Il y a de ces entreprises qui se développent et progressent dans l'ombre, sans jamais trop faire parler d'elles, jusqu'au moment où, subitement, elles apparaissent toutes scintillantes sur les écrans radars des financiers en quête de nouveautés. C'est le cas de Savaria, fabricant de plateformes élévatrices et d'ascenseurs résidentiels et commerciaux, dont le titre boursier a tout simplement explosé de 500% au cours des cinq dernières années.

C'était hier l'assemblée annuelle de Savaria, une entreprise dont j'ignorais l'existence jusqu'à ce que mon patron me demande, hier matin, si cela vaudrait la peine d'aller y faire un tour. Après avoir vérifié les derniers états financiers de l'entreprise, je me suis dit que ça en valait la peine, en effet.

Et je n'étais pas seul à manifester pareil intérêt. À l'issue de l'assemblée des actionnaires, de jeunes banquiers faisaient la queue pour dire un mot à Marcel Bourassa, PDG et principal actionnaire de l'entreprise.

«Je ne connaissais pas votre compagnie, mais je l'ai vue passer récemment sur mon radar et vous êtes vraiment très dynamique. On aimerait ça faire affaire avec vous», a poliment suggéré l'un d'entre eux en refilant sa carte à Marcel Bourassa.

L'entreprise a des usines à Montréal, à Toronto et dans la province du Guandong, en Chine, où elle fabrique des produits pour faciliter la vie des personnes qui souffrent de problèmes de mobilité: sièges d'escaliers, plateformes élévatrices verticales, ascenseurs résidentiels et commerciaux. Elle fabrique aussi des véhicules adaptés pour handicapés.

L'an dernier, Savaria a réalisé un chiffre d'affaires de 83 millions de dollars et dégagé un bénéfice net de 6,4 millions. À son premier trimestre de 2015, Savaria affiche des ventes de 20 millions, en hausse de 14% par rapport à l'exercice précédent, et un bénéfice net de 1,5 million, en hausse de 17,6%.

Pour l'année en cours, Marcel Bourassa prévoit que son entreprise va réaliser des revenus de 92 millions et un bénéfice avant impôts, intérêts et amortissement de 14 à 15 millions.

«Ça va bien dans toutes nos divisions. Et on a complété au cours du dernier trimestre un deuxième placement privé de 15 millions en moins d'un an. On a donc 30 millions dans nos coffres pour réaliser notre plan d'action qui prévoit, entre autres, l'implantation d'une nouvelle usine en Californie», m'explique Marcel Bourassa.

Un consultant entrepreneur

Après avoir terminé ses études à HEC, Marcel Bourassa est devenu consultant, mais il caressait l'ambition de développer sa propre entreprise avec une vision de long terme.

C'est ainsi qu'il a fait l'acquisition, en 1989, de la firme Pierre Savaria, à Laval, qui fabriquait des plateformes élévatrices. Une opération modeste, avec quatre employés et un chiffre d'affaires de 200 000$.

«J'ai embauché des ingénieurs et j'ai développé un réseau de détaillants au Canada et aux États-Unis. En 2002, on a fait une émission d'actions et, en 2005, on a acheté Concord Elevator, une entreprise de Toronto qui fabriquait des ascenseurs résidentiels haut de gamme. Ça nous a vraiment donné un nouveau souffle», relate l'entrepreneur.

Aujourd'hui, Savaria fabrique et installe 120 ascenseurs par mois, partout en Amérique du Nord.

Marcel Bourassa ne peut réprimer un grand rire lorsqu'il raconte qu'il a financé cette transaction avec un bloc de 3 millions d'actions de Savaria.

«À l'époque, nos actions valaient 1$. Les vendeurs trouvaient que je ne payais pas cher, mais je leur ai dit: «Vous allez voir, nos actions vont valoir cher un jour.» Aujourd'hui, leur bloc vaut plus de 15 millions», souligne-t-il.

Le réveil boursier de Savaria s'est fait progressivement, mais il s'est accéléré au cours des trois dernières années, le titre ayant fait un bond de 1,20$ à 5,40$.

«Jusqu'en 2010, il n'y avait pas de transactions sur le titre. Puis, des analystes ont commencé à s'intéresser à nous parce qu'ils ont compris que nos activités sont directement liées aux effets du vieillissement de la population. On est rendus avec une capitalisation boursière de 170 millions», constate l'entrepreneur.

Savaria réalise 60% de ses revenus aux États-Unis, mais elle s'impose lentement en Chine où sont fabriquées 55% de toutes les pièces qui composent ses produits.

«On vend en Chine, principalement nos plateformes verticales pour les gares, mais on va développer ce marché qui, lui aussi, va bientôt vivre un important vieillissement de sa population», prévoit l'entrepreneur.