charge d'acrimonie.

Mme D. ne reproche aucunement à Me Goldwater «d'aller où il y a de l'argent». Ce qu'elle ne supporte pas, c'est «l'hypocrisie».