On a beau dire que les jeux ne sont pas faits puisqu'il reste encore trois ans avant le prochain appel aux urnes, le sort du Parti libéral du Québec semble scellé.

On a beau dire que les jeux ne sont pas faits puisqu'il reste encore trois ans avant le prochain appel aux urnes, le sort du Parti libéral du Québec semble scellé.

Le dernier sondage Léger Marketing, ajouté à plusieurs autres de la même eau, représente une descente aux enfers pour le gouvernement, en même temps qu'une spectaculaire répudiation du premier ministre. Un taux d'insatisfaction de 76% - un record probablement sans précédent. Onze points d'écart en faveur du PQ. Pauline Marois, qui n'a jamais été très populaire, dépasse maintenant par sept points M. Charest au chapitre de la crédibilité personnelle, tandis que seulement 18% des Québécois choisiraient encore le premier ministre.

Même dans la région de Montréal, bastion libéral par excellence, le PQ est en avance, avec 40% d'appui contre 36% aux libéraux! Cela veut dire que les appuis du PLQ chez les francophones montréalais doivent frôler le degré zéro!

Le PLQ a d'autres raisons de s'inquiéter. Car dans l'hypothèse (fort probable) où M. Charest tirerait sa révérence d'ici la prochaine échéance électorale, il est loin d'être évident qu'il pourrait être remplacé par une personnalité susceptible de faire remonter la cote du parti au sein de l'électorat francophone. Une bonne partie de l'électorat non francophone votera toujours aveuglément pour n'importe quel parti qui ne sera pas le PQ «séparatiste», mais sans l'appui massif des régions, le Parti libéral sera voué à la défaite.

Or, parmi les figures de proue du gouvernement Charest, on ne voit guère se profiler un successeur crédible à M. Charest. Quelques ministres féminines ont fait un assez bon boulot (Nathalie Normandeau, Michelle Courchesne ou Line Beauchamp), mais aucune ne ferait le poids. Un nom parfois évoqué est celui du ministre du Développement économique, Raymond Bachand, un homme sérieux, mais qui manque totalement de charisme et qu'on imagine mal dans un rôle de leader. Il subirait probablement le sort des frères Johnson, premiers ministres éphémères battus au premier test électoral.

Le PLQ pourrait en être réduit à chercher une personnalité de l'extérieur, mais il est de plus en plus difficile d'intéresser des gens d'envergure à la politique active, sans compter que l'idée de reprendre en mains un parti impopulaire, usé par trois mandats sans éclat, n'aura rien de particulièrement attrayant.

Le leadership politique est une profession (ou un art?) qui requiert une certaine expérience en politique active. On voit ce qui arrive aux néophytes comme Michael Ignatieff... Aussi l'absence de poids lourds au sein de la députation libérale actuelle annonce-t-elle des jours difficiles pour les libéraux. Il n'y aura pas de sauveur à l'horizon. Dans le meilleur des cas de figure, le PLQ ne pourra dénicher qu'un honnête repreneur.

Par contre, les familiers de l'Assemblée nationale signalent que le PQ peut compter, lui, sur une relève intéressante grâce à de jeunes députés dynamiques comme Stéphane Bédard ou Bernard Drainville. Mais si cela est de bon augure pour l'avenir du parti, cela a peu d'importance aujourd'hui, car Pauline Marois est bien en selle, et ne verra pas son leadership remis en question d'ici aux prochaines élections - et cela, seulement dans l'hypothèse où elle ne réussirait pas à mener son parti au pouvoir.

Pour l'instant, en tout cas, le PQ a le vent dans les voiles. Après trois mandats libéraux, la population sera normalement portée à redonner sa chance à l'opposition officielle, à plus forte raison si le PQ s'abstient de ramener à la surface l'irritant référendaire. L'alternance n'est-elle pas la règle d'or de notre système politique?